Entre nous
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Le mandat sanitaire défini il y a quelques dizaines d’années ne signifie plus grand-chose. Les opérations de prophylaxie systématique des maladies réglementées comme la rage, la fièvre aphteuse, la tuberculose, la brucellose, etc., ont été progressivement stoppées. Aujourd’hui, la fièvre catarrhale ovine a montré que les vétérinaires sanitaires ne sont considérés que comme de la main-d’œuvre, bonne pour effectuer une vaccination de masse sur un claquement de doigt, mais que l’on peut ensuite renvoyer sans ménagement. A l’avenir, le système ne fonctionnera plus : si une nouvelle vaccination collective obligatoire est décidée, la profession ne se mobilisera sans doute pas avec autant d’ardeur et de soumission.
Les praticiens traditionnels, comme nous, constituent encore aujourd’hui un maillage qui permet une surveillance efficace des maladies contagieuses. L’évolution du mandat sanitaire doit alors favoriser le maintien de ce maillage. Le mandat ne doit pas être déconnecté du terrain. Au contraire, le vétérinaire sanitaire doit être aussi celui qui intervient au quotidien, qui est appelé pour les urgences, et non un affairiste sous couvert de “conseils”.
Le développement de la réglementation a instauré de nouvelles obligations, comme les visites sanitaires et le bilan sanitaire d’élevage. Pour moi, le mandat sanitaire doit se confondre avec elles, afin de former un ensemble cohérent. Le bilan sanitaire est l’occasion de faire le tour complet de l’élevage et de s’intéresser à toutes les maladies, réglementées ou non. En toute logique, les opérations de prophylaxie devraient avoir lieu en même temps que la visite sanitaire.
J’exerce mon mandat sanitaire quasiment exclusivement dans le cadre de mon activité rurale, pour les visites sanitaires d’élevage, la prophylaxie collective, etc. En canine, les actes qui relèvent de ce mandat se limitent à la vaccination antirabique et à sa certification.
Mon principal reproche est son cadre trop strict. Ses dispositions ne laissent aucune liberté ni possibilité d’adaptation. A croire que le mandat sanitaire s’adresse à des personnes incapables de réfléchir et d’assumer leurs décisions. Il représente alors des contraintes avant tout. Même les formations qui y sont liées – et qui sont bien faites par ailleurs – manquent de souplesse dans leur organisation pratique (avec des horaires inadaptés à notre activité, par exemple). De plus, il est difficile de refuser d’être désigné comme vétérinaire sanitaire, même lorsqu’il s’agit d’un éleveur éloigné ou au comportement déplaisant.
En règle générale, je préfère intervenir comme praticien que comme vétérinaire sanitaire, notamment lors des missions de contrôle pour lesquelles notre rôle “policier” fausse nos rapports avec les éleveurs. J’ai du mal à juger et à reprocher des manquements à des personnes aussi adultes que moi.
Sur le plan financier, les choses sont inégales. La rémunération de la visite sanitaire ou des prélèvements en cas d’avortement me semble correcte. En revanche, les opérations de prophylaxie sont faiblement indemnisées au regard du temps passé, notamment lorsque la contention des animaux fait défaut. La facturation du temps perdu est difficilement envisageable. En outre, lorsque l’éleveur est en cessation de paiement, la prise en charge des factures qui correspondent aux opérations sanitaires devrait être prévue.
Le mandat sanitaire est un contrat reliant le vétérinaire à l’Etat (et inversement) pour gérer les risques collectifs liés aux maladies réglementées, avec un accent particulier porté sur celles qui représentent un danger pour la santé publique. Le vétérinaire sanitaire effectue les actes de prophylaxie sanitaire, mais il a aussi un rôle primordial d’épidémiosurveillance. Ce dernier est d’ailleurs insuffisamment reconnu et valorisé, notamment sur le plan financier. Car toute l’activité liée au mandat représente un véritable travail, qui mérite une rémunération. La vaccination contre la fièvre catarrhale ovine (FCO) en est un exemple : il n’y a pas de honte à ce que les vétérinaires aient pu gagner leur vie au travers des campagnes de vaccination.
Notre système sanitaire nous est envié à l’étranger. Mais cette crise de la FCO l’a fortement mis à mal. Alors qu’il avait tous les outils réglementaires et les avis scientifiques en main pour en faire une mission liée au mandat sanitaire, notre ministre de tutelle a tergiversé et provoqué la crise relationnelle de triste mémoire. Ce mandat mérite une refonte, en tenant compte des tâches qu’il représente aujourd’hui. Les activités traditionnelles de prophylaxie obligatoire chez les animaux de production diminuent. Mais à côté de cela, les maladies transmises par les animaux de compagnie sont négligées. Actuellement, trop peu d’importance est accordée aux vétérinaires canins, exclus des formations qui valident le mandat sanitaire. Et réciproquement, nos confrères canins n’appréhendent sans doute pas à sa juste valeur l’ampleur de leur rôle dans la surveillance et la prévention des zoonoses, en particulier celles véhiculées par les animaux exotiques. Le chantier est ouvert.
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