Le lymphome du chat : formes cliniques et traitement - La Semaine Vétérinaire n° 1476 du 23/12/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1476 du 23/12/2011

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : PAULINE DE FORNEL-THIBAUD*, CLAUDE MULLER**, VIRGINIE DE ALMEIDA***

Fonctions :
*centre de cancérologie vétérinaire, Maisons-Alfort.
**praticienne à Lomme (Nord). Article rédigé d’après des conférences présentées au congrès du chat d’Arcachon, mai 2011.

Points forts

– Le lymphome, tumeur la plus fréquente chez le chat, se présente sous de nombreuses formes cliniques, en général plurisystémiques.

– Le diagnostic fait généralement appel à l’imagerie et à la cytologie.

– Le principal traitement est la chimiothérapie, même si une association à la chirurgie et la radiothérapie restent possibles dans certains cas.

– Le pronostic est en général moins bon que chez le chien. De longues rémissions peuvent cependant être obtenues.

Le lymphome est la tumeur la plus fréquente du chat (environ 60 % des tumeurs chez cette espèce). Il est susceptible de concerner tous les tissus contenant des cellules lymphoïdes. Les structures hématopoïétiques sont les plus touchées, ainsi que les nœuds lymphatiques, le tissu lymphoïde intestinal, la rate, le foie et le thymus. Le lymphome affecte souvent plusieurs organes simultanément.

ÉPIDÉMIOLOGIE

Le lymphome a souvent été associé à un statut FeLV positif. Au cours des 30 dernières années, le nombre de chats FeVL positifs a considérablement diminué, tandis que l’incidence du lymphome a augmenté. Par conséquent, d’autres facteurs favorisants sont sans doute en cause. Le lymphome peut affecter de jeunes chats (généralement vers l’âge de 2 ans avec un statut FeLV souvent positif), ainsi que des animaux plus âgés (en général vers 10 ou 12 ans).

LES DIFFÉRENTES FORMES

4 formes anatomiques sont décrites chez le chat :

→ digestive (qui atteint le tube digestif ou ses annexes avec, souvent, une adénomégalie associée) ;

→ multicentrique (qui touche principalement la rate et le foie) ;

→ médiastinale (avec atteinte des nœuds lymphatiques et/ou du thymus) ;

→ extranodale (rein, peau, œil, cavités nasales ou système nerveux central, etc.).

Le lymphome digestif est le plus fréquent chez le chat, tandis que la forme multicentri­que associée à une polyadénomégalie périphérique est rare chez cette espèce (contrairement au chien). Une nouvelle forme de lymphome de type Hodgkin, rare, a été récemment décrite. Elle reste souvent localisée aux nœuds lymphatiques de la tête et du cou avec, en général, l’atteinte de 1 ou 2 nœuds lymphatiques seulement. Un type de lymphome sous-cutané, de présentation similaire aux tumeurs du complexe fibro­sarcome félin, est également évoqué.

SYMPTÔMES

Les symptômes du lymphome ne sont pas spécifiques et varient selon l’organe touché. En général, les lymphomes digestifs sont associés à des vomissements ou de la diarrhée et, parfois, à une occlusion ou une perforation digestive. La forme médiastinale génère le plus souvent des symptômes respiratoires, voire des régurgitations ou un syndrome de Claude Bernard-Horner. Elle concerne principalement de jeunes chats FeLV positifs, avec une prédisposition des siamois. Le lymphome rénal peut être associé à une insuffisance rénale lorsque les 2 reins sont atteints (situation la plus fréquente). La forme nerveuse intéresse habituellement le système nerveux central avec une localisation souvent extradurale. Les symptômes dépendent de la localisation des cellules cancéreuses. Il en va de même pour la forme oculaire, pléomorphe. Toutefois, une atteinte oculaire est souvent isolée.

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

Analyses sanguines

Des anomalies biologiques non spécifiques (en particulier des anomalies de l’hémogramme) peuvent être notées pour toutes les formes. Les formes leucémiques sont susceptibles d’être observées d’emblée dans des formes agressives (lymphome à grands lymphocytes granuleux, par exemple) ou en fin d’évolution (stade V). L’hypercalcémie maligne reste rare chez le chat.

