Dermatologie
Formation continue
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Valérie Delteil
A partir de cas cliniques, Pascal Prélaud revient sur quelques idées préconçues en dermatologie.
Une chatte stérilisée âgée de trois ans est présentée pour alopécie tronculaire associée à une chute de poils, avec des manchons bruns à leur base. Les raclages et l’examen à la lampe de Wood sont négatifs. Le trichogramme montre des manchons pilaires qui expliquent la couleur brune des poils. L’histologie met en évidence une folliculite murale lymphoplasmocytaire, une maladie dysimmunitaire qui peut être associée à une rétrovirose, à une néoplasie, à des allergies ou être idiopathique. Si le dépistage du virus de l’immunodéficience féline et la recherche de néoplasie se révèlent négatifs, le chat peut être traité par de la ciclosporine (à la dose de 25 mg/j jusqu’à la guérison, puis en prises régulièrement espacées).
Un chien est référé pour des lésions nasales croûteuses et ulcérées, qui évoluent depuis deux ans, traitées sans succès avec des applications locales de triamcinolone. Le diagnostic différentiel inclut un lupus cutané, un carcinome et une dermatophytie. Une biopsie est à effectuer. Les corticoïdes doivent alors être arrêtés au moins quinze jours avant, au risque de ne voir quasiment que les effets secondaires de ces derniers. L’histologie indique un lupus cutané. Plusieurs traitements sont envisageables : un traitement immunosuppresseur classique par voie systémique (mais les effets secondaires sont souvent importants) ou de la doxycycline aux doses habituelles ou faibles pendant trois à cinq mois, ou encore une application locale une à deux fois par jour de tacrolimus à 0,1 %. Dans tous les cas, un écran total doit être appliqué quotidiennement. Les poils repoussent généralement en quelques mois.
« La meilleure molécule par voie systémique avec une autorisation de mise sur le marché (AMM) contre la démodécie est la milbémycine (Interceptor®). » Toutefois, Pascal Prélaud recommande d’augmenter les doses, pour une meilleure efficacité, à 2 mg/kg/j. Il déconseille aussi la moxidectine (Advocate®) aux posologies de l’AMM dans les formes généralisées de démodécie (meilleure efficacité en une application hebdomadaire) et l’association amitraz-métaflumizone (Promeris® Duo). Hors AMM, l’ivermectine (Ivomec®) à la dose de 0,6 mg/kg/j « est très efficace, à condition de respecter les précautions d’usage et de l’interdire chez les races à risques ». La démodécie n’est pas contagieuse et les congénères n’ont pas à être traités, mais les deux parents doivent être, si possible, retirés de la reproduction « quoiqu’en dise l’éleveur ».
Les alopécies canines (symétriques ou non) ne sont pas forcément liées à une endocrinopathie. Elles peuvent aussi être causées par une génodermatose, une dermatophytie, une démodécie, un lymphome cutané, une folliculite murale, etc. Le bon réflexe est d’effectuer d’emblée des biopsies cutanées en l’absence de symptômes généraux si les raclages sont négatifs. S’il existe des signes généraux, les examens de choix sont d’abord un examen biochimique (glycémie, phosphatases alcalines, transaminases, cholestérol) et des tests hormonaux.
Un bichon femelle stérilisée âgée de huit ans est présentée pour léchage de la racine du membre postérieur gauche depuis six mois avec pustules, alopécie, colorations des poils et prurit corticosensible. Avant d’envisager un diagnostic différentiel qui inclurait un prurit neuropathique ou un trouble du comportement, la chienne a été mise sous traitement antiparasitaire externe ainsi que son environnement, et placée sous antibiotiques pour lutter contre sa pyodermite. Aucun corticoïde ne lui a été prescrit et quatorze jours après, la coloration des poils et le léchage ont quasiment disparu. Une dermatite par allergie aux piqûres de puces peut donc avoir une localisation caudale, et parfois même être majoritairement unilatérale.
Des topiques corticoïdes (associés ou non à un antibiotique, passant ou non la barrière cutanée) prescrits pour le traitement d’un prurit localisé (comme un hot spot) peuvent générer des alopécies iatrogènes, voire une atrophie cutanée sévère, s’ils sont surdosés par le propriétaire. C’est pourquoi leur prescription ne doit pas être banalisée et le traitement suivi, surtout lors d’applications régulières au long cours.
Pascal Prélaud, diplômé ECVD, laboratoire Ceri (Paris).
Article rédigé d’après la conférence « Stop aux idées reçues en dermatologie », organisée par le Gedac (Afvac) à Paris, en avril 2011.
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