Le diplôme d’interne souffre d’un manque de lisibilité

L’année d’internat est éprouvante, en termes de travail, mais aussi d’un point de vue financier, puisqu’elle n’est pas rémunérée. Les internes bénéficient-ils malgré tout d’un bon “retour sur investissement” ? Il est vrai que le diplôme obtenu ouvre l’accès à des postes réservés aux vétérinaires expérimentés, en structure universitaire comme en clientèle libérale (en équine pure, par exemple). Il favorise l’évolution vers la spécialisation ou la pratique d’une activité prédominante, voire exclusive, dans un secteur ciblé (la chirurgie, l’imagerie médicale, etc.)^*.

Mais la valorisation du diplôme n’est pas toujours facile, d’abord parce que sa mise en place est récente (moins de dix ans). Sur le terrain, de nombreux praticiens – futurs employeurs ou associés des internes – ne cernent pas encore bien à quoi il correspond et de quelles compétences il atteste.

Ils ne sont pas non plus nécessairement prêts à offrir un salaire supérieur à celui qu’ils proposent à un vétérinaire fraîchement diplômé. Depuis quelques mois, l’internat est toutefois valorisé comme une expérience professionnelle par la convention collective nationale des vétérinaires praticiens salariés. Son annexe 1 (« classification des emplois », qui précise les échelons et leur définition) explique ainsi que l’expérience professionnelle est calculée en période d’emploi à partir des certificats de travail. Mais elle précise, depuis sa modification du 25 octobre 2010, que « l’expérience professionnelle peut également être acquise par les vétérinaires diplômés et inscrits à l’Ordre effectuant un internat dans une école vétérinaire ».

Un risque d’amalgame avec les formations privées

L’internat subit par ailleurs la concurrence des formations dispensées au sein des cliniques privées. De nombreux établissements vétérinaires proposent en effet aux jeunes diplômés une formation pratique, baptisée (abusivement) « internat privé », « externat », « stage » ou autre. Cette formation continue pratique en structure privée est aujourd’hui mal encadrée. Outre l’amalgame avec l’internat vétérinaire tel qu’il est prévu dans la réglementation, elle présente une hétérogénéité dans son contenu et sa qualité, pose d’éventuels problèmes d’assurance et s’autorise parfois des entorses au droit du travail. Des réflexions sont en cours au sein de la profession pour faire évoluer la situation.

Au travers de leur année de formation, les internes développent des liens privilégiés avec les enseignants des écoles vétérinaires. Ceux-ci peuvent les épauler dans la recherche de leur premier poste sur le terrain. Et par la suite, la collaboration perdure : les anciens internes hésitent souvent moins que d’autres à solliciter l’avis des enseignants lorsqu’ils rencontrent des cas déroutants.

• * Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1444 du 1^er/4/2011, en pages 36-37.