Contrôle et prévention de la rhodococcose chez le poulain

Le Collège américain de médecine interne vétérinaire (Acvim) a récemment publié un article de consensus sur le diagnostic, le traitement, le contrôle et la prévention des infections dues à Rhodococcus equi chez les poulains. Après le diagnostic et le traitement¹, voici le contrôle.

DÉPISTAGE

Recommandation

Le dépistage pour l’identification précoce des infections par R. equi est recommandé afin de contrôler ces affections pulmonaires dans les élevages qui présentent des cas récurrents. Il s’agit d’une évidence assez faible en l’absence d’études contrôlées sur ce point.

Justification

La détection de stades précoces de la maladie chez les poulains permet une meilleure réponse au traitement, ce qui justifie un dépistage. En effet, il apparaît que des stades avancés de la maladie sont associés à un mauvais pronostic. Toutefois, des études contrôlées manquent pour affirmer que le dépistage précoce réduit la mortalité due à R. equi.

L’incidence cumulée de signes de pneumonie due à cette bactérie dans les élevages infectés aux États-Unis est d’environ 10 à 20 %, de la naissance au sevrage. Par ailleurs, selon l’expérience de Steve Guiguère, l’incidence dans ces élevages de poulains présentant des lésions pulmonaires à l’échographie est généralement comprise entre 30 et 60 %. Certains d’entre eux récupéreront spontanément, alors que d’autres évolueront vers une forme clinique plus grave. Des études montrent que le dépistage précoce permet de réduire la mortalité chez les poulains. En l’absence de vaccin ou d’autres méthodes efficaces pour prévenir l’apparition de cette maladie, ce dépistage est donc recommandé dans les élevages où elle est endémique.

Certains tests sont inefficaces pour le dépistage. La concentration sérique en anticorps contre R. equi, la serum amyloid A ou le fibrinogène ne sont pas des tests de dépistage utiles. La réalisation de comptages leucocytaires effectués à un mois d’intervalle montre une sensibilité clinique acceptable. La principale limite de l’utilisation de ce paramètre est le temps et l’énergie nécessaires pour récupérer du sang chez les poulains, ainsi que la présence de faux positifs due à d’autres infections ou inflammations, ou à une leucocytose associée au stress.

Les avantages de l’échographie thoracique sont :

– une technique mise en œuvre assez rapidement ;

– la compétence pour réaliser cette procédure qui peut être vite acquise ;

– des résultats immédiatement disponibles et spécifiques de la présence d’une maladie pulmonaire ;

– une meilleure sensibilité que la radiographie pour détecter les lésions dans les premiers stades ou dans certaines régions où les tissus mous se superposent sur des zones du poumon ;

– certaines études font apparaître une diminution, voire une disparition de la mortalité due à R. equi lors du recours à un dépistage par échographie thoracique.

Les inconvénients de ce dépistage sont les coûts des examens échographiques répétés pour un élevage, le travail de contention des poulains et le traitement d’un nombre plus élevé d’animaux.

Des études supplémentaires seront nécessaires pour évaluer les risques et les bénéfices de traiter des poulains affectés de manière subclinique.

GESTION DE L’ENVIRONNEMENT

Recommandation

La présence de pneumonies dues à R. equi est positivement associée avec la densité des mères et des poulains au sein d’un élevage et avec la concentration de R. equi virulent dans l’air, et négativement associée avec le poulinage au pré. Cependant, il n’existe pas d’évidence pour recommander des mesures environnementales.

Justification

Des élevages n’ont jamais de poulains atteints, certains sont concernés sporadiquement et d’autres présentent des infections récurrentes, qui suggèrent l’existence de conditions environnementales influençant l’apparition de cette maladie. Il semble raisonnable de penser que réduire la densité de chevaux diminue l’incidence de R. equi. En effet, il s’agit d’une bactérie saprophyte du sol, également communément retrouvée dans les fèces d’herbivores.

Toutefois, si enlever les crottins peut avoir un effet bénéfique sur le parasitisme, cela n’est pas démontré sur R. equi. La concentration de cette bactérie dans l’air est liée à la disposition des paddocks, à la température ambiante, à la moindre quantité de moisissures dans le sol, à une faible hauteur de l’herbe et à une période de poulinage plus tardive.

Une question de gestion de l’environnement souvent posée est celle de l’isolement des poulains atteints. Comparés aux adultes, ils éliminent davantage de R. equi virulent dans leurs fèces. De ce fait, ils représentent une source de contamination de l’environnement plus importante. Il semble prudent de ne pas mettre ces animaux dans des locaux pouvant servir à d’autres mères et à leurs poulains. Toutefois, il n’est pas démontré que les poulains infectés doivent être isolés.

• 1 Le diagnostic a été traité dans La Semaine Vétérinaire n° 1478 du 13/1/2012 p. 50 et le traitement dans le n° 1480 du 27/1/2012 p. 54. La prophylaxie sera présentée dans un prochain numéro. Source : S. Guiguère, N.D. Cohen, M. Keith Chaffin, N.M. Slovis, M.K. Hondalus, S.A. Hines et J.F. Prescott (2011) : « Diagnostic, treatment, control and prevention of infections caused by rhodococcus equi in foals », Acvim consensus statement, J. Vet. Inter. Med., 25, 1209-1220.