Le projet Sancre évalue les atouts et les vulnérabilités des filières - La Semaine Vétérinaire n° 1482 du 10/02/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1482 du 10/02/2012

Grand Ouest

Actu

SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : CYRIL PARACHINI-WINTER

Production de données, scénarios et résultats permettent d’éclairer les responsables des politiques sanitaires.

Initié en 1994 par Michel Sebillotte, le programme PSDR1 en est aujourd’hui à sa 3e génération et se trouve à l’origine de multiples projets de recherche. Sancre (Santé animale, sécurité des aliments et compétitivité des filières animales régionales) fait partie des 9 projets du programme PSDR Grand Ouest, financés par les conseils régionaux (Bretagne, Pays-de-la-Loire, Basse-Normandie, Poitou-Charentes), l’Inra2 et l’ex-Cemagref3. Sancre s’est achevé en 2011 et a fait l’objet d’un colloque à Oniris4. Son objectif consiste à évaluer les atouts et les vulnérabilités des filières d’élevage et des territoires du Grand Ouest face aux risques de maladies animales transmissibles. Des épidémiolo­gis­tes vétérinaires, des modélisateurs, des économistes et des sociologues se sont mobilisés pour aborder ensemble ce sujet complexe.

La première présentation, effectuée par François Beaudeau (UMR Oniris-Inra BioEpAR, Nantes), concernait la struc­tu­ration spatiale des activités d’élevage de bovins et à leur rôle dans la transmission d’agents pathogènes. Les densités de bovins et d’exploitations sont très importantes à l’ouest de la ligne qui relie Caen (Calvados) à La Roche-sur-Yon (Vendée). Les exploitations y sont, de surcroît, interconnectées par des achats d’animaux. En outre, la cohabitation des bovins et des porcs augmente la vulnérabilité des animaux vis-à-vis des maladies telles que la fièvre aphteuse. La présence de nombreuses exploitations de veaux de boucherie en Loire-Atlantique, en Ille-et-Vilaine et dans les Côtes-d’Armor génère des flux entrants de bêtes fort importants. De plus, 76 % des bovins vendus transitent par un centre de rassemblement, ce qui multiplie les risques.

Scénarisation du coût d’un épisode de fièvre aphteuse en Bretagne

La seconde présentation, animée par Julie Riviere (Anses5) et Arnaud Rault (Inra de Rennes), s’interrogeait sur les conséquences épidémiologiques et économiques d’une épidémie de fièvre aphteuse dans le Grand Ouest, étudiées grâce à des modèles de simulation. La vaccination arrive toujours à maîtriser un épisode de fièvre aphteuse (10 à 15 % des épizooties ne sont pas maîtrisées par l’abattage préventif) et minimise les per­tes économiques lorsque la souche est très virulente. En revanche, en cas de virus faiblement virulent, l’abattage des foyers réduit les coûts. Ces résultats interpellent les chercheurs sur la pertinence des moyens de lutte prévus à l’heure actuelle en France, où l’abattage préventif est considéré comme à privilégier alors qu’il est le plus coûteux en termes de pertes indirectes et le moins justifiable pour l’opinion publique. En considérant des scénarios d’abattages préventifs de 10 % du cheptel bovin, une restriction du mouvement des animaux et en excluant une indemnisation par l’État aux entreprises impactées, le coût économique d’un épisode de fièvre aphteuse en Bretagne s’élèverait à 1,3 milliard d’euros.

La biosécurité, le maillon faible des éleveurs

Brigitte Frappat (Institut de l’élevage, Paris) a conclu la matinée avec le thème de la biosécurité en élevages bovin et porcin. Les mesures de biosécurité semblent appliquées avec davantage de rigueur en zone d’élevage dense ou plus exposée à des maladies contagieuses. Toutefois, les éleveurs peinent encore à réaliser une quarantaine sûre, à exiger une hygiène stricte des visiteurs ou à obtenir des garanties solides lors d’achats d’animaux. Une vigilance modeste en biosécurité interne est, par ailleurs, justifiée par les éleveurs par l’absence de maladie visible et la conviction de l’impossibilité de maîtriser la circulation d’agents pathogènes au sein d’un cheptel. L’avenir se doit d’amener à une meilleure communication entre les décideurs et les éleveurs, avec une plus grande prise en compte des facteurs humains. Ne vaudrait-il mieux pas proposer des plans moins efficaces a priori, mais mieux acceptés et davantage appliqués ?

Une table ronde a mis fin à cette journée. Anne-Catherine Chasles (Inra PSDR Grand Ouest) et Christine Fourichon (Oniris) expliquaient que, par l’intermédiaire de nombreux représentants présents à Oniris le jour du colloque, les travaux du projet seront portés à la connaissance des intéressés. « Nous espérons également que cela aura des implications au niveau des plans de lutte nationaux », ont-elles déclaré.

  • 1 Pour et sur le développement régional.

  • 2 Institut national de la recherche agronomique.

  • 3 Aujourd’hui Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture.

  • 4 Le 24 novembre dernier.

  • 5 Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

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