Du zinc pour lutter contre les microbes

L’une des stratégies de notre système immunitaire pour détruire les microbes consiste à les priver de nutriments essentiels comme les métaux lourds. Une étude internationale, menée par des chercheurs du CNRS¹, de l’Inserm², de l’Institut Pasteur et de l’université Paul Sabatier-Toulouse III, révèle que l’inverse est également vrai. Les cellules immunitaires sont en effet capables de mobiliser des réserves de métaux lourds, en particulier de zinc, pour intoxiquer les microbes. Ce phénomène vient d’être mis en évidence pour Mycobacterium tuberculosis, ainsi que pour Escherichia coli. Chez les macrophages qui ont ingéré M. tuberculosis ou E. coli, les chercheurs ont constaté une accumulation rapide et persistante de zinc.? Parallèlement, ils ont observé que les microbes, exposés à des quantités potentiellement toxiques de zinc, tentent de se protéger contre une intoxication en synthétisant des protéines à leur surface dotées d’une fonction de pompe, afin de chasser les métaux lourds à l’extérieur de leur organisme. En inactivant ces pompes par génie génétique, les chercheurs ont montré que M. tuberculosis et E. coli deviennent encore plus sensibles à leur destruction par les macrophages.

Selon les chercheurs, le zinc, bien que toxique quand il est ingéré en trop grande quantité, est donc bénéfique pour le système immunitaire. Des mécanismes équivalents pourraient exister pour d’autres métaux lourds comme le cuivre.

Ces résultats ont des implications cliniques concrètes. Ils permettent notamment de reposer la question de la complémentation nutritionnelle dans le traitement des malades, par exemple avec le zinc. Ils pourraient aussi être à l’origine de nouvelles stratégies thérapeutiques via le mécanisme de blocage des pompes microbiennes.

• 1 Centre national de la recherche scientifique.

• 2 Institut national de la santé et de la recherche médicale.

• Source : Botella H. et coll. : « P1-type ATPases mediate microbial resistance to zinc poisoning in human macrophages », Cell Host & Microbe, septembre 2011.