Comment éviter les résistances des cyathostomes aux anthelmintiques - La Semaine Vétérinaire n° 1466 du 14/10/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1466 du 14/10/2011

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : ANNE COUROUCÉ-MALBLANC

Points forts

– Les résistances aux anthelmintiques constituent un problème majeur pour les cyathostomes.

– Les vétérinaires doivent s’impliquer dans la vermifugation des chevaux en s’appuyant sur la réalisation de coproscopies permettant la mise en place de protocoles ciblés et raisonnés.

– Il ne peut pas y avoir de protocole de vermifugation unique.

– Tous les chevaux n’excrètent pas de la même manière les œufs, d’où la nécessité d’une coproscopie

– Le test coproscopique FECRT évalue la sensibilité des strongles aux anthelmintiques.

– La stratégie qui consiste à traiter, puis à changer le cheval de pré est à éviter.

Trois classes d’antiparasitaires possèdent une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le cont-rôle et le traitement des nématodes chez le cheval : les benzimidazoles, les tétrahydropyrimidines et les lactones macrocycliques. Afin d’en préserver l’efficacité, il convient de les utiliser à bon escient.

PANORAMA DES RÉSISTANCES

Les résistances aux anthelmintiques constituent un problème majeur pour les cyathostomes.

La résistance des stades adultes au thiabendazole est rapportée pour la première fois en 1965 aux états-Unis. La résistance à une dose unique d’autres molécules de la famille des benzimidazoles est ensuite notée tout autour du monde, parfois dans plus de 97 % des élevages testés au états-Unis et dans 72 % en Suède.

Il est important de noter que, lors de résistances à des doses uniques, elles existent également pour des traitements effectués durant 5 jours consécutifs. La résistance aux tétrahydropyrimidines, plus lente à se développer, est dé-sormais présente aussi dans le monde entier. Concernant l’ivermectine, et à la suite de son utilisation massive ces 20 dernières années, des résistances viennent d’être signalées. La moxidectine est le seul anthelmintique efficace contre les larves EL3, pour lequel des résistances largement répandues ne sont pas encore décrites. Toutefois, de récentes résistances à la moxidectine sont rapportées au Royaume-Uni et aux états-Unis. Plus inquiétant, il semblerait qu’au Brésil, il existe des populations de cyathostomes résistantes aux 3 classes d’anthelmintiques !

PROTOCOLES PERSONNALISÉS

Un élevage, un protocole

Des études menées au cours des 10 dernières années indiquent que les vétérinaires se sont désengagés du conseil en matière de vermifugation et qu’ils n’interviennent, de ce point de vue, que dans 30 % des élevages interrogés. Toutefois, afin de contrôler les populations parasitaires et de limiter l’apparition de résis– tances, il est essentiel que les praticiens s’impliquent activement dans la vermifugation des chevaux, en s’appuyant sur des protocoles de prophylaxie ciblés et raisonnés. L’objectif de tels protocoles doit être la diminution de la pression de sélection, afin de limiter l’apparition de résistances, tout en préservant la santé et la performance du cheval grâce au contrôle de l’infection parasitaire. En raison de différences entre les écuries du point de vue de l’environnement, de la gestion des pâtures et du troupeau, il ne peut y avoir de protocole unique appliqué de manière uniforme au sein des exploitations.

“Gros” et “petits” excréteurs

Des différences existent aussi entre les chevaux. Environ 20 % d’entre eux excrètent 80 % des œufs et contaminent la pâture. La coproscopie permet d’identifier ces “gros excréteurs” et de les traiter régulièrement avec des anthelmintiques adulticides. à l’inverse, les “petits excréteurs” auraient une capacité innée ou acquise à contrôler ces infestations parasitaires et nécessitent donc des traitements moins fréquents. Lorsque les “petits excréteurs” ne sont pas traités trop fréquemment, les œufs dans leurs fèces donnent des parasites “refuges”. Ces derniers permettent de “diluer” la population d’œufs issus de parasites adultes ayant survécu à un traitement antiparasitaire. Le traitement à l’aveugle de populations de chevaux, sans coproscopie préalable ni identification de ces gros et petits excréteurs, est donc fortement déconseillé. Il convient d’adopter un traitement raisonné, sachant que la population la plus à risque et la plus difficile à gérer est celle des jeunes chevaux.

Intérêt et limite de la coproscopie

La coproscopie, simple et peu coûteuse, mesure le nombre d’œufs de strongles par gramme. Cela permet la délivrance d’une thérapie adulticide efficace et ciblée. Les seuils les plus fréquemment cités et admis sont ceux de 200 à 500 œufs par gramme. Toutefois, comme cet examen ne peut mettre en évidence les stades larvaires, et dans l’attente de nouveaux outils diagnostiques, il est important d’administrer des traitements larvicides au bon moment, indépendamment du comptage d’œufs dans les crottins.

Évaluer la sensibilité aux antiparasitaires

Pour estimer une éventuelle résistance des strongles, un test coproscopique, appelé FECRT (faecal egg count reduction test, taux de réduction de ponte), est effectué. Il passe donc par la réalisation d’une coproscopie et une coproculture chez des animaux (minimum 5 par classe d’âge) qui n’ont reçu aucun traitement anthelminthique depuis au moins 4 semaines. Les chevaux sont alors traités en respectant la posologie recommandée. Puis un deuxième examen coproscopique est réalisé, 10 à 14 jours après le traitement.

Le pourcentage de réduction du nombre d’œufs de strongles est calculé selon la formule suivante :

Le seuil en dessous duquel la présence de résistances est suspectée varie suivant la classe thérapeutique : 90 % pour les benzimidazoles et les tétrahydropyrimidines, 95 % pour les lactones macrocycliques. Pour une bonne interprétation des résultats, il est recommandé de mettre en place ce type de test sur plus de 80 % de la population à évaluer et de considérer le nombre de chevaux testés, leur âge et les traitements préalables effectués.

CONTRÔLE DE L’ENVIRONNEMENT

Le ramassage régulier des crottins est un élément important pour limiter l’infestation des pâtures. à noter également que la stratégie dose and move (traiter, puis changer le cheval de pré), fortement pratiquée jusqu’à maintenant, doit être évitée afin de maintenir une population “refuge” suffisante.

  • Source : Stratford C.H., McGorum B.C., Pickles K.J., Matthews J.B. (2011) : « An uptade on cyathostomins : anthelmintic resistance and diagnostic tools », Equine Veterinary Journal, 43 (suppl . 39), 133-139.

% de réduction de ponte = (nombre d’œufs avant traitement – nombre d’œufs 14 jours après traitement) x 100/nombre d’œufs avant traitement.

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