La guerre à travers les yeux d’un cheval

Les hommes ne furent pas les seuls à payer un lourd tribut à la Grande Guerre. Dans une scène du nouveau film de Steven Spielberg, Cheval de guerre¹, le rôle-titre du film, le cheval Joey, spectaculairement réchappé du front, est conduit, blessé, dans un hôpital de campagne. On demande un vétérinaire. Le médecin répond qu’il n’y en a pas. Parce qu’il n’y a plus de chevaux.

Parmi toutes les espèces animales que les armées utilisèrent dans cette guerre (dite de tranchées et qui mit fin à la cavalerie), les chevaux furent les plus sacrifiés. Entre 4 et 8 millions de bêtes périrent dans les 2 camps. Sur le million de chevaux qui se lancèrent dans la bataille aux côtés des Britanniques, seuls 62 000 survécurent. Le film leur rend hommage en soulignant à la fois leur héroïsme et les liens forts qu’ils nouèrent avec les combattants. Cet aspect de la guerre, souvent méconnu, n’avait jamais été traité au cinéma. On ne pouvait rêver mieux pour cela que le souffle épique et humaniste du grand magicien d’Hollywood. Il transpose ici un roman “jeunesse” de Michael Morpurgo² qui raconte l’odyssée de 2 êtres étroitement liés (un jeune Anglais d’origine rurale et son cheval) que le conflit sépare. Propulsé dans la guerre, le cheval croise la route de nombreux personnages (anglais, allemands, français) qui, quel que soit leur camp, lui témoignent de l’humanité. Fable universelle, intemporelle, qui célèbre la relation profonde (tissée de respect et d’admiration) unissant l’homme au cheval, cette production tout public réussit un pari d’une simplicité magnifique : montrer la guerre du point de vue d’un cheval³.

• 1 À l’affiche à partir du 22 février.

• 2 Édité chez Gallimard jeunesse (Folio junior).

• 3 14 chevaux différents (et un cheval animatronique) furent utilisés pour incarner Joey du poulain à l’âge adulte.