Méthode des 4R : contrôle de l’adéquation entre rations théorique et valorisée

La méthode des 4R, qui désigne les 4 rations à contrôler lors d’un bilan d’alimentation dans un élevage, permet au praticien de réaliser sa visite de troupeau de façon claire et raisonnée. L’adéquation entre la ration théorique et la ration valorisée par les animaux, et celle entre l’alimentation et le système de production de l’élevage doivent être vérifiées.

RATION CALCULÉE OU THÉORIQUE

C’est la ration calculée pour répondre aux besoins des animaux. Elle dépend des aliments et du matériel disponibles sur l’exploitation. De la ration de base, constituée par les fourrages, dépend la nature des concentrés d’équilibre et du complément minéral et vitaminé, distribués pour former la ration de base équilibrée. Cette dernière permet d’obtenir un certain niveau de production laitière. Elle varie selon le stade physiologique des animaux (lactation, éventuellement suivant le niveau de production, tarissement et transition) et la période de l’année (pâturage ou stabulation). Pour notre consœur Delphine Ferré, « des questions doivent être posées stade par stade, pour obtenir tous les détails. Par exemple, plutôt que de demander à l’éleveur comment il réalise son tarissement, mieux vaut lui poser ces questions : “Que donnez-vous aux vaches taries ? Et au moment du vêlage ? Et ensuite, que reçoivent les vaches en lactation ?” »

La méthode de distribution est importante à prendre en consi­dération. Les aliments peuvent être distribués séparément, et les vaches reçoivent le complément de concentrés selon leur niveau de production, en salle de traite ou au distributeur automatique de concentrés (DAC, ration semi-individuelle). Ils peuvent aussi être mélangés et distribués à toutes les vaches, quelle que soit leur production individuelle et sans complément (ration complète), ou avec un complément de concentrés pour les animaux qui produisent davantage que le niveau de production permis par la ration (ration semi-complète).

RATION DISTRIBUÉE

C’est la ration réellement distribuée par l’éleveur. Tout d’abord, la valeur alimentaire réelle et la qualité de conservation des fourrages et des concentrés distribués doivent être évaluées (pour les fourrages, en fonction du stade de récolte, du taux de matière sèche, de la netteté de la coupe, de la taille des particules, etc.). En cas de ration mélangée, le temps de mélange est important, car il détermine la taille des particules (vérifiée par tamisage de la ration). Les quantités distribuées doivent ensuite être pesées (avec un seau pour les concentrés ou un grand sac pour les fourrages). Si la pesée n’est pas possible, les quantités sont estimées selon l’avancée des stocks. Enfin, l’ordre de distribution des aliments est essentiel, car c’est l’un des facteurs de risque majeurs d’apparition de troubles de santé, comme l’acidose.

RATION INGÉRÉE

C’est la ration réellement ingérée par les animaux. Les vaches doivent pouvoir accéder facilement à l’aliment et à l’abreuvement. Des bousculades, un accès trop étroit, une durée d’accès limitée réduisent l’ingestion, de même qu’une auge ou des abreuvoirs sales. Les refus, retirés chaque jour, doivent représenter 3 à 5 % de la ration et être consommables. Ils constituent un bon moyen d’évaluer la nature et la quantité de la ration ingérée. Pour notre consœur, « c’est l’étape à laquelle le praticien peut déterminer s’il y a adéquation entre les rations distribuée et ingérée ».

RATION VALORISÉE

C’est la part de ration utilisée et valorisée par les animaux. Elle s’estime par l’examen des bouses (la digestion est suffisante si le tamisage de 100 ml de bouses comporte des fibres de moins de 5 mm de long et moins de 5 grains non digérés), la note d’état corporel des animaux (de 0 à 5 selon la méthode de l’Institut de l’élevage, donnée lors du tarissement, du vêlage et 2 mois après la mise bas), l’état de propreté (lié à la consistance des bouses et à l’ambiance du bâtiment) et le comportement (au moins 1 vache sur 2 doit ruminer, sans trier ou sans pica notamment). La production laitière moyenne doit se rapprocher du niveau d’équilibre défini par la ration et des taux protéiques et butyreux optimaux.

Notre consœur invite à partager les difficultés mises en évidence par cette méthode avec l’éleveur, afin de s’assurer qu’il modifiera sa façon de travailler. « L’éleveur peut ne pas suivre tous les conseils que nous lui donnons, alors qu’expliquer la source des problèmes lui permet de proposer lui-même des solutions de correction, qu’il appliquera. »