Dossier
Auteur(s) : AGNÈS FAESSEL
Pour un nombre croissant de confrères, le diplôme vétérinaire n’est pas un aboutissement, plutôt une étape préalable à une formation spécialisée. Mais ensuite, l’exercice prépondérant, si ce n’est exclusif, de sa spécialité n’est pas évident. En pratique clinique au moins. La valorisation technique et financière du titre de spécialiste reste aléatoire.
L’Annuaire Roy 2012 recense près de 400 vétérinaires qui se déclarent titulaires d’un diplôme de spécialiste (DESV ou diplôme d’un collège européen1, voire d’un collège américain2). La spécialisation vétérinaire progresse. Elle impose une longue formation (3 ans au minimum), souvent précédée d’une année d’internat. Elle attire pourtant de plus en plus de jeunes diplômés, notamment dans les disciplines liées à la pratique clinique. Mais qu’en est-il ensuite de sa valorisation ?
La carte en page 29 montre la répartition par départements des 344 vétérinaires spécialistes (français ou européens) installés en France. Sans grande surprise, leur distribution se concentre dans les grandes agglomérations. Ce phénomène est logique puisque les spécialistes exercent souvent dans des structures très équipées (cliniques, centres hospitaliers), qui fonctionnent essentiellement, voire exclusivement en référé, ou comme consultant. C’est particulièrement visible dans des départements tels que la Gironde ou le Nord, car Bordeaux et Lille comptent plusieurs de ces établissements, qui regroupent généralement plusieurs spécialistes dans différents domaines.
Un grand nombre de spécialistes travaillent dans les écoles vétérinaires et dans les centres de recherche, publics (l’Inra3 en Indre-et-Loire, par exemple) ou privés (comme Sanofi dans l’Hérault). Le pays compte 87 spécialistes en anatomie pathologique, dont la majorité est répartie sur l’ensemble du territoire dans les laboratoires d’analyses. Ce sont eux, pour la plupart, qui sont visualisés dans la vingtaine de départements qui comptent 1 ou 2 spécialistes. Dans plusieurs cas, ceux-ci sont néanmoins des vétérinaires praticiens, qui exercent plus isolément leur spécialité (en chirurgie équine par exemple dans la Sarthe, en santé des petits ruminants en Haute-Vienne, etc.).
La moitié des départements métropolitains et ceux d’outre-mer ne comptent aucun vétérinaire spécialiste.
Les données de l’Annuaire Roy permettent de cerner l’activité de ces spécialistes (voir graphique 1). Ils sont ainsi plus de 40 % à exercer en clientèle. Plus d’un tiers travaillent dans le secteur public (écoles vétérinaires notamment) et 18 % dans le secteur privé (l’industrie pharmaceutique en particulier).
L’étude de leur répartition par domaines d’activité (voir graphique 2 en page 28) confirme, par ailleurs, l’importance de la proportion de spécialistes qui s’orientent vers une carrière universitaire (28 %) et, chez les praticiens, celle du développement de la spécialisation vétérinaire en canine.
Parviennent-ils toutefois à se consacrer intégralement à leur spécialité ? Le SFVMCE4 a mené une enquête auprès de 80 diplômés de collèges européens. Ses résultats mettent en évidence qu’ils parviennent largement à exercer leur spécialité de manière exclusive ou prépondérante (voir graphique 3 en page 29). Parmi ceux qui ont une activité clinique (72,6 %), les trois quarts travaillent sur des cas référés, uniquement ou majoritairement (voir graphique 4 en page 29).
L’engouement des jeunes diplômés pour les internats puis, dans une moindre mesure, les résidences vétérinaires, laisse à penser que la spécialisation vétérinaire progressera rapidement et fera baisser la moyenne d’âge des spécialistes !
1 En France, les titulaires d’un diplôme de spécialiste européen ne peuvent pas porter officiellement le titre de spécialiste vétérinaire (sauf actuellement pour 5 collèges, voir encadré ci-dessous).
2 Ils sont 75 dans ce cas, dont 30 titulaires d’un diplôme européen également.
3 Institut national de la recherche agronomique.
4 Syndicat français des vétérinaires membres des collèges européens.
Retrouvez le tableau des 23 collèges vétérinaires européens reconnus par l’EBVS sur le site WK-Vet http://www.wk-vet.fr/mybdd/?visu=164&article=164_3730
DESV : diplôme d’études spécialisées vétérinaires qui sanctionne une formation de 3e cycle de 3 ans. Historiquement, ce seul diplôme autorisait le titre de vétérinaire spécialiste en France.
CEAV : certificat d’études approfondies vétérinaires, validant une formation de 3e cycle de 1 an et correspondant souvent à la 1re année de préparation du DESV. Pour certaines spécialités, seul un CEAV est proposé aujourd’hui.
Collège européen vétérinaire : académie vétérinaire qui organise, dans une spécialité donnée et à l’échelle européenne, la formation, la reconnaissance, puis la réévaluation périodique des spécialistes vétérinaires.
EBVS : Bureau européen de la spécialisation vétérinaire. Il accrédite et contrôle les Collèges européens. La liste de tous les diplômés est accessible depuis son site Internet6, avec une possible sélection selon des critères à préciser (discipline, ville ou pays d’exercice).
VAE : validation des acquis de l’expérience. À leur création, les collèges proposent généralement une procédure d’obtention du diplôme sur dossier. Le candidat qui atteste de son expertise dans la discipline (formation, expérience pratique, publications, etc.) est dispensé d’examen.
CES : certificat d’études supérieures. Il valide une formation courte dans un domaine donné (orthopédie, ophtalmologie…) sans ouvrir sur un titre de spécialiste.
14 spécialités vétérinaires sont reconnues en France aujourd’hui :
→ anatomie pathologique vétérinaire ;
→ chirurgie des animaux de compagnie ;
→ dermatologie vétérinaire ;
→ élevage et pathologie des équidés ;
→ imagerie médicale vétérinaire ;
→ médecine interne des animaux de compagnie ;
→ ophtalmologie vétérinaire ;
→ santé et productions animales en régions chaudes ;
→ sciences de l’animal de laboratoire.
Les 5 spécialités suivantes ne comptent aucun titulaire (aucune formation diplômante n’est proposée)?: hygiène et technologie alimentaire, santé publique vétérinaire, gestion de la santé et de la qualité en production laitière, en production porcine, et en productions avicole et cunicole.
Depuis 2009 s’est ouverte la possibilité d’une reconnaissance comme spécialistes des diplômés de collège européen.
Elle est effective à ce jour pour 5 collèges : dermatologie (ECVD), imagerie médicale (ECVDI), ophtalmologie (ECVO), chirurgie des animaux de compagnie (ECVS-CA) et médecine interne option cardiologie (Ecvim-CA Cardiology).
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