Un concentré protéique de luzerne pour améliorer le statut antioxydant des hématies chez la poule

Les animaux sont soumis, tout au long de leur vie, à des attaques oxydatives qui peuvent avoir des conséquences sur leur santé, les performances zootechniques ou la qualité des produits. La vitamine E a une action antioxydante sur les lipides. Les caroténoïdes, pigments présents dans la nature, sont aussi des composés antioxydants qui piègent directement les radicaux libres.

Chez le poussin, le statut de défense contre ces radicaux est majoritairement déterminé par la composition de l’aliment maternel (la vitamine E et les caroténoïdes de l’aliment sont transférés dans le jaune d’œuf).

OBJECTIF DE L’ÉTUDE

Une étude¹ a pour but d’évaluer l’effet de deux supplémentations à base de luzerne² (riche en caroténoïdes) sur le potentiel de défense antiradicalaire des poules.

PROTOCOLE SUIVI

4 groupes de 24 poules chacun (3 poules par cage) sont constitués :

– 1 lot témoin négatif (10 ppm de vitamine E dans l’aliment) ;

– 1 lot témoin positif (110 ppm de vitamine E dans l’aliment) ;

– 1 lot “supplémenté 1” (14,6 ppm de vitamine E dans l’aliment) contenant 1 % de concentré protéique de luzerne ;

– 1 lot “supplémenté 2” (à 33 ppm de vitamine E dans l’aliment) qui contient 5 % de concentré protéique de luzerne.

L’expérience dure 25 jours, de 59 à 62 semaines d’âge. Les premier et dernier jours de l’étude, la vitamine E est dosée sur 10 œufs (en 2 pools de 5 œufs) de chaque groupe, ramassés au hasard. La résistance antiradicalaire des poules est également évaluée par le test KRL (mesure du temps au bout duquel 50 % des hématies sont lysées), effectué sur le sang total et les hématies de 16 poules par groupe. Plus le temps de lyse est long, plus les capacités de défense antiradicalaire sont importantes.

RÉSULTATS OBTENUS

La concentration en vitamine E des œufs en fin d’essai est d’autant plus élevée que sa teneur dans l’aliment était importante : respectivement 1,3 – 1,6 – 2,2 et 7,7 mg/100 g dans les groupes témoin négatif, supplémenté 1, supplémenté 2 et témoin positif. Aucune analyse statistique n’était cependant possible sur ces données, car seulement 2 par groupe étaient disponibles.

Sur le sang total, la diminution du temps de demi-hémolyse entre le début et la fin de l’essai est respectivement de -15,8 minutes, -14,8 minutes, -12,3 minutes et -6,7 minutes dans les groupes témoin négatif, supplémenté 1, supplémenté 2 et témoin positif. Ce dernier présente une diminution significativement plus faible (p < 0,05) que les 3 autres groupes, qui ne sont pas significativement différents entre eux. Cela signe une atteinte moins importante des défenses (intra et extracellulaires, puisqu’il s’agit de sang total) dans le groupe témoin positif. L’apport de concentré de luzerne à 1 % ou à 5 % n’a donc pas permis de limiter la perte de défense du sang total par rapport au lot témoin négatif de manière significative.

Sur les hématies, la diminution du temps de demi-hémolyse entre le début et la fin de l’essai est, lui, respectivement de -25,1 minutes, -16,3 minutes, -18,3 minutes et -16,3 minutes dans les groupes témoin négatif, supplémenté 1, supplémenté 2 et témoin positif. Le groupe témoin négatif présente une baisse significativement plus forte (p < 0,05) que les 3 autres groupes, qui ne sont pas significativement différents entre eux. Cela signe une diminution des défenses intracellulaires dans le groupe témoin négatif. Au même titre que le groupe témoin positif, les groupes supplémentés à 1 % et 5 % de concentré de luzerne ont donc permis de limiter significativement la perte de défense antiradicalaire des hématies.

COMMENTAIRES

Cette étude confirme, si besoin est, le pouvoir antioxydant de la vitamine E. L’emploi de concentrés de luzerne dans l’aliment pourrait permettre à l’animal de limiter l’utilisation de la vitamine E en tant qu’antioxydant, celle-ci pouvant ainsi être transférée en plus grande quantité dans le jaune d’œuf.

Les résultats sont intéressants mais ils auraient pu être encore plus discriminants si le nombre de prélèvements sérologiques analysés était plus important : avec seulement 16 données par groupe, seules des différences très importantes peuvent être statistiquement significatives. Il serait intéressant d’évaluer par la suite si les supplémentations étudiées sont susceptibles d’améliorer le statut antioxydant des poussins.

• 1 Mulsant C, Weissman D, Boulenger G, Picard E, Leroux C, Roffidal L, Launay C, Coulmier D. « Effet de l’apport d’un concentré protéique de luzerne en tant qu’antioxydant sur le statut de défense antiradicalaire de poules pondeuses et sur la concentration en vitamine E dans l’œuf ». 9^e Journées de la recherche avicole, Tours, 29 et 30/3/2011, proceedings 2011:285-288.

• 2 PX Agro Master, société Desialis contenant 860 ppm de lutéine/ zéaxanthine, 460 ppm de β-carotène et 828 ppm de vitamine E.