Plus de 80 % des vétonautes prescrivent des génériques

Pro ou antigénériques ? Dans les congrès, les réunions, il se trouve peu de praticiens ou de conférenciers pour défendre les génériques vétérinaires. Ils sont plus souvent accusés de « perturber », voire de « casser » le marché plutôt que de le soutenir ou d’aider à sa croissance par des prix plus compétitifs. Pourtant, à la question « prescrivez-vous des génériques ? », plus de 70 % des vétérinaires répondent par l’affirmative, versus 20 % par la négative.

Cela explique sans doute pourquoi les parts de marché de ces copies ne sont finalement pas si faibles : plus de 70 % (en valeur) pour les génériques des comprimés Synulox(r), 44 % pour ceux des comprimés Baytril(r), 38 % pour ceux de Metacam(r) (suspension orale pour chiens), 76 % pour ceux de Domitor(r)¹… Mais, dans ce dernier cas, Pfizer, qui développait initialement le princeps, a brutalement changé de stratégie en récupérant le générique de Fort-Dodge. Numéro un mondial, Pfizer est aujourd’hui “progénérique”, après avoir lutté contre.

Pourquoi prescrire des génériques ? Pour plus de 60 % des praticiens, c’est avant tout pour faire réaliser des économies à leurs clients, puis pour les “remises” parfois plus avantageuses pour la structure vétérinaire, qui sont souvent associées à l’achat en gros des génériques (29 %). Ces praticiens ajoutent alors qu’ils ont confiance dans l’efficacité des génériques. Dans les catalogues des centrales, ces médicaments sont souvent présentés à des tarifs de 5 à 20 % en dessous de ceux du princeps, voire jusqu’à 30 %, rarement davantage.

Pour leur part, les génériques humains “cassent” les prix en étant commercialisés 2 à 3 fois moins cher que le princeps. Les taux de pénétration peuvent alors atteindre 70 % en quelques jours, même si ceux de substitution sont stabilisés à 79 % après, avoir atteint 82 % en 2008. Il est vrai aussi qu’en médecine humaine, les pharmaciens comme les médecins et les patients sont fortement incités à accepter des génériques, sauf à s’exposer à des pénalités…

Une minorité de vétérinaires (moins de 10 %) sont plus réticents vis-à-vis des génériques. Ils ne refusent pas d’en prescrire si « les clients sont demandeurs », mais ils n’en proposent pas. Ils doutent souvent de la qualité des génériques par rapport au princeps. D’où leur réponse ambivalente, « oui et non ».

Pour les vétérinaires qui refusent les génériques (environ 20 %), les raisons sont plurielles : c’est d’abord le doute sur leur qualité, puis la fidélité à la fois aux marques et aux délégués et, loin derrière, la marge inférieure réalisée qui l’emportent sur les avantages commerciaux des génériques pour eux-mêmes ou leurs clients. Rares sont les praticiens qui se déclarent “antigénériques” par principe. L’un d’entre eux souligne que « les génériques n’encouragent pas l’innovation »… Même si les brevets des princeps garantissent entre 10 et 20 ans d’exploitation exclusive.

• 1 Pierre Guillemot : « Étude de marché des médicaments génériques canins ». Référence, décembre 2010, Alcyon.