La visite de traite : les étapes à suivre - La Semaine Vétérinaire n° 1462 du 16/09/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1462 du 16/09/2011

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : JEAN-FRANCOIS LABBÉ*, PAUL PÉRIÉ**

Fonctions :
*praticien à Broons (Côtes-d’Armor). Article rédigé d’après une conférence présentée lors de la Journée normande vétérinaire à Deauville, le 10 octobre 2010.

Au cours d’une visite de traite, le praticien évalue la technique de traite, l’hygiène, et la capacité à détecter précocement les mammites. Avec un bon sens de l’observation et un peu d’organisation, cette démarche est accessible à la plupart de nos confrères, et place le vétérinaire comme un acteur essentiel de la filière lait.

AVANT LA TRAITE

L’état de propreté de l’ensemble du matériel est contrôlé (gobelets de trempage, bol de traite, tuyaux, etc.). Le trayeur doit impérativement se laver les mains, voire porter des gants, en particulier lors de blessure. Le port d’une tenue spécifique (tablier) est conseillé.

Le comportement des animaux dans le parc d’attente et lors de l’entrée dans la salle de traite est observé. Les vaches doivent être calmes, ruminer et accéder spontanément aux quais. Une attitude anormale traduit un inconfort pendant la traite, une mauvaise conception de l’aire d’attente ou des quais, la présence de courants électriques ou un mauvais comportement du trayeur.

Si la traite est longue, les animaux finissent parfois par s’agiter. L’aire d’attente doit être propre et dépourvue de flaques d’eau. L’état de propreté des vaches est noté à leur entrée.

LA PRÉPARATION DES MAMELLES

Cette étape cruciale réunit trois objectifs : le nettoyage rigoureux des trayons, leur stimulation mécanique et la détection des mammites cliniques par l’examen des premiers jets. Ce dernier est effectué idéalement dans un bol à fond noir, mais l’éjection sur le sol est admise. Différentes méthodes de préparation sont possibles, avec chacune leurs avantages et leurs inconvénients.

• Les lavettes sont peu coûteuses et faciles d’utilisation. Elles permettent un bon nettoyage des trayons ainsi qu’une stimulation correcte de la vache. Elles sont mises à tremper juste avant la traite dans un seau d’eau tiède avec un savon adapté qui va dissoudre le sébum présent sur la peau des trayons. L’éleveur doit impérativement utiliser une lavette par vache.

• Il peut également employer une douchette pulvérisant un mélange d’eau et de savon. Néanmoins, un excédent d’eau est à craindre, qui peut induire une contamination des trayons par écoulement d’eau et un risque de glissade des animaux.

• Les serviettes désinfectantes doivent être appliquées sur des trayons propres. Leur efficacité dépend du temps de pose, de 1 à 20 secondes, ce qui retarde la pose de la griffe. Leur coût à long terme n’est pas non plus négligeable.

Un produit désinfectant et/ou moussant est ensuite appliqué sur les trayons pendant 15 à 30 secondes. Après le prétrempage, les trayons sont essuyés avec du papier absorbant ou une lavette propre et sèche, avant la pose de la griffe.

EN FIN DE TRAITE

La griffe est retirée lorsque le flux de lait est inférieur à 200 ou 300 g/min lors de dépose automatique, ou quand un petit écoulement de lait est encore visible à la sortie de la griffe lorsque la dépose est manuelle. Elle est systématiquement retirée après la coupure du vide. Mal faite, celle-ci induit des lésions de l’extrémité du trayon. L’agitation des animaux ou des piétinements signifient généralement une surtraite ou un vide mal coupé.

Ensuite, une attention particulière est portée à la propreté des trayons et à la présence éventuelle de lésions en observant leur couleur et la présence d’un œdème ou de microhémorragies. Une teinte bleue ou violette est parfois observée chez les vaches primipares au cours du premier mois de lactation, sans incidence particulière. En dehors du début de lactation, la présence d’un anneau de compression (bourrelet visible à la base du trayon à l’endroit où la lèvre du manchon est appliquée) peut traduire une traite trop longue ou une mauvaise vidange de la mamelle. Des lésions d’hyperkératose (présence d’un anneau blanc autour de l’orifice du canal) sont en particulier observées chez les vaches hautes productrices ou lorsque les trayons sont longs. Seules les lésions d’hyperkératose visibles à 1 m sont comptabilisées.

