Thérapeutique en pneumologie chez les NAC - La Semaine Vétérinaire n° 1473 du 02/12/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1473 du 02/12/2011

Formation

NAC

Auteur(s) : CHRISTOPHE BULLIOT*, FRÉDÉRIC VLAEMYNCK**, ADELINE LINSART***

Fonctions :
*Exotic Clinic, Nandy (Seine-et-Marne)
**Caduvet, Loos-lez-Lille (Nord). Article tiré d’une conférence présentée au congrès du Genac, en septembre 2011, au Puy-du-Fou (Vendée).

Points forts

– L’utilisation d’un humidificateur d’air et d’un mouche-bébé chez les petits mammifères facilite leur prise en charge.

– Les corticoïdes sont à réserver au furet.

– L’oxygène est le premier médicament à administrer à un animal dyspnéique.

– L’aérosolthérapie offre la meilleure balance risque-bénéfice lors d’atteinte respiratoire chez les NAC.

En pneumologie, les traitements ne reposent pas sur la simple prescription de molécules médicamenteuses. Ils requièrent également des mesures hygiéniques et environnementales, qui sont trop souvent négligées.

CORRECTION DES FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX

Toute atteinte respiratoire chez les nouveaux animaux de compagnie nécessite une anamnèse et des commémoratifs précis en vue d’identifier des facteurs environnementaux favorisants, qui seront ensuite corrigés. Le praticien examine attentivement les conditions de vie de l’animal : cage en plexiglas qui ne permet pas la ventilation, températures inadaptées, usage de tabac ou de désodorisants en présence de l’animal, litière poussiéreuse ou à base de résineux, fréquence de son renouvellement insuffisante, etc.

Parmi tous ces facteurs, l’hygrométrie est rarement prise en compte. Pourtant, l’atmosphère sèche des habitats, notamment en période hivernale, accentue les symptômes de maladie respiratoire. La mesure de l’hygrométrie et l’utilisation d’un humidificateur d’air sont des techniques simples et peu coûteuses qui améliorent la prise en charge de l’animal.

Lors d’atteinte respiratoire haute, les sécrétions nasales encombrent souvent les narines des rongeurs et du lapin, des espèces qui ne respirent que par le nez. Il convient de leur nettoyer régulièrement les narines et, chez les sujets les plus tolérants et de grande taille, d’utiliser un mouche-bébé. Chez les reptiles, l’augmentation de la température du point chaud par rapport à la température moyenne préférentielle renforce le système immunitaire et améliore l’efficacité du traitement instauré. Les oiseaux bénéficieront également du recours à une lampe chauffante. Enfin, l’animal malade doit être maintenu à l’écart de ses congénères.

ANTIBIOTIQUES ET ANTI-INFLAMMATOIRES

→ Les germes les plus régulièrement incriminés en pneumologie des petits mammifères sont les pasteurelles, les staphylocoques et les bordetelles, ainsi que Moraxella sp, Pseudomonassp, Mycobacterium sp, Fusobacterium sp et Prevotella. Un antibiotique qui offre une large diffusion tissulaire, un spectre efficace contre les germes les plus fréquents et une bonne tolérance est prescrit durant 15jours au minimum (quinolones, association sulfamides-triméthoprime, chloramphénicol). En outre, il convient de ne pas négliger le recours aux anti-inflammatoires. L’emploi de corticoïdes par voie orale est possible chez le furet : leur effet bronchodilatateur et antisécrétoire se révèle bénéfique. Chez les autres espèces, mieux vaut préférer les anti-inflammatoires non stéroïdiens (méloxicam, carprofène). Même si leurs effets sur l’arbre respiratoire ne sont pas aussi intéressants, ils procurent souvent une amélioration notable des symptômes et un meilleur confort pour l’animal.

→ Les cobayes présentent assez régulièrement des pharyngites fongiques (candidose) qui rétrocèdent à un traitement adapté (amphotéricine B).

