L’évaluation des systèmes de surveillance des maladies animales est un enjeu majeur

L’International Conference on Animal Health Surveillance (ICAHS) s’est déroulée à Lyon, du 17 au 20 mai dernier. Cette première édition a été l’occasion d’échanger sur les travaux en cours des différents organismes de recherche, et de contribuer à améliorer la coordination des systèmes de surveillance par une meilleure connaissance réciproque des acteurs. La conception, la mise en place et l’évaluation des méthodes de suivi, ainsi que la communication, ont été les fils conducteurs des présentations.

Du téléphone portable aux modélisations par arbres décisionnels

Parmi les nombreuses techniques de surveillance épidémiologique, Preben Willeberg (université de Californie) a présenté le système Internet BioPortal⁽¹⁾ui permet de suivre en temps réel, sur la Toile, l’évolution spatiale et temporelle d’une affection donnée. Une soixantaine de maladies sont ainsi répertoriées.

De son côté, Jean-Baptiste Perrin (Anses de Lyon) a expliqué le système français de surveillance du bétail en temps réel par monitoring de la mortalité. Ce procédé utilise les données d’équarrissage pour révéler des évolutions anormales de mortalité, puis les mettre en relation avec des événements de terrain. En 2007, un fort pic de mortalité a ainsi été mis en évidence dans le nord de la France, corrélé avec l’arrivée du sérotype8 de la fièvre catarrhale ovine.

D’autres méthodes révèlent rapidement et à faible coût des situations à risque. Ainsi, au Canada, un système de surveillance syndromique utilise les résultats des tests de laboratoire. Aux Etats-Unis, l’apparition de nouvelles maladies est révélée par l’exploitation des données d’abattoir. Dans le cadre d’affections à faible prévalence, l’un des challenges actuels est de prouver le statut indemne d’une zone. Dans ce cadre, Daniela Hadorn (Office vétérinaire fédéral suisse) a montré l’intérêt d’une modélisation par des arbres décisionnels (approche probabiliste), en prenant l’exemple de la rhinotrachéite infectieuse bovine.

Pour les pays à faibles moyens techniques, des méthodes originales ont été exposées, comme la surveillance syndromique par téléphone portable au Kenya, présentée par Joséphine Walker (Kemri/CDC⁽²⁾), ou encore l’utilisation de la méthode statistique de capture/recapture pour le contrôle de la fièvre aphteuse au Cambodge, illustrée par Timothée Vergne (Anses). Cette dernière méthode améliore la qualité d’un système de surveillance existant et permet notamment de minimiser les problèmes de sous-détection, selon l’intervenant.

Par ailleurs, la bonne conception d’une étude peut être évaluée par son niveau de confiance. La surveillance fondée sur le risque permet d’augmenter ce paramètre en diminuant les coûts globaux : il s’agit d’un échantillonnage aléatoire stratifié. Celui-ci est obtenu par tirage au sort au sein de strates préalablement définies dans la population, selon un risque hypothétique (âge de l’individu, zone à risque, etc.) et applicable à tous les niveaux, du cheptel au pays. Ce système a été utilisé par Paul Bessel (université de Glasgow) afin de maîtriser la tuberculose en Ecosse.

Enfin, les méthodes qui permettent d’évaluer un procédé de surveillance ont été abordées. Dans ce cadre, Pascal Hendrikx (Anses de Lyon) a présenté l’outil Oasis, avec l’exemple de la brucellose en France. Facile à utiliser, il permet d’identifier les forces et les faiblesses d’un système de surveillance afin de fournir des recommandations pratiques pour son amélioration.

La rentabilité et la faisabilité des solutions proposées sont à prendre en compte

Les aspects politique et législatif de la surveillance sanitaire ont été évoqués lors de la deuxième session de la conférence. Cette surveillance permet en effet de faciliter le libre-échange. L’industrie, représentée par Lis Alban (Conseil danois pour l’agriculture et l’alimentation), a rappelé l’importance de la rentabilité et de la faisabilité des solutions proposées par les scientifiques. De ce fait, l’analyse des institutions et des composantes humaines par les sciences sociales peut améliorer la performance des systèmes existants.

La conférence a conclu au renforcement nécessaire des systèmes de surveillance et à l’amélioration de la coopération entre les scientifiques, les politiques et les industriels afin de mieux maîtriser l’émergence et le contrôle des agents pathogènes.

Forte de ce premier succès, la seconde édition de l’ICAHS se tiendra dans trois ans.

• (1) http://fmdbioportal.ucdavis.edu/

• (2) Kenya Medical Research Institute/centers for disease control.