Le praticien vérifie également que les quartiers sont tous bien vidés. La présence de plus de 60 ml de lait dans un quartier quand les autres sont vides augmente considérablement le risque de mammite clinique. Ce phénomène est en général causé par une mauvaise position de la griffe sous la mamelle. Par contre, la présence de lait résiduel réparti de manière homogène dans l’ensemble de la mamelle n’est pas gênante.

NETTOYAGE DE LA SALLE DE TRAITE ET DU MATÉRIEL

A l’issue de la traite, l’état d’usure du matériel, de la tuyauterie et des manchons est vérifié. Le nettoyage de la salle de traite doit être soigné et effectué matin et soir. Une attention particulière est portée à la sortie de la salle de traite. La présence de zones humides, de pédiluves souillés ou d’une aire paillée sale favorise la contamination bactérienne des trayons par éclaboussure.

Le nettoyage de la machine à traire constitue aussi une étape cruciale car il conditionne la qualité du lait, le bon fonctionnement de la machine et limite la contamination des trayons. Le prélavage avec de l’eau tiède assure une première élimination des déchets organiques. Puis, le lavage assure une action mécanique et chimique. L’eau chaude (au minimum entre 40 et 45 °C) est additionnée d’un détartrant et d’un détergent. Un produit alcalin chloré et un produit acide sont utilisés en alternance. La machine à traire est ensuite rincée à l’eau froide afin d’éliminer les résidus chimiques. Une fois le lavage terminé, les griffes sont retirées afin de limiter l’usure des lèvres des manchons.

Les lavettes sont méticuleusement nettoyées après la traite (lave-linge) puis mises à tremper dans une solution désinfectante (produit spécifique, ou l’alcalin chloré de la machine à traire).

ÉVALUATION DE LA TECHNIQUE DE TRAITE

→ Pose des griffes

Les griffes sont posées entre 30 secondes et 1 minute après la fin de la préparation des trayons. Un positionnement correct de la griffe et des tuyaux (sortie de la griffe sur l’axe nombril-tête de la vache, tuyaux courts souples) limite l’entrée d’air et les contaminations de la mamelle.

→ Contrôle de l’écoulement du lait dans la griffe

L’arrivée de lait par paquets dans la chambre de réception favorise son accumulation. Parfois, une simple obturation de l’entrée de l’air de la griffe est à l’origine de ce phénomène.

→ Décompte du nombre de glissements

Le nombre de glissements correspond aux descentes du manchon trayeur sur le trayon. Ils favorisent l’entrée d’air au niveau du manchon et provoquent parfois la chute du faisceau trayeur sur le sol. Supérieurs à 10 % au cours d’une traite, ils augmentent significativement le nombre de mammites cliniques.

→ Surveillance de l’attitude des animaux pendant la traite

Les piétinements, les arrachages de griffes avec les pieds, l’émission de bouse ou d’urine sont comptabilisés. Observés fréquemment, ils indiquent que la traite est une source de stress. Il convient alors d’en déterminer la cause : traite douloureuse, mauvais comportement du trayeur, courants électriques, chien dans la salle de traite, etc.

→ Calcul du temps de traite

Le temps de traite, ou temps de pose effective du faisceau trayeur, est en moyenne de 5 minutes pour 10 litres de lait, avec une minute ajoutée pour 5 litres supplémentaires. L’observateur reporte le temps écoulé sur une échelle de temps et trace un nuage de points correspondant à 25 % des vaches. Ce nuage doit être centré entre 5 et 7 minutes selon la production laitière moyenne du troupeau. Plusieurs facteurs peuvent augmenter le temps de traite : niveau de vide trop bas, mauvaise préparation de la mamelle, mauvais écoulement du lait ou surtraite.

PROTECTION DES TRAYONS

→ Une fois la griffe retirée, un produit de post-trempage est appliqué sur toute la surface du trayon. Son objectif principal est de le désinfecter. Cependant, certains de ces produits ont aussi une action émolliente, hydratante et adoucissante, bénéfique en cas de gerçures. Ils peuvent enfin créer un film protecteur imperméable aux bactéries sur la peau du trayon. Cet effet barrière peut se révéler intéressant lorsque les conditions de logement ne sont pas bonnes. Les gobelets trayeurs sont plus efficaces que les pulvérisateurs, mais ils doivent être équipés d’un système antiretour. Il convient de contrôler que le trayeur applique le produit sur la totalité du trayon et que le gobelet est vidé et nettoyé entre chaque traite.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur