Ne tirez pas sur les canards sauvages ! - La Semaine Vétérinaire n° 1477 du 06/01/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1477 du 06/01/2012

Fin du programme Gripavi

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SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : MYRIEM LAHIDELY

Les recherches menées pour mieux comprendre les mécanismes d’émergence et de diffusion de l’influenza aviaire n’ont pas permis d’incriminer les oiseaux sauvages.

En 2006, un pic de mortalité dû à l’influenza aviaire hautement pathogène de sous-type H5N1 a suscité la panique. Avec 50 pays infectés par le virus, les oiseaux migrateurs étaient dans le collimateur pour leur rôle dans sa diffusion mondiale. Depuis 2005, 500 000 volatiles sauvages ont été capturés dans le monde et testés vis-à-vis du virus H5N1 HP, et 45 000 (dont 10 000 oiseaux sauvages) dans le cadre du projet Gripavi1. Ce dernier a tenu sa conférence de clôture du 22 au 24 novembre au Cirad2, à Montpellier.

Comprendre la diffusion pour mieux la contrôler

« Nous n’avons jamais trouvé d’oiseaux sauvages infectés qui soient asymptomatiques, sauf dans une quinzaine de cas, et aucun réservoir sauvage hautement pathogène. En revanche, nous avons observé de la mortalité chez les oiseaux sauvages », constate Nicolas Gaidet, de l’unité de recherche “animal et gestion intégrée des risques” (Agirs) du Cirad.

En 2007, ce centre de recherche a mis en place un programme sur 4 ans (Gripavi) financé par le ministère des Affaires étrangères et européennes, pour étudier l’écologie et l’épidémiologie de la grippe aviaire dans les pays du Sud. « Cette étude sur les virus et leurs hôtes était indispensable pour comprendre les mécanismes de diffusion et proposer des mesures de contrôle », explique François Roger, directeur de l’unité Agirs du Cirad. En lien avec plusieurs unités de recherche, le projet est relayé par la création de 6 observatoires en Afrique et en Asie du Sud-Est.

10 ans pour maîtriser le virus H5N1 HP en Asie

« Nous avons beaucoup de résultats sur les mécanismes et les voies de transmission », résume François Roger. Grâce à la télémétrie satellite, les chercheurs ont pu suivre les déplacements d’oiseaux sauvages et déterminer la distance maximale que ces volatiles étaient capables de couvrir. Résultat : sur un intervalle de temps de 4 jours en moyenne, certaines espèces sont capables de parcourir jusqu’à 2 000 km et (potentiellement) de disperser le virus. « Dans la réalité, la probabilité est faible, car cela sous-entend qu’à chaque grand déplacement le virus est présent là où ils se posent. Ce n’est pas le cas et les oiseaux font peu de grands voyages dans l’année », observe Nicolas Gaidet.

Si des origines multiples de la contamination ne sont pas toujours faciles à déterminer, comme au Cambodge, les relevés sur le terrain ont permis de mesurer le rôle des pratiques sociales culturelles ou commerciales (importations illégales de volailles domestiques comprises), la densité animale, etc. C’est le cas notamment des marchés et des vendeurs au Vietnam, où “circulent” 250 millions de volailles domestiques par an. « La zone est favorable, il y a de l’eau, des rizières et des espèces réceptives comme les canards en forte densité », explique Stéphanie Desvaux, chercheur au Cirad. Il en est de même en Thaïlande.

Contrairement à l’Asie, le virus H5N1 HP n’a pas eu le même impact en Afrique, même au plus fort de la crise. « Hormis l’Égypte où le virus connaît une forme endémique, le continent n’a été que peu concerné, car il manque d’eau et les canards y sont peu fréquents », explique François Roger.

Des formations mises en place en Chine

Les travaux s’arrêtent en Afrique, ils continuent en Asie. « Nous allons développer des activités et des réseaux en Thaïlande, au Vietnam, au Laos, au Cambodge, et nous ouvrir sur les Philippines, l’Indonésie et la Chine », indique François Roger. Des formations ont été mises en place, en Chine notamment, par les services vétérinaires du pays et les Nations unies. Avec près de 14 milliards de volailles, ce pays grand producteur (et exportateur) est souvent considéré comme l’épicentre de toutes les contaminations. « Derrière se cachent des questions politiques, des problèmes de moyens, sans compter que l’on peut voir venir d’autres virus », estime Nicolas Gaidet. Le H5N1 HP, en effet, n’a cessé d’évoluer depuis 2005. « Il faudra au moins 10 ans pour le contrôler en Asie », conclut François Roger.

Projet Gripavi : écologie et épidémiologie de la grippe aviaire et de la maladie de Newcastle dans les pays du Sud.

Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.

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