Congrès ordinal à Bordeaux
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Auteur(s) : ORIANNE HURSTEL
Alors que l’année mondiale vétérinaire touche à sa fin, le congrès national de l’Ordre s’est tenu à Bordeaux, du 21 au 23 octobre derniers. Retour sur l’événement avec Michel Baussier, son président.
La Semaine Vétérinaire : Comment s’est déroulé votre premier congrès à la tête du Conseil supérieur de l’Ordre ?
Michel Baussier : L’organisation de ce congrès a été une réussite, du fait d’une excellente collaboration entre la vice-présidente du CRO d’Aquitaine, Corinne Bisbarre, et notre directrice de la communication, Anne Laboulais. Sur le fond, il a été marqué par une démarche nouvelle, de l’analyse à la synthèse, qui a pris appui sur les questions des 184 élus conviés au congrès. Nous avons ainsi établi un état des lieux depuis Amiens. Puis est venu le temps de l’action future à travers des ateliers, qui ont rencontré un franc succès (voir encadré). Enfin, le dernier jour, nous avons réuni les 20 présidents de région pour réaliser une synthèse. Les élus ont apprécié que leur parole soit totalement prise en compte de cette façon.
La S. V. : Quels en ont été, selon vous, les temps forts ?
M. B. : Le premier tenait à la présence de Bernard Vallat, président de l’OIE1 et de l’organisation de Vet2011, et de Pascale Briand, directrice générale de l’alimentation. Ces deux personnalités côte à côte étaient pour moi le symbole du rôle du vétérinaire dans le domaine de la santé publique mondiale. Dès 1761, Louis XV avait saisi le rôle et l’impact économiques du vétérinaire après les ravages de la peste bovine qui avait plongé les paysans dans la misère. Aujourd’hui encore, le vet for food est incontournable : près d’ un milliard de personnes ne mangent pas à leur faim, les besoins en protéines animales vont considérablement augmenter, d’où la nécessité d’assurer une production de bonne qualité et d’investir le vétérinaire dans le champ de la santé publique. Dans cet esprit, j’ai souhaité – et ce fut un autre temps fort – remettre la médaille de l’Ordre à Bernard Vallat pour signifier combien l’OIE travaille à l’excellence de la profession vétérinaire, en défendant l’existence dans chaque pays d’un organe ordinal fort.
La S. V. : Quels sont les messages clés qui vous ont été délivrés au cours du congrès ?
M. B. : Ils sont au nombre de 4 :
– stabiliser au plus vite le Code de déontologie sur la question de la communication, car les vétérinaires sont placés dans une situation délicate ;
– prendre le temps de réfléchir au statut de l’auxiliaire dans le cadre de l’acte vétérinaire ;
– se pencher sur les grandes questions de protection animale ;
– lancer, quelle que soit la réponse du Conseil constitutionnel, la réforme de l’organisation ordinale.
La S. V. : Vous avez été élu voilà bientôt un an. Quels ont été vos dossiers prioritaires ?
M. B. : Je me suis mobilisé pour Vet2011. Il y a eu la conférence globale sur l’enseignement vétérinaire en mai, en présence de tous les doyens des facultés vétérinaires du monde. En même temps, j’ai participé au comité chargé d’étudier la réforme du cursus et j’ai réalisé, à ce titre, une quarantaine d’auditions de personnalités. La négociation autour de l’acte vétérinaire, débutée en 2010, a abouti à la publication des décret et arrêté que l’on sait.
La France est le premier État de l’Union européenne à avoir intégré, dans sa Loi, la définition de l’acte vétérinaire proposée par la Fédération vétérinaire européenne.
Je me suis investi dans le dossier de la biologie médicale, porté à bout de bras par des personnes comme le professeur Parodi. Nous avons perdu, je suis déçu.
Le dossier du médicament m’occupe aussi beaucoup. Je trouve dommage que les autorités tardent tant à publier le plan national de lutte contre l’antibiorésistance en médecine vétérinaire.
