De nouvelles données remettent en cause l’origine du picage

L’ingestion de plumes est la motivation primaire du picage, d’après plusieurs études menées sur des lignées de poules sélectionnées pour leur picage fort, selon Werner Bessei⁽¹⁾. Alors qu’il est considéré depuis plusieurs décennies comme un trouble du comportement qui découlerait d’une absence de stimulation dans l’environnement, il est observé de la même façon chez les poules élevées sur des parcours couverts de litière ou de végétation, riches en capacités exploratoires. Des recherches ont donc été menées sur son origine, avec des lignées de poules pondeuses sélectionnées pour leur forte ou faible motivation pour ce type de conduite. Le critère de sélection est le nombre de picages vigoureux des plumes des congénères.

Les plumes auraient un effet physiologique bénéfique dans le tractus digestif

Des plumes ont été présentées, soit fixées, soit non fixées dans des coupelles en plastique ou des trous. Elles sont mangées de préférence lorsqu’elles sont proposées sur des coupelles et non fixées, donc facilement accessibles. Elles sont alors préférées à des copeaux de bois, des vers de farine, ou à la consommation d’objets ou de litière. Les taux de picage enregistrés sont les plus forts chez des poules âgées de dix-huit à vingt semaines. En revanche, l’inclusion de 10 % de plumes ou, dans une moindre mesure, de 10 % de cellulose dans leur alimentation jusqu’à la ponte, réduit le picage (^{voir tableau}). Ainsi, les animaux qui reçoivent des plumes ont le meilleur plumage, en raison d’un moindre picage, suivis par ceux qui consomment la cellulose, par rapport au groupe témoin.

Ces résultats confirment la théorie de Werner Bessei, selon laquelle « la motivation pour le picage est la consommation des plumes, plutôt que le comportement exploratoire. Elles auraient une fonction dans le système digestif, un point qui reste à approfondir ».

Les plumes auraient donc un effet physiologique bénéfique dans le tractus digestif, comme c’est le cas de la cellulose. Cependant, leur rôle reste à déterminer. Des études sont aussi à mener pour découvrir la raison de leur ingestion particulière par les poules à haute motivation de picage.

• (1) Les résultats ont été présentés lors des 9^e Journées de la recherche avicole, les 29 et 30 mars derniers à Tours.