Enquête sur la féminisation de la profession

Près de 2 500 questionnaires ont été retournés, dont 2 300 étaient exploitables. Les résultats ont ensuite été retravaillés par Valentine Paulet, qui a soutenu sa thèse à l’école vétérinaire de Toulouse en décembre dernier. Au final, l’enquête se présente sous la forme d’une thèse sociologique sur la profession vétérinaire, axée sur une question : « La pratique vétérinaire est-elle liée à un genre ? »

L’effet “genre” tempéré par l’effet “génération”

La question du genre est légèrement biaisée par le fait que les femmes vétérinaires ont en moyenne 10 ans de moins que les hommes. Leurs préoccupations diffèrent donc.

L’évaluation des différences selon l’âge révèle également que les distinctions se font davantage en fonction de ce critère que relativement à celui du genre : les jeunes vétérinaires, hommes comme femmes, partagent ainsi plus de temps avec leur famille et réduisent leurs horaires en conséquence. L’effet “genre” est donc tempéré par l’effet générationnel, entre les baby-boomers, la génération X (nés entre 1964 et 1980) et la génération Y (nés entre 1980 et 1996).

L’enquête a fait ressortir 6 profils distincts, dénommés de A à F, le A représentant le plus minoritaire (femmes vétérinaires exerçant en canine dans de petites structures et au revenu très faible, donc peu satisfaites de leur condition) et le F le pro­fil majoritaire il y a quelques années (vétérinaires hommes de 50 ans et plus dans la tranche des revenus élevés).

Si la durée du travail est beaucoup plus importante pour les hommes (60 % d’entre eux travaillent 50 heures et plus, contre 30 % des femmes), la vie de famille et le choix du temps de travail sont des critères plus importants pour celles-ci. Reste à savoir si cela résulte d’un choix ou si elles le subissent. Le congé maternité est ainsi de 64 jours en statut libéral, contre 121 en salariat.

La féminisation, cause ou conséquence ?

La profession vétérinaire subit-elle la même dévalorisation que le journalisme ou la pharmacie avant elle, qui conduit inévitablement à la féminisation (à défaut d’hommes pour accepter de travailler dans des conditions moins avantageuses) ? Les valeurs de la profession ont-elles changé ? Le phé­nomène est difficile à évaluer et à objectiver. Ce qui est certain, c’est que la symbolique de “l’être vétérinaire” qui a eu cours jusqu’aux années 80 (homme, libéral, rural) a beaucoup évolué depuis l’arrivée des femmes.

Se comparer pour mieux affiner

La féminisation est une réalité, mais c’est une notion simplificatrice, car d’autres phénomènes interfèrent. Il faudrait donc mener des entretiens personnalisés pour affiner l’enquête. Un comparatif avec des grandes écoles ou cursus équivalents (baccalauréat + 6 ou 7) ou d’autres professions qui se féminisent serait intéressant.

De même, la faible représentation des femmes dans les instances vétérinaires est due à un problème d’âge (elles sont plus jeunes et l’on prend en général ce type de responsabilité plus tard), mais aussi de disponibilité (elles exercent souvent seules et ont du mal à se libérer, leurs priorités sont ailleurs).