Entre nous
VOUS AVEZ LA PAROLE
Auteur(s) : FRANÇOIS DE COULIBŒUF
Fonctions : , PRÉSIDENT DU CRO ÎLE-DE-FRANCE
Un article de Rafaële Rivais, paru dans Le Monde n° 20848 du 31 janvier 2012, faisait écho à une étude publiée en février par le magazine Que Choisir sur les tarifs des prestations vétérinaires.
À l’attention du directeur du journal Le Monde et de Rafaële Rivais, journaliste.
Nous n’entendons aucunement contester le principe d’examiner les pratiques des vétérinaires sous le même angle de vue qu’il est habituel de le faire pour d’autres professions. L’Ordre des vétérinaires, garant de la loyauté de ses membres, exerce au quotidien une vigilance qui va dans la même direction.
C’est au titre de cette mission, conférée par l’État, que l’Ordre des vétérinaires d’Île-de-France a instruit une action disciplinaire contre le Dr Gilbert Zakine, qui a cru bon d’en faire état auprès de la presse en présentant ces poursuites sous un jour avantageux pour lui. Ayant décidé lui-même d’enfreindre le devoir de réserve, il admettra sans doute que quelques précisions soient apportées aux lecteurs.
Gilbert Zakine n’a pas été poursuivi, puis condamné, pour entraver une subite poussée de charité qui se serait emparée de lui au soir de sa vie ! Il a été poursuivi, et condamné en première instance, pour avoir pratiqué des publicités mensongères, qui auraient été condamnables de la part de n’importe quel commerçant.
Il est mensonger de prétendre faire du discount en alléguant de prix de référence fantaisistes. Il est mensonger de prétendre avoir divisé ses honoraires par 2 ou 3, selon ce que rapporte Mme Rivais : lorsque l’on facture une consultation 20 €, alors que son prix moyen constaté par Que Choisir est de 31 €, on ne consent, sur un acte qui ne contient que des frais généraux et de la valeur ajoutée, qu’une économie de 35 %, tout en offrant un service vers le bas de l’offre disponible, en termes de disponibilité, d’équipement, de technicité, et de continuité des soins.
Tout au plus pourrait-on retenir l’aveu d’avoir, durant toute une carrière professionnelle, pratiqué une surcotation de ses actes d’environ 200 % par rapport à leur valeur de marché, ce qui ne devrait pas conduire l’intéressé à en faire un motif de fierté !
Les prix des services vétérinaires sont libres, le seul plancher étant l’interdiction de vente à perte, c’est-à-dire en dessous du coût de production réel, toutes charges incluses. Et l’interdiction de sacrifier la qualité et la sécurité des actes vétérinaires à une recherche du moindre coût.
Autre dossier évoqué dans votre article, l’activité des dispensaires a l’obligation d’être gratuite pour l’usager, et réservée à ceux dont les ressources sont réellement insuffisantes pour faire face au coût de soins vétérinaires.
Les associations qui gèrent ces dispensaires bénéficient d’importantes facilités fiscales, dont des exonérations spécifiques sur les legs et les donations, pour la captation desquelles elles se livrent une concurrence acharnée, source de surenchères médiatiques, voire démagogiques. Elles bénéficient d’exceptions significatives au droit du travail, telles que le recours à des bénévoles.
Ces niches fiscales et sociales n’ont pas pour but de subventionner des entreprises qui exerceraient une concurrence déloyale envers les prestataires de services du secteur concurrentiel, en facturant des actes soldés alors qu’ils ont l’obligation d’être gratuits, mais seulement de permettre à des associations, reconnues d’utilité publique, de remplir un rôle d’assistance sociale éminemment utile pour atténuer la rudesse des économies libérales modernes.
Lorsqu’un éminent professeur des Écoles vétérinaires, salarié à l’avenir préservé, consacre une part de son temps à la protection animale, nous ne pouvons que l’en féliciter, tout en relativisant la portée de ce sacerdoce, car une large part des vétérinaires sont assez persuadés de l’importance sociale et individuelle des animaux pour les secourir non seulement en hobby, mais jour et nuit, dimanches et fêtes ! Non sur l’argent de donateurs ou du contribuable, ou des indigents, mais en prenant sur le fruit de leur travail quotidien…
Lorsqu’il distrait de cette noble tâche une part importante de son énergie pour démontrer les turpitudes qu’il attribue aux praticiens du secteur libéral, nous nous interrogeons sur les motivations qui peuvent conduire à oublier les charges et les coûts qui pèsent sur un entrepreneur libéral, et qui constituent une grande partie du prix de son service. Et qui peuvent empêcher de constater que les animaux français sont bien mieux soignés, et à bien moindre coût, que la plupart des humains dans bien des pays, y compris de l’Union européenne !
Voilà, monsieur le directeur, les précisions que je souhaitais vous apporter, et dont votre journal aurait sans doute pu prendre connaissance avant de livrer cet article, afin d’éclairer plus objectivement ses lecteurs. Vous pouvez, si vous le souhaitez, publier cette lettre.
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