L’ingestion de sol en plein air augmente les risques sanitaires

Les volailles élevées en plein air ou qui ont accès à un parcours peuvent ingérer du sol et des végétaux. Le sol étant un réservoir de polluants persistants, son ingestion par les animaux peut être à l’origine de la contamination des produits avicoles. 2 études portant sur la quantification de l’ingestion de sol, et 1 sur la capacité du sol à libérer les polluants qu’il contient dans le tube digestif de l’animal, ont été présentées lors des 9^es journées de la recherche avicole, en mars dernier à Tours¹.

Ainsi, des poulets de chair ont ingéré d’autant plus de sol que le couvert végétal était dégradé. Les consommations les plus élevées (4 g de sol par jour) ont été enregistrées en hiver, sur des parcours arborés au couvert herbacé très épars.

L’intégration de grit est une alternative

Les chercheurs ont aussi placé des poules pondeuses dans des conditions alimentaires particulières, alliant une restriction alimentaire sévère et la distribution d’un aliment grossier : du blé entier avec des coquilles marines. Il a été observé que, dans ces conditions, ces poules ont été plus nombreuses à aller sur le parcours entourant le bâtiment, se sont éloignées davantage, et ont ingéré 2 à 3 fois plus de sol que celles qui recevaient un aliment complet. Les poules en restriction alimentaire ont ingéré jusqu’à 15 à 30 g de sol par jour, alors qu’il est généralement admis que la quantité maximale est de 10 g (entre 3 et 7 g dans l’étude pour les poules recevant l’aliment complet).

Les auteurs notent aussi une parfaite proportionnalité entre l’ingestion de sol et celle de cailloux, suggérant que les poules étaient à la recherche de matériel grossier lorsqu’elles recevaient du blé entier. À cet égard, la distribution de grit aurait peut-être permis de réduire l’ingestion de sol.

Une autre étude montre également que des polychlorobiphényls (PCB), indicateurs (PCB I) présents dans les sols, sont bien extraits de la matrice dans le tube digestif des poules pondeuses. Les teneurs en PCB I du jaune d’œuf et du gras abdominal de ces poules augmentent linéairement avec la quantité de sol contaminé ingéré.

Dans l’évaluation du risque en élevage, le sol est donc à considérer comme une matrice à risque.

• 1 Par C. Jondreville, S. Jurjanz et A. Fournier de l’Urafpa, unité sous contrat Inra-université de Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle), associés à A. Travel de l’Itavi, UMT Bird de Nouzilly (Indre-et-Loire) et à K. Germain de l’EASM de l’Inra au Magneraud (Charente-Maritime).

Pour en savoir plus

• → Fournier A, Feidt C, Travel A et coll. Biodisponibilité relative des PCB indicateurs présents dans un sol chez la poule.
• → Germain K, Niang Baye M, Juin H et coll. Impact de l’ingestion de sol et de végétaux par le poulet de chair sur la valorisation énergétique de la ration.
• → Jondreville C, Travel A, Besnard J et coll. Ingestion de sol et de végétaux par des poules élevées en plein air nourries avec un aliment complet ou à base de blé entier et de coquilles marines.
• → Jurjanz S, Germain K, Juin H et coll. Ingestion de sol et de végétaux par le poulet de chair sur des parcours enherbés ou arborés.