Hommes, femmes : tous “neuro-égaux” !

Les tabous brisés ? Les inégalités entre les hommes et les femmes justifiées par la biologie jetées aux oubliettes ? Le dossier de février de Sciences et Avenir¹ tente, en effet,? de remettre, études à l’appui, de l’ordre dans les connaissances fondées et les idées reçues relatives aux différences entre l’homme et la femme en neurosciences.

Les clichés, qui font traditionnellement florès, ont la vie dure. Lise Eliot, maître de conférences en neurosciences à l’université Rosalind-Franklin de médecine et de science de Chicago (États-Unis), défait maille par maille les idées reçues sur la notion de neuro-sexisme. Selon elle, la science a peu de preuves sérieuses quant aux différences entre les genres. Dans Neuroethics (février 2012), Catherine Vidal estime que le cerveau possède, certes, un sexe parce qu’il contrôle les fonctions reproductives, mais cela n’intervient pas dans le cadre des fonctions cognitives (mémoire, attention, raisonnement). Il n’existe donc pas de différence entre les 2 genres pour les capacités de perception, de motricité, de mémoire et de raisonnement.

Les études, nombreuses, reposent sur des tests neuropsychologiques ou sur l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour visualiser le cerveau en activité. Anelis Kaiser, via une revue d’études d’IRM cérébrales, met en évidence l’absence de différence dans le traitement du langage selon les sexes. Cette chercheuse passe au crible 16 089 articles de 1992 à 2008.? Seuls 426 font état d’une différence entre les sexes. Selon Lise Eliot, « votre cerveau est ce que vous en faites. Toute activité à laquelle vous consacrez un minimum de temps renforce les circuits cérébraux mobilisés par celle-ci, au détriment de ceux inutilisés ».

Inégaux devant la maladie ?

Le dossier aborde également le front de la maladie. Les hommes et les femmes ne se valent pas, selon le magazine. La faute en revient d’abord aux chromosomes. Comme les hommes n’ont qu’un seul X, les expressions de gènes récessifs ont la part belle. Près de 300 maladies seraient liées à des mutations du chromosome X. Les femmes seraient, elles, plus sujettes aux dérèglements hormonaux.

Sciences et Avenir en déduit une plus grande susceptibilité à l’anxiété ou à la dépression.

Néanmoins, la science n’explique pas encore toutes les disparités sexuelles (telles que l’autisme qui affecte 5 garçons pour 1 fille, même si des pistes s’ouvrent actuellement).

Par ailleurs, 6 clichés – les filles préfèrent le rose, les hommes sont “monotâches”, les femmes ne savent pas lire les cartes routières, les hommes sont volages et les femmes fidèles – sont démontés. À chacun de se plonger dans le dossier de Sciences et Avenir pour en apprécier les arguments.

• 1 Sciences et Avenir n° 780, février 2012.