Entre nous
FORUM
Auteur(s) : CÉLINE CARLES
Véronique Luddeni, praticienne à Saint-Martin Vésubie (Alpes-Maritimes).
En tant que femme, j’ai toujours redouté les maladies zoonotiques telles que la brucellose, la fièvre Q ou la chlamydiose avec la manipulation des troupeaux. Malgré toutes les précautions prises, en mettant systématiquement une paire de gants, voire deux quand j’étais enceinte, j’ai contracté la fièvre Q qui m’a particulièrement affectée physiquement. C’est pourquoi j’insiste sur les mesures de précaution auprès de mes jeunes collaboratrices. La prévention est essentielle, comme en témoigne le registre obligatoire relatif à la gestion des risques des salariés, qui a le mérite de hiérarchiser les risques et d’en informer l’équipe.
Par ailleurs, aucun vétérinaire n’est à l’abri d’une ruade, d’un coup de cornes ou d’une morsure. Une approche calme et douce est nécessaire pour limiter l’anxiété de l’animal. L’important est de travailler dans des conditions sécurisées, en prenant le temps de réfléchir à des moyens de contention efficaces. Rien ne sert de jouer les héros si l’animal est récalcitrant ! Il ne faut pas non plus relâcher sa vigilance sous prétexte que nous maîtrisons la situation après plusieurs années de pratique.
Cependant, trop mettre en avant les dangers auxquels nous sommes exposés tend à “diaboliser” notre profession. Personnellement, les risques sont occultés par le plaisir et la satisfaction que me procure l’exercice en zone de montagne. Cette activité, que j’ai choisie par passion, est si exaltante que je ne retiens que les aspects positifs.
Hervé Névo, praticien à Chantepie (Ille-et-Vilaine).
J’ai rarement été mordu ou griffé au point d’avoir une blessure handicapante dans mon exercice. Pourtant, la dernière morsure en date m’a laissé une cicatrice au-dessus de l’œil, ainsi qu’une belle frayeur ! Chaque année, je suis amené à vacciner un chien connu pour son excessive agressivité. Malgré ses grognements, j’ai toujours réussi à lui pratiquer les injections grâce à la contention musclée de son propriétaire. Mais l’an dernier, au moment où je me suis accroupi derrière lui, tout en discutant avec son maître, le chien est parvenu à se retourner subitement et à me mordre au niveau de l’arcade sourcilière. Le propriétaire a alors eu le réflexe de rattraper l’extrémité de la laisse qui lui avait échappé, pour retenir son chien et me sauver de ses crocs. Cette fois-là, j’avoue avoir eu peur. J’ai été à la fois trop confiant et pas assez attentif. Au lieu de me concentrer sur le chien, j’ai discuté avec son maître, et je n’ai pas vu arriver le danger.
Cependant, les risques ne viennent pas toujours des animaux. Que ce soit au comptoir vis-à-vis des auxiliaires ou en garde et en particulier la nuit, nous avons parfois affaire à des clients facilement irritables et capables de proférer des menaces si nous ne satisfaisons pas leur demande. Cette insécurité me semble plus palpable maintenant qu’auparavant. C’est peu rassurant.
Catherine Jallat, praticienne à Vif (Isère).
Pour les femmes vétérinaires libérales, la grossesse est la période où la prise de risque est la plus importante. Il est en effet plus pénible de se tenir debout toute la journée et de soulever les gros chiens. Notre sensibilité aux zoonoses parasitaires est accrue et nous oblige à manipuler certains animaux avec des gants. Personnellement, je n’étais pas immunisée contre la toxoplasmose. Je me lavais donc les mains beaucoup plus souvent que d’habitude et je laissais à mon ASV le soin de nettoyer les litières au chenil. En théorie, s’exposer aux rayonnements ionisants est interdit, mais quand on exerce seule, il faut trouver des astuces pour continuer à faire des radios. C’est pourquoi je tranquillisais les animaux de façon à ne pas les tenir et à pouvoir déclencher l’appareil à distance grâce à un fil, en étant à l’extérieur de la salle.
En outre, l’utilisation de certains produits, potentiellement dangereux, exige plus de vigilance. C’est le cas des hormones abortives, des colorants de kits diagnostiques ou encore des produits de développement radio. Cependant, à ces risques physiques s’ajoute un risque psychologique, plus subtil. L’une des difficultés de notre métier est de parvenir à composer entre vie professionnelle et vie privée. J’ai fait le choix de travailler seule, mais je peine parfois à trouver le bon rythme ! Quand je me sens épuisée et pas assez opérationnelle, je m’octroie une pause pour prendre du recul. C’est vital pour mon équilibre.
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