Imagerie

L’imagerie médicale est indispensable pour établir le diagnostic de lymphome. L’échographie permet d’objectiver des adénomégalies abdominales, des lésions digestives (augmentation de l’épaisseur des anses avec perte de la structure en couches) ou rénales (modification de l’architecture rénale avec perte de la distinction corticomédullaire, présence d’un liseré hypoéchogène sous-capsulaire et hyperéchogénicité du cortex). La radiographie est indiquée lors d’atteinte thoracique. Toutefois, l’imagerie médicale, peu spécifique, est à associer systématiquement à un examen cytologique ou histologique. La cytologie est diagnostique à 70 à 90 %, mais l’analyse requiert un cytologiste expérimenté. Les cellules lymphoïdes n’étant pas cohésives, les prélèvements sont souvent très riches. La cytologie permet une bonne appréciation des détails cellulaires ainsi que des atypies. Une coloration May-Grünwald et Giemsa est indispensable (les colorations rapides sont souvent décevantes). L’histologie peut être envisagée lorsque la cytologie est non diagnostique. Des immunomarquages sont possibles en cytologie et en histologie afin de typer le lymphome. Toutefois, il n’y aurait pas de corrélation entre la classification histologique actuelle des lymphomes et le pronostic.

Épreuve à la L-asparaginase

Dans les cas où les biopsies sont délicates et où la cytologie n’est pas concluante (différencier un lymphome médiastinal et un thymome est parfois difficile), une épreuve à la L-asparaginase (Kidrolase® ) est possible. En effet, comme cette molécule n’affecte que les lymphocytes tumoraux, une lyse massive de la tumeur consécutive à une injection de cette molécule per­met de confirmer un diagnostic de lymphome.

PRONOSTIC

Quelques facteurs pronosti­ques positifs sont mis en évidence : un bon état général, un statut FeLV négatif et l’absence de forme leucémique. Néanmoins, la réponse à l’induction reste la méthode la plus simple et la plus fiable pour établir un pronostic. Le stade clinique (déterminé à partir de la numération-formule, des radiographies thoraciques, d’une échographie abdominale, de cytoponctions hépatiques et spléniques, et d’un myélogramme) n’influence pas le pronostic.

TRAITEMENT

Chimiothérapie

Le traitement du lymphome peut comporter de la chimiothérapie, le plus souvent à base de L-asparaginase, de vincristine (Oncovin® ) et de prednisolone. La chimiothérapie est généralement bien tolérée. Une amélioration clinique, voire une rémission, est fréquemment observée dès la 1re semaine, ce qui encourage les propriétaires à poursuivre le traitement. La lomustine est réservée aux formes nerveuses, car elle franchit la barrière hémato-méningée. D’autres molécules utilisées chez le chien présentent des effets secondaires plus marqués chez le chat : la doxorubicine possède une toxicité rénale et le cyclophosphamide est anorexigène. Aucun consensus ne définit la durée du traitement après la rémission, mais la chimiothérapie pourrait être interrompue après 2 ans sans rechute.

Radiothérapie

La radiothérapie est envisagée lors de formes locales, en particulier nasales (généralement de meilleur pronostic que les formes viscérales), médiastinales et parfois lors de lymphomes de type Hodgkin.

Chirurgie

Dans le traitement du lymphome, l’intervention chirurgicale constitue plus souvent un acte diagnostique ou palliatif que curatif. Elle est notamment utilisée en cas de lésions digestives importantes présentant des risques de perforation ou d’occlusion. Les formes locales sont rares. C’est pourquoi un traitement chirurgical est systématiquement associé à une chimiothérapie.

Perspectives

L’utilisation des thérapies ciblées, en particulier les inhibiteurs de la tyrosine-kinase, est envisagée en routine chez l’homme pour le traitement des lymphomes et des leucémies. Certaines molécules, aujourd’hui disponibles pour l’animal, pourraient représenter une nouvelle piste de traitement du lymphome du chat.

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