La S. V. : Quelles problématiques pour l’Ordre aujourd’hui ?
M. B. : L’une des missions phares de l’Ordre est de tenir les chiffres de la démographie professionnelle. Je veux que ce soit inscrit dans la Loi.
Du côté du secteur public, je considère comme une évidence et une obligation pour les enseignants des écoles vétérinaires d’être inscrits au tableau de l’Ordre et soumis au Code de déontologie dès lors qu’ils ont des activités cliniques.
La problématique des frais de justice préoccupe nos confrères : il est injuste que les personnes déboutées de leur plainte ne soient pas tenues au paiement des dépens de la procédure disciplinaire.
La S. V. : Quel bilan à fin 2011 et quels objectifs à l’horizon 2012 ?
M. B. : Si Vet2011 n’a pas eu autant d’écho que nous l’aurions souhaité auprès du praticien, elle a permis une communication mondiale positive autour de la profession.
Concernant l’acte vétérinaire, je suis heureux qu’à titre symbolique nous ayons obtenu la mise en place de sanctions équivalentes à l’exercice illégal de la médecine humaine : c’est un message fort pour la médecine vétérinaire, reconnue comme une mission de santé publique.
Il reste néanmoins de grandes batailles à mener, notamment celle du médicament vétérinaire. Il faut parvenir à mobiliser toute la profession pour conserver le guichet unique. Les praticiens ont, sans nul doute, une compétence en pharmacologie vétérinaire dont les pharmaciens sont dépourvus. Mais ils ne sont ni juristes ni administratifs : leur point faible, ce sont leurs ordonnances mal rédigées, au risque de mésusage. Nous avons donc décidé d’organiser un “tour de France du médicament”, pour aller au-devant des praticiens et leur expliquer comment, par une pratique irréprochable, ils doivent être les premiers défenseurs de cette compétence globale unique. Je souhaite, avec eux, faire valoir ce service global (médecine, chirurgie, pharmacie) plus économique, plus proche, plus efficace.
De même, promouvoir l’excellence du diplôme vétérinaire, qui ne doit pas être réduit à un mode d’accès à l’exercice, mais conférer la possibilité d’aller à la conquête d’autres métiers. Dans la lignée du comité de haut niveau, je défends l’idée d’une conférence des 4 écoles pour une plus grande cohérence des enseignements et une cohésion des corps enseignants. Quant au cursus, il doit réserver une part plus importante à l’anglais, mais également à la déontologie et au management. Enfin, nous voulons défendre le développement d’un tutorat interne autour d’un véritable contrat tripartite entre l’étudiant, le maître de stage et l’école.
Le 22 octobre au matin, 6 ateliers étaient proposés aux congressistes :
< atelier trésorerie, animé par la trésorière de l’Ordre ;
< atelier “cohérence ordinale et communication” autour des nouvelles règles de communication pour les cabinets et les cliniques ;
< atelier “pharmacie vétérinaire” (antibiorésistance, bonnes pratiques de prescription, guichet unique, les 3 ayants droit);
< atelier “logiciel Ordre vétérinaire”, par Jacques Guérin, en coordination avec les conseils régionaux ordinaux pour établir des chiffres fiables et exploitables destinés à l’observatoire de la profession ;
< atelier “statut des sociétés”, mis en place devant la complexification des règles en la matière : une juriste répond désormais en direct aux 20 conseils régionaux et est en charge de l’examen de ces sociétés ;
< atelier “droit et procédures disciplinaires” : selon Michel Baussier, la procédure disciplinaire, obsolète (1947) et mal rédigée, nécessite une évolution assurant une meilleure séparation entre l’administratif et le disciplinaire au sein des organes ordinaux.
Parallèlement, les 20 présidents de chambre se sont réunis au palais de justice de Bordeaux. Une initiative appréciée que cet espace d’échanges et qu’ils souhaitent voir reconduit lors du prochain congrès à Lyon, en 2014.
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