→ Chez les oiseaux, la chlamy-dophilose est une zoonose à connaître. Cette affection peut évoluer sous une forme chronique plus ou moins symptomatique ou s’exprimer par une sinusite, des troubles respiratoires, voire une atteinte systémique. La doxycycline et les quinolones sont efficaces. En pneumologie, les autres germes rencontrés chez les oiseaux sont Pseudomonas, les staphylocoques, les pasteurelles, les mycobactéries, Listeria sp, Enterococcus sp et Citrobacter. Chez les reptiles, Aeromonas et Pseudomonas sont à l’origine de la majorité des affections respiratoires.

→ Les atteintes virales de l’arbre respiratoire sont fréquentes chez les tortues terrestres qui présentent des rhinites herpétiques, particulièrement visibles au sortir de l’hibernation.

→ Des atteintes respiratoires d’origine parasitaire sont courantes chez le hérisson. Elles sont provoquées par Capillaria. La vermifugation répétée au lévamisole réduit les symptômes.

→ Une origine mécanique au trouble respiratoire est souvent observée chez le chien de prairie. L’odontome, une dysplasie des racines des incisives supérieures, provoque un comblement progressif des fosses nasales à l’origine d’une dyspnée grave.

OXYGÉNOTHÉRAPIE

Chez un animal qui présente une détresse respiratoire brutale, l’oxygénothérapie et l’isolement sont les mesures prioritaires à instaurer. La manipulation d’un NAC dyspnéique ne fait qu’aggraver l’anxiété liée à l’hypoxie et majore le risque de mortalité à court terme.

AÉROSOLTHÉRAPIE

L’animal est placé dans un incubateur ou dans une petite cage recouverte d’un sac plastique ou d’une serviette épaisse, au calme. En effet, une respiration tranquille et ample favorise le dépôt des particules de petite taille (inférieure à 4 µm) dans l’arbre trachéobronchique, tandis qu’une respiration rapide et saccadée ne permet le dépôt des particules que dans les voies respiratoires supérieures. La cuve de nébulisation est placée devant la cage, ce qui permet la diffusion des principes actifs au plus près du sujet. Une surveillance étroite est requise les premières fois. Certains animaux sont susceptibles de présenter des états de panique (bruits et odeurs inconnus) ou de souffrir de la chaleur. En effet, dans une cage de petite taille, la température augmente rapidement si la séance de nébulisation se prolonge. Sa durée n’excédera pas 20 minutes afin de limiter le stress et éviter une fluidification trop importante des sécrétions bronchiques (“inondation bronchique”).

Les bénéfices de l’aérosolthérapie sont en premier lieu liés à l’humidification des sécrétions bronchiques, qui permet un meilleur dégagement des voies respiratoires. L’administration de molécules actives directement sur le site de l’infection est également intéressante. Leurs effets secondaires sont ainsi réduits. L’utilisation par voie respiratoire de médicaments contre-indiqués par voie orale ou parentérale (la gentamicine chez le lapin et les rongeurs, par exemple) devient alors possible. En vue de limiter la résorption orale des produits administrés (toilettage), les animaux sont séchés après la séance d’aérosolthérapie. La cuve de nébulisation et les tuyaux sont rincés à l’eau chaude.

Les solutions déposées dans la cuve de nébulisation sont stériles, isotoniques, de pH neutre et ne présentent pas d’incompatibilités médicamenteuses. Des molécules hydrosolubles, qui bénéficient d’une excellente nébulisation, mais qui sont peu résorbées par voie orale (en cas de toilettage), sont à préférer. En pratique, le Gomenol(r)1 ou Pul Phyton(r) sont couramment utilisés. L’adjonction d’antibiotiques et/ou de corticoïdes est possible. Les posologies des molécules utilisées en aérosolthérapie ne dépassent pas celles préconisées par voie parentérale chez l’espèce considérée.

  • 1 Pharmacopée humaine.

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