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Auteur(s) : Françoise Sigot
Depuis 2005, à travers la “mission animalité urbaine”, le grand Lyon propose de multiples activités autour de l’éducation canine et commence plus largement à travailler sur la place du vivant en ville, spécialement les animaux.
Est-ce en raison de son patronyme, emprunté au roi des animaux Ou plus sûrement à la ténacité de quelques défenseurs de la cause animale ? Toujours est-il qu’à Lyon, l’animal a sa place. Ainsi, en 2005, le grand Lyon, qui regroupe cinquante-huit communes totalisant un peu plus de cinq millions d’habitants, a créé une “mission animalité urbaine”. Son objectif ? Faciliter l’intégration des animaux dans la ville et au-delà, placer la question du vivant au centre des politiques urbaines. C’est la raison pour laquelle, si le chien tient une place particulière au sein des actions de cette mission, il ne constitue pas, loin de là, le seul champ de travail.
« Il faut cesser d’être cloisonné dans la façon de concevoir les espaces urbains. Je pars du principe que la ville sans espaces verts ne fonctionne pas, pas plus que les espaces verts ne fonctionnent sans les animaux, donc nous travaillons pour un meilleur partage des espaces entre les habitants et tous les animaux, ceux de compagnie bien entendu, mais aussi les insectes et autres oiseaux », argumente Geneviève Bernardin, responsable de la “mission animalité urbaine”.
Pour asseoir son action, elle a pris contact, avant même la création de la mission, avec l’école vétérinaire de Lyon. « Nous avons ici l’une des quatre écoles vétérinaires de France, il va de soi que notre travail ne pouvait pas se faire sans elle », souligne-t-elle. Désormais, le partenariat est bien établi. « Cette mission est fortement soutenue par notre direction, qui est convaincue que le vétérinaire a un véritable rôle à jouer dans l’insertion de l’animal dans la ville. Nous réfléchissons d’ailleurs à la création d’une chaire d’enseignement dévolue à l’animal en ville. Mais déjà, nous sensibilisons les étudiants à ce rôle, notamment à travers le club “animalité urbaine” qui travaille pour faire de notre campus un terrain de référence pour la cohabitation harmonieuse entre les hommes et tous les animaux », explique Catherine Escriou, enseignante à VetAgro Sup.
Des scientifiques se joignent aussi régulièrement aux travaux de la mission, notamment à l’occasion du Symposium international sur le vivant en ville, coorganisé avec VetAgro Sup, et dont la troisième édition aura lieu à l’automne prochain. Cette rencontre vise à partager des expériences d’expérimentations et des initiatives locales venues du monde entier fondées sur le “bien-vivre ensemble”.
En marge des réflexions, la “mission animalité urbaine” est le plus souvent dans l’action. Et là, le chien a la cote ! « A travers les diverses activités que nous proposons, nous souhaitons donner une autre image de l’animal, notamment du chien, pour qu’il soit considéré sous un autre angle que celui des déjections », ambitionne Geneviève Bernardin.
L’une des premières initiatives prises par la mission a donc été d’aménager la ville. Plus de vingt-cinq espaces d’ébats pour chiens – des lieux clos où les animaux peuvent aller librement sous la surveillance de leurs maîtres – ont été créés. De même, une quinzaine d’espaces d’hygiène sont désormais opérationnels et une cinquantaine de distributeurs de sacs pour déjections canines installés. Régulièrement, les bénévoles sillonnent les rues avec un élu chargé du cadre de vie à la rencontre des propriétaires de chiens pour distiller des conseils d’éducation et de propreté. De plus en plus de commerçants acceptent d’installer, dans leur magasin, des distributeurs de sachets de ramassage des déjections.
