Les avortements au cœur de l’actualité

Succès pour les 21^e rencontres du Groupement technique vétérinaire (GTV) Rhône-Alpes, ce 13 octobre, sur le campus de VetAgro Sup à Lyon.

Le sujet de la matinée, les avortements chez les ruminants, a été fédérateur. L’actualité, avec la mise en place du dépistage de la fièvre Q dans 10 départements français pilotes, et le statut bientôt indemne de brucellose de la France, explique sans doute l’intérêt suscité. Tous les intervenants (Pierre Guérin et Michel Pépin, enseignants à VetAgro Sup, Dominique Remy, enseignant à l’école d’Alfort et Hervé Doz, praticien en Ardèche) ont insisté sur le risque zoonotique lié aux avortements. Par exemple, comme la fièvre Q se transmet par contact, à travers la peau saine (comme la brucellose) et par inhalation, les confrères sont invités à se protéger. De même, une praticienne enceinte qui intervient en obstétrique doit être particulièrement vigilante. Le vétérinaire sanitaire est aussi tenu d’informer l’éleveur de ces risques pour lui, sa famille et son personnel, notamment féminin, et de lui rappeler les mesures de protection et de prévention sanitaire.

Le vétérinaire responsable du transport des échantillons

De plus, la réglementation de l’acheminement des prélèvements biologiques au laboratoire se renforce. Le vétérinaire en est responsable et peut être mis en cause lors de la contamination du personnel qui les transporte ou les reçoit, si l’emballage est inapproprié. Le prélèvement doit être de qualité (récolte, conditions d’envoi, conservation) et accompagné d’une anamnèse détaillée. En effet, bien que la polymerase chain reaction (PCR) et l’Elisa supplantent les autres méthodes de diagnostic (respectivement direct et indirect), l’interprétation d’un résultat demeure réalisée en regard des paramètres cliniques et épidémiologiques.

Résurgence massive de l’agalactie contagieuse

L’après-midi, Bernard Lesobre, praticien en Savoie, a invité les confrères à déterminer la gravité d’une affection post-partum chez la jument, afin d’intervenir en urgence et/ou de référer rapidement.

Des résultats de sujets d’actualité ont aussi été présentés. Ainsi, Christophe Manteca (laboratoire Ceva) a souligné que le déficit d’abreuvement est un facteur de risque majeur d’apparition de l’entérotoxémie, qui touche surtout les plus beaux des jeunes bovins allaitants, d’autant que l’éleveur n’en a souvent pas conscience. Denis Grancher, enseignant à Vet­Agro Sup, a rappelé que les mycotoxicoses, bien que rares, ne sont pas un mythe. Ces intoxinations, dont la symptomatologie est variée et peu spécifique, sont sous-diagnostiquées, car mal connues. Des troubles similaires, qui apparaissent subitement chez un grand nombre d’animaux, sont évocateurs de la maladie. Des analyses groupées, proposées par certains laboratoires, sont désormais financièrement abordables. Enfin, François Poumarat, de l’Anses Lyon, a présenté quelques résultats d’épidémiosurveillance des mycoplasmoses en France par le réseau Vigimyc. Notamment, si M. bovis reste prédominant dans les pneumopathies des jeunes bovins, M. agalactiae (agalactie contagieuse) connaît une résurgence massive depuis 2007 chez les ovins. La pleuropneumonie contagieuse caprine (M. capricolum sp. capripneumoniae) reste une maladie exotique mais, compte tenu de son actuelle extension géographique, la vigilance s’impose, notamment lors d’épisodes respiratoires aigus avec une forte mortalité chez les caprins.