Dossier
Auteur(s) : CÉLINE CARLES*, KARIM ADJOU**, MANON LE MAIRE***
Entre 2000 et 2010, une exploitation sur quatre a disparu en France. Ce phénomène s’observe également à l’échelle européenne pour la même période. La tendance est à la concentration au profit des très grandes exploitations. Le secteur de l’élevage n’est pas épargné. Les petits élevages bovins laitiers ont pratiquement disparu et les grands élevages progressent. Malgré une forte baisse, 30 % des moyennes et des grandes exploitations sont spécialisées en bovins, devant les grandes cultures (23 %) et la viticulture (15 %).
A l’instar du nombre d’actifs agricoles, celui des exploitations ne cesse de décroître depuis 10 ans, selon le recensement décennal publié par le ministère de l’Agriculture en septembre dernier. La France métropolitaine compte 490 000 exploitations versus 660 000 en 2000, soit une baisse de 26 %. Même si son rythme s’est ralenti par rapport à la décennie précédente (– 3 % par an versus – 3,5 %), cette diminution concerne surtout l’élevage, la polyculture-élevage et la viticulture. Les petites et les moyennes exploitations sont les plus touchées. Le nombre de grandes exploitations reste stable, avec une tendance à la progression pour les très grandes (voir graphique 1 en page 28). Les exploitations de grandes cultures résistent mieux, notamment celles qui produisent des céréales et des oléprotéagineux (voir graphique 2). Tandis que le nombre d’exploitations diminue, la superficie agricole se maintient et couvre plus de la moitié du territoire national. Par conséquent, les exploitations se sont agrandies depuis 2000 : la taille moyenne est passée de 42 ha à 55 ha. Un quart des exploitations comprend moins de 6 ha, ou, à l’inverse, ont plus de 82 ha.
Les exploitations sont de plus en plus vastes et il y a de moins en moins de paysans. Toutefois, le secteur agricole emploie encore près d’un million de personnes, dont le niveau de qualification ne cesse de s’élever. Le nombre d’exploitants a reculé de 21 % entre 2000 et 2010, versus 34 % entre 1988 et 2000. Le renouvellement fait défaut, car la plupart des actifs sont âgés et la relève n’est pas assurée. Seulement 19 % des chefs d’exploitation ont moins de 40 ans. 30 % d’entre eux travaillent dans des fermes spécialisées en élevage bovin, ovin ou caprin et 20 % dans des exploitations de grandes cultures. La diminution du nombre d’agriculteurs est néanmoins limitée par le développement des formes sociétaires. Le statut des conjoints, en particulier des femmes, souvent déclarées coexploitantes, est mieux pris en compte, avec une protection juridique et sociale renforcée. Le nombre de coexploitants a ainsi progressé de 26 800 en 2000 à 37 500 en 2010. Même si plus de la moitié des épouses d’agriculteurs ne travaillent pas avec leur mari, celles qui restent ont un meilleur statut. Les femmes représentent désormais 27 % des chefs d’exploitations et des coexploitants.
La quasi-totalité des petites exploitations conservent un statut individuel. En revanche, un plus grand nombre de moyennes et de grandes exploitations ont opté pour le statut d’EARL1 (25 % en 2010 versus 14 % en 2000). Les GAEC2, qui sont des sociétés civiles majoritairement familiales, restent quant à eux dans les mêmes proportions qu’en 2000.
Les petites exploitations utilisent en moyenne l’équivalent de 0,6 UTA3 et la moitié des agriculteurs de moins de 40 ans exercent une activité autre qu’agricole. La proportion des doubles actifs diminue avec l’augmentation de la taille des exploitations. Ainsi, dans les moyennes exploitations (qui utilisent 1,4 UTA), 15 % des chefs d’exploitation occupent un autre emploi, et seulement 6 % dans les grandes (qui utilisent 2,7 UTA). Par ailleurs, en ne contribuant plus que pour 12 % à l’activité des fermes versus 19 % en 2000, la famille non coexploitante s’implique moins qu’avant. La part du salariat devient donc plus importante : 17 % du travail est assuré par des salariés permanents (hors cadre familial), contre 14 % en 2000. L’emploi par groupements d’employeurs agricoles s’est accru et concerne 8 % des salariés permanents. Un tiers des grandes exploitations salarient au moins un permanent.
