UN HÔPITAL DÉDIÉ AUX ANIMAUX SAUVAGES DANS L’HÉRAULT - La Semaine Vétérinaire n° 1477 du 06/01/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1477 du 06/01/2012

Reportage

Auteur(s) : HÉLÈNE VANDENBERGHE

Rendre visible la biodiversité », telle est la mission que s’est assignée Marie-Pierre Puech. Elle y veille depuis 30ans, dans sa clinique où chiens et chats sont tenus de faire une place aux animaux sauvages : petits ducs, hulottes, faucons, circaète, chouettes, grands-ducs et autres chauve-souris y bénéficient de la même qualité de soins… « Cette faune est malade des hommes. Je la soigne pour rendre visible au plus grand nombre une diversité de la nuit qu’on ne voit pas ou que l’on ne regarde pas », résume la praticienne. L’expertise acquise au fil des ans s’est traduite, en 2008, par la création de l’hôpital faune sauvage (HFS) au sein de sa clinique. Ce HFS est l’un des rares centres de soins français (UFCS) doté d’un vétérinaire, et le seul en Languedoc-Roussillon. Une réalité que déplore Marie-Pierre Puech qui, pour le monter, a dû obtenir un certificat de capacité à soigner et à réhabiliter la faune sauvage autochtone. « En 4 ans, nos accueils sont passés de 80 à plus de 500 animaux. C’est beaucoup pour du bénévolat », estime-t-elle. Ses soins à la faune sauvage, elle les dispense sur son temps de repos, en même temps qu’elle fait de l’écopathologie et de la veille écologique grâce au registre tenu par l’hôpital.

Des actes chirurgicaux complexes

« D’un point de vue technique, c’est fabuleux, car les interventions chirurgicales (une trentaine cette année) sont souvent compliquées », note la vétérinaire. Les chirurgies tie-in ou les ostéosynthèses utilisant des broches centromédullaires (achetées aux états-Unis et payées à prix coûtant à la clinique), couplées à des fixateurs externes par exemple, permettent à une mauvaise fracture de se réparer en 3 semaines à 1 mois. « Elles évitent les fibroses et l’oiseau peut utiliser assez vite son membre avec tout son degré d’ouverture », explique la praticienne. Les traumatismes et les soins sont variés. Double fracture d’humérus chez un épervier, fracture de radius chez une buse variable, opération d’un grand-duc, voire d’une pipistrelle… mais aussi réhydratation intra-osseuse, orale ou sous cutanée, nourrissage progressif d’animaux dénutris ou malades, contrôles radio, attelles, pansements, etc. Sans oublier les autopsies « qui donnent une vision complète de l’animal » ou les frottis de rapaces pour des études d’hémoparasites envoyées au Muséum national d’histoire naturelle.

Des jeunes pris en charge jusqu’à l’autonomie

« La majorité des animaux arrivent ici après une collision avec une voiture ou un pylône, un tir illégal, une prédation », précise Marie-Pierre Puech. Les deux tiers sont des oiseaux, dont beaucoup sont en voie de disparition. Les autres sont des mammifères – renardeaux, écureuils, genettes, fouines, blaireaux, chevreuils ou hérissons – et des reptiles (tortues, lézards, serpents) amenés par des particuliers, un agent de l’ONCFS1 ou un éleveur. Parmi eux, beaucoup de juvéniles ou des orphelins, ramassés entre mai et septembre notamment, la période où ils sortent du nid, et que l’hôpital soigne et nourrit jusqu’à l’autonomie en 2011, 30 petits ducs, 25 hulottes et des bébés chouettes).

Un copieux garde-manger

« Le nourrissage d’une jeune hulotte jusqu’à sa remise en liberté revient à une trentaine d’euros, et une chirurgie chez un grand-duc à 500 €, hospitalisation, radios et médicaments compris », souligne Marie-Pierre Puech. La clinique consacre toutes les pièces de son 1er étage à l’hospitalisation (volière de 9 m2, hérissonnière, fosse à blaireau, etc.) pour les soins postchirurgicaux et le suivi pathologique avant le transfert, à quelques centaines de mètres de là, dans des volières de réhabilitation sécurisées (30 m x 10 m). Les oiseaux y restent le temps de consolider leurs ailes avant de retrouver leur milieu naturel. Pendant ce temps-là, ils sont copieusement nourris grâce au garde-manger de l’hôpital, qui écoule 1,5 t de maïs “bio” par an et plusieurs tonnes de faisans, déchets de viande, poussins, truites d’élevage ou serpents.

Un important travail de sensibilisation et de formation

Lorsqu’elle s’est installée dans les Cévennes, en 1983, Marie-Pierre Puech venait s’occuper des transhumants. « Quand on travaille en élevage extensif de brebis, on prend soin aussi d’un territoire », explique-t-elle, réjouie à l’idée que l’Unesco2 valide actuellement le classement des Cévennes et des garrigues. Son parti pris, Marie-Pierre Puech a voulu le partager en créant, en 1994, l’association Goupil connexion, dont une dizaine d’adhérents l’assistent bénévolement à l’hôpital. L’association, qui réalise un gros travail de sensibilisation du public lors des remises en liberté et s’attache à trouver des fonds pour l’hôpital, a aussi mis en place des journées de formation aux premiers soins de la faune sauvage, dispensés par la vétérinaire à ceux qui amènent les bêtes à la clinique, aux agents de l’ONCFS, aux pompiers et à ses confrères de la région. « On ne fait pas du charity business, on montre les animaux, on explique », observe Marie-Pierre Puech, qui rêve d’un vrai hôpital comme il en existe en Espagne. « Je veux “contaminer” les gens, pour que cette conscience que la santé de la faune sauvage et de la nature est aussi celle des humains, devienne irréversible. »

  • 1 Office national de la chasse et de la faune sauvage.

  • 2 United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization.

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