La volatilité du prix du lait : un exemple sur la période de 2007 à 2009

Après avoir explosé en 2007, année caractérisée par le niveau élevé des prix des denrées alimentaires en général, ceux du lait s’effondrent, avec de graves répercussions sur les revenus des producteurs laitiers. Le prix mondial du lait varie entre 13,8 et 46,2 $ pour 100 kg, entre 1996 et 2009. En 2007, sa hausse historique est suivie d’une chute rapide, puis il se stabilise début 2009 à 20 $. Dans l’Union européenne, les quotas augmentent progressivement, mais sans s’accompagner d’une hausse de la production comparable. Au 31 mars 2009, la production totale de lait est inférieure de 4,2 % au quota global.

Un marché mondial du lait volatil à la suite de la chute de la demande internationale

La demande de produits laitiers diminue sur le marché international et en Europe. Cela concerne essentiellement les denrées de qualité, comme le fromage (plus de 40 % du lait transformé dans l’Union). Les quantités échangées sont faibles comparées à la production et à la consommation totales. Conséquence : un marché mondial volatil, avec une hausse de 43 % en dix-huit mois, suivie d’une baisse de 32 % en quinze mois (^{voir graphique}). Cette diminution des prix considérable s’explique par l’effet combiné de la croissance de la production de pays fournisseurs (Argentine, Australie, Nouvelle-Zélande, Brésil, Etats-Unis) et de la chute de la demande mondiale (due à la crise économique). Cette conjoncture a une incidence directe sur les prix du marché communautaire, ramenés à 0,21 € le litre de lait.

En 2007, ceux du marché mondial dépassent largement les niveaux d’intervention de l’Union européenne pour, au cours du second semestre de l’année 2008, passer en dessous. Parallèlement, le dollar faible accentue cette baisse, et la Commission européenne applique des mesures de soutien. La demande s’écroule, provoquant un déséquilibre du marché. Logiquement, le prix chute pour avoisiner celui de soutien pour l’équivalent-lait, nettement inférieur à celui en vigueur avant la réforme de la Politique agricole commune en 2003.

La crise financière accentue la chute du prix du lait

Plusieurs facteurs expliquent la baisse de 2009 (^{voir tableau}). Un rapport du Sénat⁽¹⁾ précise que « la crise économique est une explication commode, mais partielle », car cette chute est d’abord due à la hausse de 2008. Dans le contexte plutôt déstabilisant de la réforme de 2003, les éleveurs ont préféré attendre de voir si la flambée des prix serait durable. L’augmentation des productions, nécessairement décalée (deux ans s’écoulent avant qu’une vache ne donne du lait), est intervenue peu de temps avant que le marché ne montre ses premiers signes d’inflexion. Ensuite, l’affaire du lait contaminé à la mélamine en Chine a stoppé net la consommation de ce produit par un milliard de personnes. « La crise est donc venue amplifier un mouvement entamé et inéluctable », d’après le Sénat⁽¹⁾.

En Europe, la marge de fluctuation du prix du lait est inégale, avec un record pour l’Irlande (+ 80 %) et une hausse inférieure à 40 % dans les nouveaux Etats membres. La France occupe une situation intermédiaire, avec un niveau de prix moyen et une baisse dans la moyenne des réductions constatées ailleurs dans l’Union européenne (en l’occurrence, une hausse de 50 % suivie d’une baisse de 22 %). Cette volatilité des prix dépend des pays, mais existe aussi à l’intérieur même de leurs frontières et selon les périodes : elle creuse les écarts régionaux en France et au Royaume-Uni et les restreint en Allemagne comme en Pologne. Jusqu’en 2009, la fixation des prix en France est encadrée par les recommandations de l’interprofession laitière et par des évolutions établies pour trois mois, d’où un trimestre de décalage par rapport aux autres Etats membres. En Allemagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Irlande, le pic est atteint en octobre et en novembre 2007, mais seulement en janvier 2008 en France. Pour ces mêmes pays, la baisse est nette à partir de septembre 2008, mais n’apparaît vraiment dans l’Hexagone qu’au début de l’année 2009.

• (1) Voir le rapport n° 481 du Sénat, “Le prix du lait dans les Etats membres de l’Union européenne”, 2009 et le rapport n° 73 du Sénat, “Filière laitière : à la recherche d’une nouvelle régulation”, 2009.