Conduire un audit parasitaire dans un élevage équin - La Semaine Vétérinaire n° 1467 du 21/10/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1467 du 21/10/2011

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : PHILIPPE CAMUSET*, SOPHIE PAUL-JEANJEAN**

Fonctions :
*président de la commission parasitologie de la SNGTV. Article tiré d’une conférence présentée aux journées 2011 de la SNGTV, à Nantes.

Contrairement aux pays du nord de l’Europe, la gestion médicale du parasitisme équin en France est fréquemment effectuée sans fondements scientifiques. L’approche est souvent individuelle, sans tenir compte de l’impact du groupe en termes d’excrétion parasitaire sur chacun de ses membres. Cette attitude peut conduire à une mauvaise gestion du risque parasitaire, mais aussi à l’induction de résistances aux antiparasitaires. Il faut tenir compte des espèces de parasites les plus dangereuses (cyathostomes, ténias, ascaris et gastérophiles) selon l’âge des animaux, les conditions d’élevage et la période.

Il est donc nécessaire d’envisager une approche mixte : individuelle pour les sujets en croissance, débilités, âgés ou de grande valeur économique, collective pour les autres. Cela permet de combiner une gestion épidémiologique de l’excrétion et de l’exposition parasitaire à la prévention des infestations des sujets à risque. Cette démarche peut s’intégrer au bilan sanitaire d’élevage.

CONDUITE DE L’AUDIT, ÉTAPE PAR ÉTAPE

1) Déterminer les parasites présents dans l’élevage

Certains parasites sont omniprésents et il n’est pas nécessaire de les objectiver qualitativement : cyathostomes (petits strongles) et gastérophiles chez les chevaux au pré, ascaris chez le poulain, voire le ténia. D’autres doivent être identifiés par coproscopie, recherche de copro-antigènes ou sérologie (ténia, strongylus, strongyloïdes chez le poulain, dictyocaules lors de copâturage avec les ânes, grande douve). Le risque parasitaire est d’autant plus élevé que la gestion antiparasitaire préalable n’a pas été efficace.

2) Cerner le contexte et le fonctionnement de l’élevage

Les activités du haras peuvent être impactées par le parasitisme. La taille de l’effectif a une influence sur la faisabilité de certaines mesures, notamment le suivi coproscopique individuel. La présence de nouveaux chevaux est susceptible d’introduire d’autres parasites, éventuellement résistants aux anthelminthiques, au sein de la population permanente.

3) Définir la composition de l’élevage

L’effectif total et la répartition des chevaux selon l’âge et la fonction est la première donnée à recueillir. Il convient de déterminer qui sont les résidents permanents, les chevaux en pension ou en transit. Les animaux sont répertoriés en séparant les juments, les foals, les yearlings, les étalons, les chevaux de 2 à 15 ans, ceux de plus de 15 ans, les chevaux en transit, les ânes et les bovins.

4) Recueillir les commémoratifs sur les traitements et les mouvements

Il s’agit d’avoir une idée de la gestion du parasitisme et de cerner les pratiques à risque : nombre et nature des traitements antiparasitaires effectués, conduite du pâturage dans sa globalité, mouvements d’animaux au sein de l’élevage. Un nombre élevé d’entrées de chevaux extérieurs est un facteur qui risque de rompre l’équilibre entre l’hôte et le parasite instauré dans l’élevage.

5) Examiner la conduite du pâturage et le logement

Il s’agit du temps le plus long de l’audit parasitaire de l’élevage. Il vise à décrire parfaitement les mouvements d’animaux dans les différentes parcelles de prairie, les paddocks, les séjours au box. à la fin de cette phase, le praticien doit être capable de décrire le trajet des animaux au cours d’une année (alternance de phases à l’intérieur et à l’extérieur, rotations de pâture, mélange de générations, introduction d’animaux étrangers).

6) Déterminer le risque parasitaire selon les lots et les classes d’âge

Ce risque est défini en fonction des parasites et des lieux de vie. Dès que les chevaux ont accès au pré, les premiers parasites à envisager sont les cyathostomes et les grands strongles. L’analyse précise de la conduite du pâturage permet d’estimer le risque d’infestation massive par ces parasites, les mesures médicales à mettre en place et les examens complémentaires nécessaires au contrôle de la stratégie adoptée.

Chez les poulains, le risque d’ascaridiose doit être systématiquement pris en compte, compte tenu du pouvoir pathogène de ces parasites et de la transmission mère-poulain quasi inéluctable. La strongyloïdose est aussi à envisager. Le téniasis et l’infestation par les gastérophiles sont évoqués en fin de saison de pâturage. L’oxyurose est évaluée selon le type de logement et la fréquence des séjours à l’intérieur. La fasciolose, la dictyocaulose et la spirurose sont prises en compte si nécessaire.

7) Prescrire des mesures médicales et agronomiques

Elles sont conseillées selon la classe d’âge. Cette phase est celle qui motive l’audit. Elle vise à élaborer une prescription antiparasitaire raisonnée en fonction du lot d’animaux.

8) Notifier les examens complémentaires1 et fixer les rendez-vous ultérieurs

Au minimum, un rendez-vous est fixé en automne, après la saison de pâturage. Un bilan de santé global du troupeau est effectué et les mesures de gestion du parasitisme sont élaborées pour la saison hivernale.

  • 1 Coproscopie, coproculture, sérologies, analyses sanguines.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur