Le point de vue du superviseur

Le service de pathologie médicale de VetAgro Sup à Lyon a accueilli son premier résident en cancérologie en janvier dernier. C’est le premier résidanat en oncologie accrédité en France par le collège européen de médecine interne pour les animaux de compagnie (Ecvim-CA). À ce jour, seules 8 autres institutions proposent aussi un programme de résidanat approuvé dans la discipline : 5 au Royaume-Uni, 2 en Allemagne et 1 en Autriche.

Ce programme répond aux exigences habituelles des collèges européens : une formation théorique et pratique solide, avec la prise en charge d’un grand nombre de cas cliniques et leur documentation bibliographique, un travail de recherche assorti de publications scientifiques, des communications lors de congrès, etc. Mais la spécificité de ce résidanat est son approche transversale. Le résident partage son temps entre la pratique ciblée de la discipline et celle de la médecine interne plus largement. Contrairement à d’autres disciplines, l’oncologie concerne de multiples organes et systèmes. « Une prise en charge globale de l’animal est particulièrement nécessaire en cancérologie », explique Frédérique Ponce, qui supervise le résident.

Le résidanat exige une grande motivation du superviseur

Proposer un résidanat impose de disposer d’une structure d’accueil adaptée (équipement, environnement clinique, pédagogique et de recherche suffisant, etc.). « Préparer le programme de la résidence est un gros travail, reconnaît Frédérique Ponce. Son organisation pratique doit être finalisée avant l’arrivée du résident, y compris les stages, qui lui permettront de compléter sa formation dans les domaines qui ne sont pas proposés sur place, la radiothérapie, dans notre cas ». Le superviseur du programme encadre ensuite le résident. Mais sa tâche ne s’arrête pas là. « L’école nous soutient dans cette démarche de progrès, mais ne la finance qu’en partie. Des partenariats avec des structures et des entreprises privées sont indispensables à mettre en place. »

Beaucoup de temps et d’énergie sont donc indispensables. « Mais cela fait partie de ma mission, assure Frédérique Ponce, d’autant que je suis une universitaire. » Source de motivation, le développement de la discipline est une conséquence espérée de la formation locale de nouveaux spécialistes européens. D’abord sur l’école, celle-ci ouvre la perspective d’étoffer durablement l’effectif compétent en cancérologie. La présence d’un résident permet déjà d’élargir les horaires de la consultation spécialisée et de dynamiser le service. Plus généralement, l’oncologie est en forte progression en France, avec une demande croissante de la part des propriétaires d’animaux. De nombreuses structures travaillant en référé sont demandeuses de compétences pointues dans le domaine, qui pourront aussi être mieux relayées dans la profession sur le terrain, améliorant la prise en charge des animaux malades. Frédérique Ponce constate en effet que la discipline a considérablement évolué en 10 ans, au travers du développement des traitements palliatifs notamment. « D’un point de vue plus personnel, ce résidanat m’oblige à rester au top ! » Et si tout se passe bien, un second résident pourrait être accueilli dès 2012.