Congrès porcin de l’AFMVP
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SANTÉ ANIMALE
Auteur(s) : NATHALIE DEVOS
Au Pays-Bas, le plan de réduction instauré en 2009 semble porter ses fruits.
L’antibiorésistance n’est pas un sujet nouveau », a déclaré notre confrère Sylvain Blaisot en introduction des dernières journées de l’Association française de médecine vétérinaire porcine (AFMVP)1. Des articles consacrés à ce sujet figuraient déjà il y a près de 30 ans dans les colonnes de journaux professionnels2 ou grand public3. Aujourd’hui, les antibiotiques sont sur la sellette médiatique et la filière porcine n’est pas épargnée. Alors, que faire ? « Certes, utiliser moins et mieux nos antibiotiques, se tourner vers des alternatives (phytothérapie, huiles essentielles, nanotechnologies ?), mais aussi montrer ce que l’on fait et qu’on le fait bien ! Il y a également lieu de garder notre esprit critique et de ne pas tomber dans le moule de la pensée dominante », estime Sylvain Blaisot.
La filière est proactive dans le domaine de l’antibiorésistance. Un groupe de travail a d’ailleurs publié un consensus, présenté par Sylvie Chouët, afin de limiter l’utilisation des céphalosporines de 3e et 4e générations. Celui-ci propose que ces dernières ne soient jamais prescrites en 1re intention ou en utilisation systématique. Si elles le sont, ce n’est qu’après la réalisation d’un antibiogramme qui exclut tout recours à un autre antibiotique, et avec un suivi de la résistance tous les 6 mois selon les mêmes modalités. Des dérogations sont proposées pour les infections respiratoires suraiguës au cours du dernier mois d’engraissement sur une durée limitée, et qui nécessite une intervention rapide ne cadrant pas avec le délai d’obtention d’une analyse et d’un antibiogramme. Notre consœur ajoute que pour le suivi de ce consensus sur le terrain, une collaboration avec le CTPA4 est envisagée. Par le biais d’associations techniques vétérinaires, une collecte d’informations sur les prescriptions des C3G et C4G pourra ainsi être effectuée et analysée, de même qu’un recensement sur le nombre de vétérinaires qui s’engagent à appliquer le consensus.
Représentant le groupe de travail “Aliments médicamenteux – vétérinaires prescripteurs”, Élisabeth Chabeauti a, quant à elle, rappelé l’importance de conserver la possibilité de soigner les animaux par voie orale via l’aliment (avantages liés à l’observance, la sécurité et la traçabilité), en insistant sur le fait que le vétérinaire prescripteur doit rester le 1er maillon incontournable du circuit de l’ordonnance.
Si les travaux de lutte contre l’antibiorésistance s’accélèrent en France, qu’en est-il ailleurs ? Notre confrère Bas Kolpa explique qu’aux Pays-Bas, un plan national de réduction d’utilisation des antibiotiques a été instauré en 2009, avec des échéances de réduction de 20 % fin 2011 et de 50 % en 2013. Il indique que si ces objectifs ne sont pas atteints, les vétérinaires pourraient perdre leur droit de délivrance. Depuis le 1er janvier 2011, les prescriptions vétérinaires par élevage sont soumises à déclaration obligatoire aux pouvoirs publics via le système informatique Vetcis. Aujourd’hui, plus de 99 % des cheptels sont sous surveillance. Les résultats de cette fin d’année montrent une réduction d’emploi des antibiotiques de 25 % par les vétérinaires. L’accent a été mis sur la biosécurité, les stratégies alimentaires et la vaccination (aux Pays-Bas, 40 % des élevages sont vaccinés contre les mycoplasmes et 70 % contre le circovirus). Nos confrères néerlandais disposent également de référentiels de molécules utilisables par espèce et par affection. La tendance est également au traitement individuel des seuls animaux malades plutôt qu’au traitement collectif. Bas Kolpa indique qu’aujourd’hui, la vente d’antibiotiques ne représente qu’environ 8 % du revenu d’un vétérinaire praticien. 50 % proviennent de son activité de conseil, et le reste de cours en université ou de participation à des études de laboratoire. Notons aussi que nos confrères ont l’obligation d’aller tous les mois dans les élevages dont ils sont responsables (soit 12 visites au minimum par an et par élevage à 120 à 200 € de l’heure).
1 Les 1er et 2 décembre derniers à l’ENVA.
2 Voir La Semaine Vétérinaire n° 322, février 1984.
3 Le Télégramme, 1986.
4 Centre technique des productions animales.
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