Par rapport à 2003, 1 exploitation sur 5 a disparu dans l’Europe des 27, selon Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne. Les plus fortes baisses sont recensées en Estonie (- 46,6 %), en Bulgarie (- 42,2 %), en Lettonie (- 34,4 %) et en Pologne (- 30,7 %). Cependant, la superficie agricole n’a diminué que de 2 %, ce qui indique une tendance à de plus grandes exploitations. La taille moyenne a en effet progressé de 2 ha, pour se situer à 14 ha en 2010. De grandes disparités existent entre les États membres : les plus petites exploitations se trouvent en moyenne à Malte (0,9 ha par exploitation), les plus grandes en République tchèque (152,4 ha).
La Roumanie compte le nombre le plus élevé d’exploitations (3,9 millions) des 27 pays de l’Union européenne (voir graphique 3). La France est en 7e position avec 514 000 exploitations (France métropolitaine et départements d’outre-mer). En revanche, notre pays concentre la plus grande SAU4 avec 15,9 % de la SAU totale devant l’Espagne, l’Allemagne et le Royaume-Uni.
L’élevage bovin constitue la première orientation économique de l’agriculture française, avec 30 % des moyennes et grandes exploitations. En 2010, le cheptel bovin comptait 19 400 000 têtes versus 20 300 000 en 2000. Cette baisse concerne surtout les troupeaux laitiers dont le nombre a régressé de 11 % (soit une perte de 476 000 vaches en 10 ans), alors que celui des vaches nourrices n’a baissé que de 5 %. Le cheptel bovin allaitant s’est développé en 30 ans de manière inverse aux effectifs de vaches laitières. Avec la mise en place des quotas laitiers en 1984 et les réformes successives de la PAC5, la hausse de la productivité des vaches laitières a conduit à la diminution de leur nombre (environ 7 000 000 au milieu des années 80, 3 700 000 aujourd’hui) pour une production de lait inchangée. À l’inverse, le cheptel de vaches allaitantes est passé de 2 900 000 têtes à 4 100 000 aujourd’hui (voir graphique 4).
La diminution des effectifs est cependant moins prononcée que celle du nombre d’élevages bovins, qui est en chute libre depuis 2000 : 36 % des exploitations de vaches laitières et 27 % des exploitations de vaches allaitantes ont disparu. Les plus affectés sont les petits élevages mixtes, les naisseurs, les naisseurs-engraisseurs et les élevages laitiers dont les quotas sont inférieurs à 200 000 l. À l’opposé, les fermes qui disposent d’un quota supérieur à 200 000 l et les engraisseurs de bovins mâles sont plus nombreux. Les exploitations bovines poursuivent leur restructuration, qui profite aux grands élevages, et cette évolution s’accompagne d’une augmentation de la taille des troupeaux. En 10 ans, les effectifs moyens par élevage sont passés de 33 à 45 vaches laitières et de 26 à 34 vaches allaitantes (voir graphique 5).
1 Exploitation agricole à responsabilité limitée.
2 Groupements agricoles d’exploitation en commun.
3 Unité de travail annuel.
4 Superficie agricole utilisée.
5 Politique agricole commune.
Pour suivre l’actualité du recensement agricole : http://www.agreste.agriculture.gouv.fr
La redéfinition de la PAC présentée par le commissaire européen chargé de l’agriculture, le Roumain Dacian Ciolos, le 12 octobre dernier, compte engager les agriculteurs sur une voie plus verte. Il est en effet proposé qu’une partie des aides soit accordée selon des critères environnementaux, tels que les pâturages permanents, la diversification des cultures et la préservation des réservoirs de biodiversité ou d’éléments de paysages sur au moins 7 % des terres arables. La réforme vise également un plafonnement des aides. Ces dernières seront dégressives à partir de 150 000 € par an et par ferme, et ne pourront pas dépasser 300 000 €.
Certains pays (dont l’Allemagne et le Royaume-Uni) y sont farouchement opposés, car ils craignent un morcellement de leurs grandes exploitations. Par ailleurs, la Commission a prôné un montant unique par hectare, fixé à 90 % de la moyenne européenne, qui s’élève actuellement à 270 €.
Cependant, un équilibre équitable des aides est loin d’être atteint. La France reste le premier bénéficiaire et perd relativement peu, contrairement aux pays d’Europe de l’Est qui continueront à toucher des primes à l’hectare nettement inférieures à la moyenne européenne.
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