Intégrer une dimension économique dans les conseils prodigués aux éleveurs laitiers - La Semaine Vétérinaire n° 1476 du 23/12/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1476 du 23/12/2011

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : YVES DEBEAUVAIS*, ALEX BACH**

Fonctions :
*Vétérinaire chercheur, département ruminants de l’Institut de recherche pour les technologies agroalimentaires (Espagne). Article tiré de la conférence « Managing for profit » présentée lors du 6e Congrès européen de management de la santé des bovins (ECBHM), en octobre 2011 à Liège (Belgique).

POINTS FORTS

– Réduire les pertes et maximiser l’efficacité alimentaire.

– Donner leur vraie valeur d’usage aux aliments.

– Réévaluer l’opportunité des lots et de leurs changements.

– Proscrire la désormais habituelle hot ration des vaches en transition.

Le “lait marginal”, voire le “lait pas fait”, est celui qui coûte le moins cher à produire. Il suffit de lever les freins liés aux défauts de conduite des animaux, dans leur environnement (confort) ou dans leur conduite alimentaire (nutrition), pour laisser les vaches exprimer leur potentiel, toujours bien supérieur aux performances constatées. « Le vétérinaire doit favoriser cela, explique Alex Bach. Ce “lait marginal” entraîne directement davantage de profits et, puisque les éleveurs n’ont que peu d’influence sur le prix de vente, il leur est nécessaire de maximiser la capturing value, c’est-à-dire de dégager la marge maximale ».

GESTION DE LA CONDUITE ALIMENTAIRE

Partant du constat que les charges proportionnelles sont composées à 53 % de l’alimentation des bovins et à 17 % de leur renouvellement, Alex Bach donne des pistes pour réduire effectivement les coûts de production, en différenciant bien les surcoûts (traitements des mammites à Gram négatif, par exemple) des investissements productifs (alimentation, couchage, etc.).

Dans un premier temps, il convient de limiter les pertes alimentaires par une bonne conservation des fourrages, en évitant celles à la préparation des rations et en surveillant l’ordre d’incorporation des aliments. Il est aussi nécessaire pour cela d’acheter les aliments à leur juste valeur, comme suit :

– prix de la MAT de la luzerne : 160 € la tonne de foin de luzerne / 17 % = 941 € ;

– prix de la MAT de tourteau :

350 € la tonne de tourteau / 46 % = 760 €.

Dans les grands troupeaux, il est conseillé de s’intéresser ensuite à la rentabilité dans chaque lot de production. Les animaux nourris avec les rations les plus coûteuses peuvent rapporter davantage en étant relativement plus productifs. Il est aussi recommandé « d’avoir toujours de bonnes raisons de procéder à un changement de lot, pour un bovin ou pour un groupe », qui induit toujours une baisse de production (> 1,5 l/vache/j).

Alex Bach préconise de mesurer régulièrement l’efficacité alimentaire du système en place, qui devrait se maintenir entre 1,40 et 1,52 kg de lait/kg de MSI. Au-dessous de cette limite, la rentabilité est affectée. Au-dessus, les vaches puisent dans leurs réserves. La gestion de l’auge (repousser souvent, laisser faire des “restes”, etc.) et le confort (plus d’une logette par vache, pas d’animaux boiteux, chargement raisonnable du logement, etc.) sont plus importants que la ration elle-même.

L’efficacité de la transformation des protéines de la ration est forcément faible (pour 100 g de protéines ingérées, 25 à 30 g dans le lait), mais modulable selon les objectifs de l’éleveur. Un rapport élevé, du type PDI/UFL compris entre 110 et 115 g, améliore le chiffre d’affaires et les gains à court terme. Un rapport plus bas favorise la marge et le profit à moyen terme.

GESTION DE LA REPRODUCTION

La reproduction doit également être optimisée pour réduire les coûts. Chaque “jour ouvert”, au-delà de 160 jours, coûte 8 à 10 € par vache. Il est donc bon d’obtenir une bonne surveillance des chaleurs : « À fertilité égale et difficile à améliorer, ces 20 minutes par jour, avec éventuellement l’aide des marqueurs de queue, peuvent rapporter un paquet de dollars. »

En bref, penser “économique”, de l’élevage des génisses aux décisions de réforme, tout en détectant mieux les chaleurs. Rien d’insurmontable, donc, pour un vétérinaire de vaches laitières qui veut faire évoluer ses pratiques et son conseil !

RENOUVELLEMENT, RÉFORMES, TARISSEMENT

→ Des pistes d’économies substantielles existent dans les élevages pour le remplacement des animaux. Il convient de faire vêler les génisses le plus tôt possible et d’en posséder juste le nombre requis, à la seule condition de ne pas compromettre le poids au premier vêlage (jamais inférieur à 650 kg), car il conditionne leur production future et leur longévité.

→ Le regroupement des génisses avant sevrage favorise la consommation d’aliments solides, mais la recommandation “classique” – pas de fourrages avant le sevrage – n’est pas la meilleure. Les animaux mangent davantage de concentrés starter s’il leur est distribué des fourrages fibreux mais “pauvres”, comme la paille hachée.

→ Alex Bach revient alors sur un sujet important. Constatant que le quart des réformes interviennent dans les 2 premiers mois de lactation, il remet en question les rations close up concentrées en énergie. Les besoins des vaches avant le vêlage sont établis à 15 Mcal (9 UF environ). Ils peuvent être fournis par 12 kg de MS d’une ration unique pour tout le tarissement à 0,77 UFL/kg de MS. Selon lui, les décisions de réforme doivent également intégrer le raisonnement économique : « Cet animal ne sera-t-il pas plus “profitable” réformé que gardé ? »

→ Le mélange des primipares et des vaches plus âgées pénalise les premières, mais aussi les multipares, dans une moindre mesure.

Glossaire

MAT : matière sèche azotée.

MSI : matière sèche ingérée.

UF : unité fourragère.

MS : matière sèche.

UFL : unité fourragère lait.

PDI : protéines digestibles dans l’intestin.

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