Histopathologie
Formation continue
ÉQUIDÉS
Auteur(s) : Anne Couroucé-Malblanc
Une étude multicentrique rétrospective a été menée sur 151 biopsies réalisées chez 146 chevaux.
La biopsie rénale est un acte assez commun, en médecine humaine comme vétérinaire, qui permet d’évaluer les affections du parenchyme rénal. Bien que l’échantillon obtenu soit généralement petit, cet acte montre une bonne concordance avec le diagnostic clinique prébiopsie, qui correspond au premier choix du clinicien dans le cadre du diagnostic différentiel.
Les résultats de la biopsie rénale permettent d’établir un diagnostic dans 95 à 99 % des cas chez l’homme et dans 96 % des cas chez les petits animaux.
Chez l’homme, le taux de complications varie de 5,3 à 21 %, notamment selon les facteurs de risque du patient. Les complications majeures sont une hémorragie, la formation d’une fistule artério-veineuse, l’embolisation d’hématomes, une obstruction rénale aiguë, une insuffisance rénale aiguë, une septicémie, qui peuvent aller jusqu’à la mort. Les complications mineures observées sont une hématurie, un hématome périrénal ou sous-cutané, une douleur locale. Chez les chiens et les chats, le taux de complications rapporté est respectivement de 14,4 % et 18,5 %. Cela inclut des hémorragies, une infarction et/ou infection rénale et la mort.
Chez le cheval, peu de données sont actuellement disponibles.
Une étude multicentrique rétrospective(1) sur des biopsies rénales équines a été menée au sein de 14 centres de référence aux Etats-Unis, en Australie et au Royaume-Uni avec un triple objectif :
– décrire les techniques utilisées ;
– déterminer le taux de complications et les facteurs de risque ;
– évaluer l’utilité diagnostique de cet acte chez le cheval.
Cette étude inclut un effectif de 146 chevaux qui sont soumis à 151 biopsies au total. Leur âge varie de 48 heures à 30 ans et les motifs de consultation vont de l’anorexie et de la perte de poids à la léthargie, en passant par de l’urémie, une polyuro-polydipsie, une hématurie, des coliques, un œdème et/ou de la diarrhée.
Pour 128 cas, les biopsies sont transcutanées et échoguidées (117 cas) ou non (11 cas). Les autres sont effectuées lors d’une laparoscopie ou d’une cœlioscopie. Les prélèvements sont réalisés avec une aiguille à biopsie Tru-Cut® d’une taille de 14G, 16G, 18G ou 22G. Le rein droit est biopsié dans 78 % des cas, le gauche dans 17 % des cas et les deux reins dans 5 % des cas.
La qualité des échantillons permet d’établir un diagnostic dans 94 % des cas. Il met en évidence le plus souvent une néphrite interstitielle, une affection glomérulaire, une affection primaire tubulaire, une pyélonéphrite, une fibrose ou une tumeur.
L’histopathologie de la biopsie est comparée à celle obtenue lors de l’examen post-mortem chez 28 chevaux. Une bonne corrélation est obtenue dans 61 % des cas, une corrélation incomplète dans 11 % des cas et une mauvaise corrélation dans 28 % des cas. Parmi ces derniers, il y a notamment 2 cas de tumeurs non diagnostiquées lors des biopsies rénales.
Des complications sont décrites chez 17 des 151 cas (11,3 %), avec au total près de 3 % de complications majeures et 9 % de mineures. Ces complications sont des hémorragies (7 cas), des douleurs abdominales (6 cas), une microhématurie (2 cas), une macrohématurie (4 cas), de la fièvre (2 cas), l’avortement (1 cas), la mort (1 cas). Comme la seule mort rapportée a eu lieu en 1988, cela pourrait indiquer que les progrès de l’échographie et des techniques de biopsie ont rendu la procédure plus sûre désormais.
Trois facteurs de risque sont identifiés : rein gauche versus rein droit, des chevaux qui présentent des tumeurs, ainsi qu’une densité urinaire basse. Historiquement, le rein gauche est plus facilement biopsié, car il est possible de l’immobiliser par voie transrectale et d’effectuer le prélèvement sans échographie. Toutefois, il est médial à la rate, ce qui nécessite de la traverser pour atteindre le rein. Quant au rein droit, il est plus proche de la surface de la peau et est assez immobile en raison de sa localisation rétropéritonéale. Il est donc plus facile et plus sûr à biopsier sous contrôle échographique.
La signification d’une densité urinaire basse en tant que facteur de risque n’est pas claire, mais peut néanmoins indiquer que ces chevaux présentent des affections plus sévères et/ou plus étendues.
Ainsi, cette étude montre que les biopsies rénales affichent un faible taux de complications majeures chez le cheval et permettent la réalisation de prélèvements en quantité suffisante pour établir un diagnostic histopathologique dans la majorité des cas. Les critères prédictifs de complications sont la biopsie du rein gauche par rapport au droit, celle des reins qui présentent des processus tumoraux, ainsi qu’une densité urinaire basse.
Comme des complications importantes sont possibles, cet acte devrait uniquement être effectué quand il peut bénéficier à la gestion et au pronostic de certains cas.
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire