Formation
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : FRANK FAMOSE
Fonctions : praticien à Blagnac (Haute-Garonne).
– L’OCT-SA est une méthode d’évaluation du segment antérieur de l’œil, à haut pouvoir de résolution.
– Elle permet de s’affranchir de tout contact cornéen.
– Elle trouve des applications dans l’exploration des affections cornéennes, de la chambre antérieure et de l’iris.
L’évaluation du segment antérieur fait partie intégrante de l’examen ophtalmologique. Les moyens d’investigation les plus courants sont l’examen en lampe à fente (biomicroscopie oculaire), l’imagerie Scheimpflug (utilisée exclusivement en ophtalmologie humaine) et l’échographie haute fréquence (appelée également UBM). L’échographie, à la différence des autres méthodes d’imagerie, nécessite un contact entre l’appareil et l’œil de l’animal qui s’accompagne de lésions potentielles ou de la déformation des structures examinées. L’examen de l’angle irido-cornéen exige également un contact cornéen et son interprétation reste délicate et subjective. Pour ces raisons, les appareils d’examen sans contact sont de plus en plus utilisés.
La tomographie par cohérence optique (OCT) est développée depuis le début des années 90 dans l’imagerie du segment postérieur de l’œil et de la rétine. Plus récemment, l’OCT du segment antérieur (OCT-SA) est apparue. D’abord réservée aux structures universitaires et de recherche, cette technique a profité des avancées techniques et électroniques. Depuis peu, des appareils de taille plus réduite sont disponibles sur le marché, accessibles aux cabinets ophtalmologiques privés, et éventuellement aux vétérinaires. L’OCT-SA permet de réaliser des coupes de haute résolution des différents milieux qui composent le segment antérieur.
La technique de l’OCT repose sur la mesure des interférences produites par le passage dans les tissus d’un rayon lumineux d’une longueur d’onde donnée. Ces interférences sont comparées au trajet d’un rayon lumineux de référence. Les images produites après traitement informatique sont comparables à celles de l’échographie conventionnelle, à la différence que l’OCT utilise un rayon lumineux et l’échographie un signal acoustique.
L’acquisition de l’image est réalisée au travers d’une répétition de coupes optiques (entre 1 000 et 10 000 par seconde) avec un pouvoir de résolution compris entre 10 et 25 µm, soit 10 à 25 fois plus puissant que l’UBM. En revanche, l’acquisition des images nécessite une immobilité totale du sujet, soit par anesthésie générale, soit par tranquillisation poussée.
L’OCT du segment antérieur s’appuie sur la mesure des interférences produites par le passage dans les tissus d’un rayon lumineux de longueur d’onde voisine de 1 310 nm. Ces radiations sont absorbées par la mélanine de la face antérieure de l’iris, ce qui limite l’examen de sa face postérieure et des corps ciliaires. Moins de 10 % du signal émis par l’OCT-SA atteint la rétine. L’OCT rétinienne utilise un signal dont la fréquence est de 830 nm.
La mesure de l’épaisseur cornéenne est un paramètre utile dans le diagnostic des affections de la cornée et en préalable aux kératectomies. Son épaisseur est évaluée selon 8 à 16 méridiens permettant d’établir une cartographie de l’épaisseur cornéenne (voir cliché 1).
Elle intervient aussi dans le cadre de l’interprétation précise de la mesure de la pression intra-oculaire. En effet, une cornée plus épaisse donne, en tonométrie par aplanation, une valeur de pression artificiellement plus élevée et, à l’inverse, une cornée plus mince fournira une valeur artificiellement plus faible. Le standard actuel chez l’homme pour la mesure de l’épaisseur cornéenne centrale est la pachymétrie par ultrasons. Les études réalisées en ophtalmologie humaine montrent une bonne corrélation entre cette méthode et l’OCT-SA. La répétabilité et la reproductibilité des mesures sont excellentes.
Les kératites microbiennes entraînent des pertes de substance cornéenne variables, mais qui peuvent mettre en jeu la vision. La profondeur de l’atteinte est le plus souvent estimée de manière subjective par la biomicroscopie. L’OCT-SA permet d’évaluer et de suivre avec précision les dimensions et l’intensité de l’atteinte bactérienne. De même, cette technique autorise une évaluation précise des ulcères (étendue et profondeur) avant une éventuelle intervention (voir clichés 2 et 4).
La profondeur d’implantation d’un corps étranger cornéen n’est parfois pas mesurable directement par la biomicroscopie. L’OCT-SA permet une évaluation précise de sa pénétration cornéenne et de ses conséquences. Elle apporte également des renseignements sur la gravité ou le caractère pénétrant des blessures de la cornée.
La précision de mesure de l’OCT-SA peut également être mise à profit dans l’évaluation préchirurgicale des séquestres cornéens. En effet, la connaissance précise de l’épaisseur de la kératectomie à réaliser est un élément important dans le choix de la technique chirurgicale (voir cliché 3).
L’imagerie OCT-SA permet de localiser avec précision les lésions stromales observées lors de dystrophies et dégénérescences cornéennes (voir cliché 5).
Sur un plan postopératoire, l’OCT-SA est indiquée dans l’évaluation des kératectomies lamellaires et dans les greffes conjonctivales ou de biomatériaux. Le positionnement des lentilles ou des dispositifs de protection, ainsi que la qualité d’une suture de cornée peuvent être évalués avec plus de précision qu’en biomicroscopie.
Les dimensions de la chambre antérieure sont couramment mesurées par échographie. En ophtalmologie humaine, il existe une excellente corrélation entre les mesures obtenues par échographie et par OCT-SA. L’avantage de cette dernière est l’absence de contact oculaire et de déformation provoquée par l’opérateur. En revanche, les mesures spécifiques d’angle à angle ne sont pas réalisables chez les carnivores en raison de la taille et de la courbure de leur cornée.
L’OCT-SA peut être utilisée également dans le diagnostic d’affections impliquant la chambre antérieure telles que les uvéites (présence de fibrine dans la chambre antérieure) de tumeurs ou de kystes iriens ou lors de luxation du cristallin.
La fermeture de l’angle représente une cause occasionnelle de glaucome chez le chien et le chat. Son dépistage permet une mise en place thérapeutique plus rapide. L’angle irido-cornéen, bien que peu accessible à l’OCT-SA par sa position sous-sclérale chez les carnivores, peut être mesuré avec précision à partir de la face postérieure de la cornée et de la face antérieure de l’iris. Cette précision est cependant inférieure aux mesures obtenues par l’échographie haute fréquence. Son utilisation dans le dépistage du glaucome à angle fermé reste à préciser.
L’examen de l’iris est limité à sa face antérieure en raison de la présence d’une pigmentation absorbant les rayonnements infrarouges. Seules les déformations antérieures sont détectables. La face postérieure et les corps ciliaires ne sont pas visibles avec ce type de matériel.
Rosolen S.G. : « Deux nouvelles techniques d’imagerie fonctionnelle », Le Point Vétérinaire. 221 : pp 12-13.
Rosolen S.G. et coll. : « Suitability of a novel human multimodal slit-lamp SD-OCT to image animal eyes », ARVO. Abstract n° 1727.
Isard P.-F. et Dulaurent T. : « L’imagerie SLO/OCT révolutionne le diagnostic », La Semaine Vétérinaire. 1375 : 32-33.
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