Santé publique. Graines germées
Actualité
Auteur(s) : Nathalie Devos
Les enquêtes menées pour remonter à la source de la contamination par la bactérie E. coli O154 : H4, à l’origine de diarrhées sanglantes et de cas de syndromes hémolytique et urémique en Allemagne et en France (Aquitaine)(1), s’orientaient la semaine dernière vers une piste italienne. Désormais, l’Egypte est pointée du doigt. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a annoncé, le 30 juin dernier(2), que deux lots de graines de fenugrec importées d’Egypte en 2009 et 2010 par une société allemande (AGA Saat) sont considérés comme le lien « le plus probable » entre les intoxications par la bactérie productrice de shiga-toxine dans l’Hexagone et outre-Rhin(2). Par ailleurs, elle confirme que les souches impliquées dans les deux pays sont similaires et présentent le même profil d’antibiorésistance.
Le rapport de l’Efsa(3) du 5 juillet se veut plus précis sur les lots de graines en cause. La quasi-totalité du lot de 2009 importé (lot #4808 de 15 tonnes) a été vendu à un distributeur allemand (10,5 tonnes) qui a lui-même approvisionné la ferme biologique Gärtnerhof en Basse-Saxe, épicentre de l’épidémie allemande (pour 75 kg). Le lot de 2010 (#8266 de 10 tonnes) a subi le même sort. La ferme biologique a reçu une partie de ces deux lots via le distributeur, qui s’est approvisionné chez l’importateur. L’Efsa précise qu’il n’est pas encore possible de déterminer si les contaminations en Allemagne sont dues au lot de 2009 ou de 2010, car la ferme a reçu 75 kg du premier et 75 kg du second le même jour !
En revanche, une partie du lot 2009 (400 kg) a été cédée à la société britannique Thompson & Morgan, qui l’a ensuite revendue au magasin Jardiland de la banlieue bordelaise (95 kg) où les cas de contamination français se sont déclarés.
Les autorités sanitaires craignent la survenue de nouvelles épidémies en Europe ou dans le monde, si le fenugrec suspect a été mélangé à d’autres graines et s’il continue à circuler et à être consommé, en dépit des messages d’alerte lancés depuis le début de la crise. Les investigations se poursuivent.
A l’heure actuelle, concernant la traçabilité du lot 2009, l’Efsa a pu mettre en évidence que, outre les 10,5 tonnes reçues par le distributeur allemand et les 400 kg par la compagnie britannique, 3 550 kg ont été vendus par l’importateur à neuf autres compagnies d’outre-Rhin, 250 kg exportés en Autriche et 375 kg en Espagne. Cela représente un total de 15 075 kg, la différence de 75 kg par rapport au volume importé par la compagnie allemande provenant de son stock initial.
Selon l’agence européenne, l’origine de la contamination des graines reste pour l’heure inconnue, tant au niveau de la source (humaine ou animale) que des circonstances (production, process, reconditionnement, transport, etc.).
(1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1457 du 1er/7/2011 en page 19.
(2) http://www.efsa.europa.eu/en/scdocs/doc/rraefsaecdcstec0104.pdf
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