E. coli de nouveau incriminé, cette fois en Aquitaine

Après les graines germées contaminées par E. coli O154 : H4 en Allemagne et les steaks hachés par E. coli O157 dans le nord de la France, à l’origine de diarrhées sanglantes et de cas de syndrome hémolytique et urémique (SHU)⁽¹⁾, la bactérie refait parler d’elle en Aquitaine. Au 28 juin 2011, seize personnes, résidant à Bègles et à Bordeaux, étaient hospitalisées dans la capitale girondine pour les mêmes symptômes. Les résultats bactériologiques de certains de ces patients confirment une infection par E. coli producteur de shiga-toxine, de souche O104 : H4 résistante à de nombreux antibiotiques, indique l’Institut de veille sanitaire. Ce dernier précise que cette souche présente les mêmes caractéristiques que celle à l’origine de l’épidémie survenue en Allemagne, en mai et juin derniers. Parmi les cas dits groupés, sept ont fréquenté, le 8 juin, un centre de loisirs de Bègles. Six d’entre eux y ont consommé des graines germées.

La contamination des graines elles-mêmes serait l’hypothèse la plus probable

D’après l’enquête épidémiologique, les graines proviennent d’un magasin de l’enseigne Jardiland, approvisionné par la société britannique Thompson & Morgan. Toutefois, la piste italienne est pointée du doigt. D’après le directeur du Jardiland, la marque « Thompson & Morgan a acheté les graines en cause en Italie », selon sa fiche de traçabilité. A l’époque de la crise allemande, l’Italie avait aussi été citée. Des prélèvements ont été effectués dans des sachets de semences de roquette, de fenugrec et de moutarde de la même marque et portant un numéro de lot identique à celui des graines consommées à Bègles. Des analyses sont en cours.

Compte tenu des informations recueillies, plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer la contamination de ces graines, indique Gilles Salvat, directeur de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) de Ploufragan. Il n’est pas exclu qu’une personne porteuse du germe (ayant peut-être séjourné en Allemagne) ait contaminé les graines au moment de la préparation du repas. La contamination par l’eau de germination ne peut pas non plus être écartée. Mais au regard de la similitude des souches retrouvées en Allemagne et en région bordelaise, l’hypothèse la plus probable est celle d’une contamination des graines à la base (E. coli pouvant y survivre), selon notre confrère. Pour en avoir la certitude, il faut faire germer les lots incriminés et y rechercher la bactérie. Mais un point demeure en suspens : le fournisseur italien est un grossiste qui a donc pu s’approvisionner auprès de plusieurs autres pays…

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1454 pp. 12-13, n° 1456 p. 21 et n° 1455 p. 14.