Pharmacie. Contre les pasteurelloses des bovins
Actualité
Auteur(s) : Eric Vandaële
Frapper vite et fort pour éviter les résistances des pathogènes, frapper court pour limiter celles des commensaux.
Avec le lancement de sa nouvelle formulation injectable de marbofloxacine, Forcyl®, concentrée à 16 %, Vétoquinol voudrait faire de l’antibiorésistance l’un des premiers critères de choix d’un antibiotique contre les infections respiratoires des bovins. « Vite, fort et… court » sont les trois notions d’antibiothérapie déjà développées par le laboratoire depuis 2006 avec Marbocyl® S et qui sont de nouveau mises en avant pour ce lancement.
Forcyl® est d’ailleurs destiné à remplacer Marbocyl® S. Son profil pharmacocinétique est assez similaire. Grâce à une solution concentrée à 16 % au lieu de 10 %, la posologie de Forcyl® est un peu plus élevée : 10 mg/kg en une injection unique par voie intramusculaire, au lieu de 8 mg/kg aussi en une seule injection IM (ou 2 mg/kg/j pendant trois à cinq jours pour la dose initiale de Marbocyl® 10 %). Le pic plasmatique observé avec Forcyl® est ainsi plus élevé et atteint en 1 h 15 (voir tableau). Le volume d’injection est réduit à 10 ml/160 kg (au lieu 10 ml/125 kg pour Marbocyl® S). Et, de fait, la tolérance locale semble meilleure.
Taper « vite » est une évidence. Plus l’inoculum infectieux est faible, plus il est facile à éliminer avec moins d’antibiotiques sur des durées courtes. Taper « vite » sur un inoculum faible, par exemple de 105 bactéries, permet aussi de prévenir l’émergence des mutants résistants si le taux de mutation est, par exemple, de 10-9. Taper « vite » suppose une formulation d’action rapide (la voie intraveineuse n’est toutefois pas homologuée), mais aussi de dépister le plus précocement possible les animaux infectés.
Taper « fort » a aussi deux objectifs. D’abord, il en va de l’efficacité de cet antibiotique “dose dépendant”, dont la vitesse de bactéricidie est d’autant plus rapide que les concentrations sont élevées. Ensuite, taper « fort » permet d’obtenir in vivo des concentrations bien supérieures aux concentrations minimales inhibitrices (CMI) des mutants résistants de premier niveau, donc d’éviter leur sélection. Cette CMI, appelée concentration de prévention des mutants (CPM), correspond, in vitro, à la CMI99,99 d’un inoculum important (1010 UFC/ml) sans aucune recroissance bactérienne tardive de mutants résistants. Ce concept a été développé pour les fluoroquinolones (voir tableau).
Taper « court » a un seul intérêt : limiter la résistance, surtout celle de la flore commensale. Alors que frapper « vite » et « fort » sur la base des CPM prévient la résistance des pathogènes. Une durée de traitement limitée à une seule journée présente évidemment un atout essentiel en termes d’antibiorésistance, par rapport aux autres traitements beaucoup plus longs.
Dans ce cas, une seule injection rapide, puissante, mais courte (d’une durée inférieure à 24 heures) est-elle vraiment suffisante ? Sur des modèles ex vivo, plus de 99,9 % des pasteurelles (Mannheimia haemolytica) sont éliminées en moins d’une heure au contact des concentrations plasmatiques. Dans les essais cliniques multicentriques (22 élevages) sur 118 bovins présentant des signes d’infections respiratoires, une amélioration clinique est observée en 24 à 48 heures. Les taux de guérison clinique sans rechute à J7 et J21 sont respectivement de 76 % et 77 %. Ces taux de rechutes, inférieurs à 25 %, apparaissent assez comparables à ceux d’autres antibiotiques à longue durée d’action.
Ce profil d’activité des fluoroquinolones en fait un traitement individuel curatif efficace, d’autant plus efficace qu’il est précoce. Mais cet antibiotique serait inefficace et gaspillé s’il était employé en traitement collectif de métaphylaxie (en présence de quelques malades) ou d’antibioprévention, deux situations qui font le succès des antibiotiques à longue durée d’action.
Voir tableau : Comparaison de quelques points extraits des RCP de Marbocyl®, Marbocyl® S et Forcyl® dans les infections respiratoires des bovins sur wk-vet.fr, rubrique “Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d’article”.
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