Deux fois par semaine, les propriétaires de chiens sont conviés gratuitement à une “balade canine” en compagnie d’un éducateur canin et, souvent, d’un enseignant et/ou d’étudiants de VetAgro Sup. Les futurs vétérinaires sont également au cœur de l’action “En vacances avec mon chien”. Cette initiative est venue de la région, qui a lancé un appel à projet pour faire naître des actions permettant aux étudiants des grandes écoles de faire profiter de leur savoir les enfants des quartiers défavorisés. La “mission animalité urbaine” et VetAgro Sup sont étroitement associées à ce projet.
Durant les vacances, pendant une semaine, les enfants viennent donc sur le campus de l’école de Lyon avec leur chien. Là, les étudiants les sensibilisent à la connaissance de cet animal, à sa gestion quotidienne et à son accompagnement, sans prise de risque et sans faire courir de danger à autrui. Et le succès est au rendez-vous. Il en est de même pour le module “En ville avec mon chien”, lui aussi destiné aux enfants. Mais cette fois, ce sont trois professionnels canins accompagnés de chiens éduqués qui se rendent à l’école, pour amener progressivement l’enfant au contact du chien.
Autant d’initiatives qui, peu à peu, font évoluer les regards. Mais convaincue que « la place de l’animal est un champ énorme », Geneviève Bernardin souhaite aller encore plus loin. Et surtout plus en amont. L’idée est donc de capitaliser sur le travail des scientifiques, notamment ceux de VetAgro Sup qui est partie prenante dans plusieurs études sur ce thème, pour convaincre les élus et les urbanistes de prendre en compte l’animal dès la genèse des nouveaux projets urbains.
Que le soleil brille, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, ils sont de plus en plus nombreux à se donner rendez-vous le mercredi soir ou le samedi matin pour une “balade canine”. Et c’est parti pour deux heures de déambulation dans les rues de la ville, en compagnie d’un éducateur canin et, souvent, d’un enseignant de VetAgro Sup et d’étudiants. « L’un des facteurs de bien-être du chien est d’avoir des contacts avec ses congénères. Or, souvent les maîtres ont peur de laisser leur chien interagir avec un autre. Ces balades ont donc un but de socialisation des chiens et elles permettent également de faire changer le regard des passants, qui sont interpellés par notre groupe, nous interrogent et parfois nous rejoignent, car ces promenades sont gratuites et ouvertes à tous, y compris ceux qui n’ont pas de chien », raconte Catherine Escriou.
Chaque sortie se termine dans un parc de la ville où les chiens peuvent librement jouer sous le regard de leur maître et de l’éducateur canin, qui encadre les balades et conseille les propriétaires. « Je suis venue à une balade parce que mon chien avait été abandonné et maltraité et qu’il était très craintif lorsque je l’ai adopté. Je souhaitais donc avoir des conseils et le mettre en relation avec d’autres chiens », explique l’une des participantes régulières de la sortie du mercredi soir. A force de promenades, ce fox terrier décrochera peut-être soncertificat de sociabilité et d’ambassadeur del’animalité urbaine.Ce “diplôme” est délivréaux chiens (et à leurs maîtres) qui fréquentent une ou des activités de la “mission animalité urbaine” pendant un certain temps, ce qui les rend aptes à vivre avec humains et animaux en toute quiétude.
Ce précieux sésame pourrait le devenir encore plus, car l’ambition de la mission est de faire de ce certificat un titre permettant d’accéder aux transports en commun. « Nous sommes en train de réaliser une étude pour mesurer l’impact de la présence de chiens éduqués au sein des transports en commun, aujourd’hui interdits aux animaux à l’exception des chiens accompagnateurs. Les premiers résultats semblent positifs pour les voyageurs et pour l’ambiance générale au sein des rames de métro ou de tramway. Si cela se confirme, nous allons travailler avec l’autorité organisatrice des transports en commun pour qu’elle autorise l’accès des métros, bus et tramways aux chiens diplômés. Par exemple, en garantissant que ces diplômes ne seront pas des acquis, mais que les chiens seront régulièrement revus par un professionnel », anticipe Geneviève Bernardin.
De quoi doper la fréquentation des balades canines, qui réunissent déjà plusieurs dizaines de chiens chaque semaine.
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