Formation
ANIMAUX DE PRODUCTION/BOVINS
Auteur(s) : BÉATRICE BOUQUET*, ADRIAN STEINER**
Fonctions :
*chirurgien à la Clinique des ruminants, université de Berne (Suisse). Article tiré de la conférence présentée lors de l’European Buiatrics Forum en novembre 2011 à Marseille.
Les interventions chirurgicales en médecine bovine dépendent totalement du coût économique de l’animal. Rares sont les bovins dont la valeur est telle qu’il est possible de pratiquer la meilleure chirurgie. Selon une enquête récente, seulement 3 % des vétérinaires déclarent brosser les sites chirurgicaux 3 fois de suite avec un savon désinfectant (technique courante dans toutes les autres espèces). Uniquement 6 % portent un masque et 9 % ne mettent pas de gants.
Les interventions chez des bovins “tout-venant” devraient être pratiquées dans les exploitations, sans personnel, avec une préparation courte (pour limiter le stress de l’animal), un faible temps d’attente et un pronostic favorable. Le recours à la laparoscopie pour les opérations de caillette répond à tous ces critères.
L’amputation du doigt peut toujours être proposée lors d’arthrite septique ascendante de l’articulation interphalangienne distale (voir photo). Il existe pourtant des solutions alternatives, par exemple la résection des tissus infectés et le curetage chirurgical. Cependant, la disparition de la boiterie et le retour en production sont moins précoces avec ces techniques plus “lourdes”. L’amputation reste toutefois un geste chirurgical, alors qu’au Royaume-Uni des pareurs la proposent1.
Le coût du traitement ne prime pas pour le propriétaire. L’intervention chirurgicale est alors réalisée dans une clinique spécialisée, sous anesthésie générale. Des temps d’attente longs sont acceptés. La pratique rejoint les standards de la médecine équine. Par exemple, un taureau présentant une atteinte septique du tendon fléchisseur profond du doigt a subi un flushing sous endoscopie à Berne, car le propriétaire souhaitait un rapide retour en production de gamètes.
Autre exemple, une fracture mandibulaire a été traitée pour des raisons cosmétiques (animaux d’exposition). Un scanner (consécutif à une radiographie) a même été effectué pour une indigestion chronique du rumen, permettant de mettre en évidence un kyste thoracique liquidien et de réaliser une intervention chirurgicale, à la demande du propriétaire et malgré les réserves du chirurgien.
À l’avenir, tout geste chirurgical intégrera une réflexion sur l’antibiothérapie, face au développement des résistances. 76 % des chirurgiens bovins en pratique courante prescrivent actuellement un antibiotique, mais combien connaissent et respectent les standards aujourd’hui reconnus dans d’autres espèces ? Il convient pourtant d’éviter les antibiotiques sensibles pour la médecine humaine, de ne pas administrer d’antimicrobiens lors de chirurgie propre et de préférer une injection avant incision. Une opération de hernie peut parfaitement être qualifiée de chirurgie propre si l’animal est en bonne santé, ne présente pas d’inflammation locale trop importante, si aucun organe contaminé n’est ouvert, et que le niveau d’asepsie est maintenu pendant toute la procédure.
La montée des préoccupations de bien-être est également en passe de transformer la chirurgie bovine.
Actuellement, 30 % des spécialistes ne recourent à aucune analgésie, 19 % l’utilisent rarement et 7 % la pratiquent en routine (que ce soit avec un anti-inflammatoire non stéroïdien, un opiacé de type butorphanol ou de la xylazine). Au Royaume-Uni, une enquête a montré que la douleur est davantage une préoccupation du jeune vétérinaire, de sexe féminin2.
Aujourd’hui, 70 % des castrations sont encore réalisées sans analgésie. Notre profession n’est pas toujours leader dans ce domaine, même dans les pays d’avant-garde sur ces sujets : en Suisse, les pareurs connaissent plus fréquemment les lois relatives à l’analgésie que les vétérinaires (deux tiers en sont informés) ou les éleveurs (un tiers).
Il reste à démocratiser l’anesthésie multimodale en chirurgie bovine, qui vise à bloquer la douleur sur différentes voies. De nombreuses études ont montré que supprimer la douleur “rapporte” à l’éleveur davantage que cela ne lui coûte.
À l’avenir, la législation devrait obliger les exploitants à recourir (voire à pratiquer) l’analgésie. Des cours sont d’ores et déjà organisés pour eux en Suisse, pour les actes zootechniques (castration, écornage).
Les méthodes d’enseignement de la chirurgie devront aussi s’adapter, avec davantage de matériel (comme des simulateurs) et moins d’animaux vivants. Les écoles devront plus généralement revoir leur enseignement pour répondre à une demande à 2 vitesses en chirurgie bovine.
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