Conduite à tenir lors de fièvre - La Semaine Vétérinaire n° 1477 du 06/01/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1477 du 06/01/2012

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : AURÉLIE LEVIEUGE*, JUAN HERNANDEZ**

Fonctions :
*diplomate Acvim, praticien au CHV Frégis, à Arcueil (Val-de-Marne)

Article rédigé d’après une conférence présentée au congrès de l’Afvac 2011.

La température corporelle est régulée par l’hypothalamus. L’hyperthermie désigne toute élévation de la température corporelle. La fièvre, quant à elle, se définit comme une hyperthermie liée à l’intervention de cytokines (interleukines, tumor necrosis factor) qui agissent sur l’hypothalamus. Ce dernier sécrète alors des prostaglandines (PGE2), qui engendrent des conséquences systémiques. La fièvre correspond ainsi à l’état d’un animal malade (présence de signes cliniques) en hyperthermie.

Voici 4 exemples d’hyperthermie non fébrile :

→ lors d’exercice, la température corporelle s’élève en dehors d’un contexte de fièvre ;

→ lors d’hyperthyroïdie, le catabolisme augmente et une hyperthermie isolée de tout contexte inflammatoire peut être notée ;

→ les convulsions ;

→ le coup de chaleur.

ORIGINES D’UNE FIÈVRE

Les causes de fièvre varient selon l’espèce (voir graphiques).

Causes infectieuses

Les origines bactériennes regroupent les infections profondes (endocardite, pyélonéphrite qui s’exprime parfois avec un syndrome fébrile isolé sans autre signe clinique, spondylodiscite – souvent associée à une prostatite – ou pleurésies, et celles transmises par les tiques telles que l’ehrlichiose, la borréliose, la bartonellose, ou l’anaplasmose. Chez le chat, les mycoplasmoses (notamment l’hémobartonellose) peuvent être en cause.

Les causes virales concernent essentiellement la maladie de Carré chez le chien, et l’infection par le FIV1, le FeLV2 ou la PIF3 chez le chat.

Les origines parasitaires et fongiques englobent la piroplasmose chez le chien immunisé, la leishmaniose et la toxoplasmose.

Chez un chat fébrile, il convient de retenir la prédominance des causes infectieuses.

Causes dysimmunitaires

Les polyarthrites à médiation immune et les méningites peuvent entraîner un syndrome fébrile. La fièvre familiale du shar-peï est une entité clinique à composante génétique (possiblement liée à l’amyloïdose organique) qui affecte les jeunes animaux. Cette affection associe notamment la fièvre à un gonflement des membres postérieurs.

Causes paranéoplasiques

Certaines tumeurs peuvent déclencher une fièvre paranéoplasique. Il s’agit notamment des carcinomes (hépatique, pulmonaire) qui nécrosent et libèrent des cytokines générant la fièvre, ou le lymphome, le thymome, le sarcome histiocytaire susceptibles d’être à l’origine d’un syndrome fébrile paranéoplasique.

Causes diverses

Les tétracyclines peuvent être à l’origine d’une fièvre iatrogène chez le chat. Le shunt portosystémique congénital peut générer de la fièvre chez le chiot. Le mécanisme n’est pas parfaitement connu (il pourrait s’agir d’une libération de cytokines ou d’une dérégulation hypothalamique).

D’autres affections sont susceptibles d’engendrer de la fièvre : la panostéite, le complexe gingivostomatite féline et la triade entérite-pancréatite-cholangite féline.

QUELLE DÉMARCHE ADOPTER ?

Recueil des commémoratifs et de l’anamnèse

L’espèce apporte des éléments d’orientation (les causes infectieuses ou dysimmunitaires sont majoritaires chez le chien), comme l’âge ou la race (shar-peï, par exemple). Le mode de vie de l’animal et les commémoratifs permettent de privilégier certaines hypothèses. Un syndrome fébrile chez un chien de chasse conduit le praticien à évoquer les infections transmises par les tiques. De même, un historique de voyage récent incite à inclure dans le diagnostic différentiel les maladies infectieuses ou parasitaires.

Répéter les examens cliniques

Certains signes cliniques associés à la fièvre sont subtils. Par conséquent, il importe de répéter les examens cliniques. Il convient notamment d’observer la démarche d’un animal atteint de polyarthrite, car les gonflements des articulations ne sont pas systématiques. Les mouvements du cou sont également à observer (lorsque l’animal est appelé, par exemple). Toute consultation inclut un examen ophtalmologique. Chez le chat, les lésions de choriorétinites ou d’uvéite antérieure orientent vers une hypothèse de virose. L’examen des nœuds lymphatiques est minutieux : dans certains lymphomes T, les nœuds lymphatiques ne sont pas forcément hypertrophiés, mais seulement durs et bosselés. Il convient donc d’apprécier leur consistance. Les auscultations cardiaques sont à leur tour répétées. Effectivement, lors d’endocardite, l’apparition d’un souffle diastolique succède parfois à celle de la fièvre. De même, les articulations sont attentivement manipulées et palpées. L’exploration digitée rectale fait partie de l’examen clinique : la palpation de la prostate est susceptible de mettre en évidence un foyer infectieux, qui n’est pas rare chez le chien.

Mettre en œuvre des examens complémentaires de base

La numération et la formule sanguines (NFS) sont réalisées. Lors de leucocytose neutrophilique ou de virage à gauche sur le frottis, le praticien s’oriente vers l’identification d’un foyer infectieux actif. Une lymphocytose, une anémie ou une thrombocytopénie peuvent également diriger le diagnostic vers des maladies vectorielles. En l’absence d’anomalie de la NFS, une cause dysimmunitaire (polyarthrite, méningite) est plutôt évoquée. Lors de fièvre, la biochimie sanguine (protéinémie, albuminémie) peut également apporter des éléments qui orientent vers une PIF, une maladie vectorielle ou un myélome selon les résultats. L’analyse d’urine reflète ce qui se passe dans le sang : ainsi, une bactériurie peut être le témoin d’une pyélonéphrite ou d’une prostatite exprimée cliniquement par une fièvre isolée. Dans un contexte fébrile, une protéinurie peut évoquer une maladie infectieuse ou une fièvre familiale si le chien est un shar-peï.

Effectuer des examens complémentaires choisis selon le contexte

La radiographie thoracique peut se révéler utile lors de fièvre d’origine indéterminée chez le chien. Une opacification de type alvéolaire correspondant à une bronchopneumonie, uniquement exprimée par des signes respiratoires mineurs, est parfois décrite. L’échographie abdominale peut mettre en évidence un épanchement lié à une PIF, une pyélonéphrite ou une adénite granulomateuse. Des abcès prostatiques sont également susceptibles d’être visualisés. Les espaces intervertébraux sont à leur tour observés, à la recherche de signes de spondylodiscite. Enfin, chez le chien, les ponctions articulaires ou de liquide cérébrospinal se révèlent souvent riches en informations.

  • 1 Syndrome d’immunodéficience acquise du chat.

  • 2 Virus de l’immunodéficience féline.

  • 3 Péritonite infectieuse féline.

POINTS FORTS

– Une hyperthermie peut être non fébrile.

– Lors de fièvre isolée chez le chien ou le chat, il est primordial de renouveler les examens cliniques, car un signe discret peut être négligé ou absent lors de la 1re consultation.

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