AU GHANA, LES VÉTÉRINAIRES ONT DE L’AVENIR

Le Ghana, pays de l’Ouest africain situé entre le Togo et la Côte d’Ivoire, compte 23 millions d’habitants. La médecine vétérinaire, qui a vu le jour à l’arrivée du premier praticien expatrié sur la Gold Coast en 1909, a bénéficié de l’essor de ce pays[²]. Doté d’un département des services vétérinaires reconnu comme l’un des plus performants de l’Afrique de l’Ouest, le Ghana a célébré, à l’occasion de l’année scolaire 2009-2010, l’inauguration de la première école de médecine vétérinaire à l’intérieur de ses frontières[³, ⁴]. L’exemple du Ghana illustre les progrès initiés par certains de nos confrères africains. Les études en médecine vétérinaire

Les études en médécine vétérinaire

L’enseignement des sciences, en particulier vétérinaires, a débuté en 1962 au Collège des sciences de la consommation et de l’agriculture[⁵]. Jusqu’à l’inauguration de la première formation diplômante de docteur à Legon, en 2009, le Ghana était en mesure de former des techniciens vétérinaires en 3 ans[⁴]. Auparavant, la seule possibilité de devenir docteur vétérinaire consistait à suivre une formation complémentaire hors des frontières, le plus souvent dans les pays de l’est de l’Europe, tels que la Roumanie pour le D^r Tettey, ou au Nigeria pour le D^r Papadopoulou[⁴, ⁶]. Les débouchés sont majoritairement dans le système public, mais l’extrême lenteur de l’évolution professionnelle est parfois frustrante[²].

Au début des années 90, tandis que le flux de vétérinaires diplômés dans d’autres pays grossit, le premier service national, de 2 ans à cette époque et toujours obligatoire aujourd’hui pour pratiquer, est introduit. En stoppant ainsi l’embauche automatique des nouveaux gradués, un début de restructuration est entrepris et les prémices vers l’autorisation de la compétition du secteur privé apparaissent[²]. Du secteur privé au public : les professions vétérinaires en zones rurale et périurbaine

Du secteur privé au publics : les professions vétérinaires en zones rurale et périurbaine

Le département des services vétérinaires du Ghana existe depuis 1920. Dans les années 80, les contraintes financières débouchent progressivement sur un programme d’ajustement structurel imposé par les bailleurs de fond, qui mènent une politique de préparation à la privatisation de certains services[², ⁷]. Sans plan clairement établi, de nombreux gouvernements de pays en voie de développement laissent passivement s’installer la privatisation, en diminuant les embauches dans le service public et en permettant à un système informel de vente des médicaments de s’implanter[⁷]. La vente de produits de basse qualité, l’introduction de demandes d’honoraires et le remplacement des techniciens par des travailleurs communautaires peu qualifiés dans les zones reculées induisent une utilisation de médicaments particulièrement dangereuse pour la santé publique[², ⁷, ⁸]. Le challenge du secteur public implique une amélioration au niveau institutionnel et organisationnel en vue de définir une véritable stratégie d’implantation[⁷]. Le coût représente le principal facteur limitant à la demande d’un service de santé auquel les paraprofessionnels, tels que les techniciens, sont une solution alternative[⁷, ⁸]. Il est alors compréhensible que le conflit d’intérêts chez les vétérinaires majoritairement embauchés par l’État (surtout ceux qui entretiennent un statut mixte pour améliorer leur salaire par des interventions informelles à titre privé) résulte d’un manque de compréhension des alternatives socio-économiques que cela représente, notamment de supervision du travail des techniciens[⁷]. Progressivement, un système de santé animale viable pourrait voir le jour, en entretenant un partenariat privé-public par des interventions sous forme de prestations de services ou mandats sanitaires[², ⁷].

Les espoirs de la pratique canine et la recherche

La pratique canine pure est encore peu répandue. The Vet’s Place fait partie des rares cliniques du pays qui s’y consacrent exclusivement[⁶]. L’équipement constitue l’une des principales barrières, mais il ne s’agit pas toujours d’une question de coût. Des formations pratiques basiques, sans perspective de spécialisation, ou la pratique encore frauduleuse de certains techniciens sans superviseur, sont autant d’exemples de freins au plein épanouissement de la profession. L’envie d’amélioration existe et n’exclut pas des collaborations avec des vétérinaires étrangers. Le service public, lui aussi, n’est pas opposé à d’éventuelles collaborations avec l’extérieur. Le laboratoire de biologie moléculaire des services vétérinaires d’Accra est sans cesse à la recherche de partenariats. C’est ainsi que le Dr Alhassan, directeur du laboratoire, a collaboré à la rédaction d’articles relatifs aux nouvelles méthodes de diagnostic de la babésiose bovine ou de la theileriose équine[¹¹, ¹²].

Un secteur vétérinaire florissant est en train de voir le jour au Ghana, même si de grandes disparités subsistent sur le territoire. Une pratique privée qui se développe, un laboratoire vétérinaire qui intègre un système plutôt efficace de surveillance de la santé publique, Le Veterinary Council of Ghana (GVMA), ou encore la vaccination massive contre la maladie de Newcastle sont autant de signes d’un essor[¹⁰]. La médecine vétérinaire ghanéenne a enclenché une révolution extrêmement positive.

Bibliographie