Un quota de garçons au concours vétérinaire : qu’en pensez-vous ? - La Semaine Vétérinaire n° 1462 du 16/09/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1462 du 16/09/2011

Entre nous

FORUM

Auteur(s) : AGNÈS FAESSEL

Un problème lié au caractère libéral de la profession

Delphine Izac, praticienne rurale à Saint-Pol-sur-Ternoise (Pas-de-Calais).

Je trouverais injuste d’interdire l’accès à la profession vétérinaire à des personnes motivées, sous le seul prétexte qu’elles sont des femmes. La moindre réussite des garçons au concours vétérinaire me semble associée à un manque de volonté et de travail de leur part, car je ne crois pas qu’ils soient moins nombreux que les filles à s’y présenter. Des étudiants moins motivés donneront sur le terrain des praticiens moins impliqués.

En pratique rurale, les femmes présentent d’ailleurs souvent une détermination et une ténacité qui deviennent des atouts. Et la différence de force physique ne constitue pas une gêne au quotidien. D’ailleurs, passée la période de doute, les éleveurs ne s’y trompent pas.

Le problème de la féminisation des vétérinaires est plutôt lié au caractère libéral de la profession et à son défaut de couverture sociale, notamment en période de maternité. Certaines consœurs optent pour le salariat pour des raisons financières et pratiques et cela déséquilibre notre système de prévoyance et de retraite. Il serait plus pertinent de chercher des solutions de ce côté-là.

Finalement, nous souffrons d’un manque de candidats à la pratique libérale rurale. Ce sont ces profils qu’il faudrait pouvoir mieux recruter.

Ce serait une profonde erreur de diagnostic

Emmanuel Thébaud, directeur de Vet’el (réseau des vétérinaires en élevage), Nord, Pas-de-Calais, Aisne, Oise, Somme.

Augmenter artificiellement le nombre de jeunes diplômés masculins, dans le but de pallier la désertification des campagnes, est une fausse bonne idée. Car si la désaffection pour la pratique rurale et la féminisation de la profession possèdent une origine commune, elles ne présentent pas de lien de cause à effet. Elles sont toutes deux la conséquence d’une évolution sociétale et de la modification, en 50 ans environ, du statut de l’animal et de l’image du vétérinaire.

Depuis quelques années, notre réseau accueille de jeunes consœurs en plus grand nombre. Et leur intégration se passe bien, en tout cas pas plus mal qu’avec des garçons. La “crise” de vocation pour la rurale est indépendante de la féminisation des nouvelles promotions : le nombre d’étudiants qui choisissent l’option rurale en fin de cursus n’a pas chuté.

Vouloir spécialiser les études (avec une école dédiée à la rurale, par exemple), tout comme sélectionner des lycéens issus de régions agricoles, ne serait pas non plus des solutions efficaces, car ces politiques de quotas s’appuient sur des critères sans fondement. Les fils d’éleveurs préféreront eux aussi la canine ou l’équine !

À mon sens, l’une des pistes à suivre serait la (re)construction d’une image positive et visible du vétérinaire rural, porteuse de nouvelles vocations et d’envie pour ce métier, qui s’est fortement ringardisé aux yeux de la société dans les années 70 et 80, et peine à s’en relever depuis. C’est un véritable défi.

Il n’existe pas de quotas dans les autres filières !

Gaëlle Hue, praticienne canine à Offranville (Seine-Maritime).

Je trouve cette proposition assez gonflée, car pour une fois qu’une filière compte davantage de filles, je ne vois pas sur quel argument l’accès leur en serait restreint. Les formations plus “masculines” ne prévoient pas de quotas de filles. Les garçons n’ont qu’à gagner leur place au concours vétérinaire !

À mon avis, la féminisation de la profession résulte plutôt d’un désintérêt de la gent masculine pour notre métier, peut-être moins prestigieux et moins rémunérateur qu’autrefois. La même évolution est d’ailleurs observée dans d’autres cursus médicaux, et ce rapidement. De nombreux changements se sont opérés en une génération, notamment sur les attentes des jeunes, quel que soit leur sexe, en termes d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Cette féminisation des vétérinaires a peut-être des effets délétères en pratique rurale, mais pas en canine. Notre clinique compte trois associées, toutes des femmes travaillant à plein-temps, dont deux ont des enfants. Nous assurons les gardes, en partage avec une autre structure. Notre organisation n’a pas déstabilisé notre salarié masculin, qui va bientôt s’associer avec nous, et nos stagiaires sortent plutôt motivés de leur séjour ici.

Augmenter la proportion de garçons admis au concours n’en fera pas des ruraux. Un travail en amont, pour mieux informer les lycéens sur la réalité du métier, serait sans doute plus utile.

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