Formation
PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES
Auteur(s) : KARIM ADJOU
La production de pintades est dite orpheline, car elle ne concerne principalement que la France et, dans une moindre mesure, l’Italie. Cela explique les faibles moyens mis en œuvre pour la recherche et l’élaboration de médicaments spécifiques pour cette espèce. Ainsi, les vétérinaires sont contraints de prescrire des spécialités “hors AMM” pour certaines maladies telles que la coccidiose. Pour des raisons économiques, la prévention de la coccidiose est obligatoire en aviculture. Elle passe par plusieurs approches. Parmi elles, l’utilisation de produits anti-coccidiens. Ces derniers sont parfois inefficaces dans certains cas pour diverses raisons. C’est pourquoi plusieurs organismes, dont l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), ont orienté leurs recherches dans ce domaine.
Le travail1 présenté ici, réalisé sous la direction de Jean-Michel Repérant de l’Anses, a consisté à étudier l’efficacité de certains anticoccidiens utilisés sur le terrain en élevage de pintades.
La coccidiose représente le 1er fléau parasitaire en aviculture. Cette maladie est due à l’infection du tube digestif par des protozoaires du genre Eimeria.
Ces Eimeria sont monoxènes et se développent spécifiquement dans les entérocytes de l’épithélium intestinal, ce qui engendre des troubles de l’homéostasie qui peuvent conduire à la mort de l’animal (Naciri et Brossier, 2008).
Le parasite se multiplie au niveau de l’intestin et provoque des lésions caractéristiques, associées à une baisse des performances, une augmentation de l’indice de consommation, et, parfois, des diarrhées, une prostration, voire de la mortalité pour certaines espèces (Le Coz, 1992 ; Villate, 1997 ; Reperant, 2007).
Chez la pintade, les coccidioses sont fréquentes et économiquement coûteuses en raison de la baisse de performances (Villate, 1997).
La coccidiose dite primaire est rarement observée, car l’espèce supporte assez bien l’infection. De plus, les symptômes ne sont pas caractéristiques. Ainsi, la plupart du temps, il est préférable de parler de portage asymptomatique, avec une présence d’oocystes, plutôt que de coccidiose (Lillehoj, 2000).
3 espèces de coccidies sont susceptibles d’infecter les pintades : Eimeria numidae, Eimeria grenieri et Eimeria gorakhpuri. Elles sont caractérisées par une spécificité d’hôte, puisque aucune transmission croisée n’est possible avec le poulet. De même, les coccidies du poulet ne passent pas chez la pintade.
En France, l’espèce la plus retrouvée est Eimeria grenieri (Villate, 1997).
Il n’y a pas de traitements spécifiques de la coccidiose chez la pintade. Les molécules employées lors de coccidiose dans cette espèce sont les produits curatifs traditionnellement administrés chez le poulet et distribués dans l’eau de boisson (Le Coz-Douin, 1992). Le praticien a la possibilité de prescrire “hors AMM” des médicaments anticoccidiens, comme, parmi les plus utilisés, l’amprolium et le toltrazuril.
Ils sont, encore aujourd’hui, la principale méthode de lutte en élevage, laquelle consiste à administrer aux animaux via l’aliment des substances capables d’inhiber le développement du parasite ou de le détruire. 2 grandes classes sont disponibles sur le marché :
→ les produits chimiques de synthèse qui agissent sur le métabolisme du parasite ;
→ les ionophores, dérivés de la fermentation microbienne, qui altèrent le transport d’ions à travers la membrane du parasite, perturbant ainsi la balance osmotique.
Les produits utilisés autrefois n’étaient pas des médicaments, mais des additifs coccidiostatiques. En 2002, ces derniers ont perdu leurs indications chez les pintades à la suite de leur réévaluation. Par conséquent, cette filière s’est trouvée dépourvue de moyens de prévention ciblée face à la coccidiose. D’autant qu’il est interdit d’utiliser “hors AMM” les additifs, à l’inverse des médicaments.
L’Anses a donc testé plusieurs médicaments anticoccidiens autorisés chez le poulet.
Un dossier d’extension d’AMM pour un produit anticoccidien pourrait donc aboutir, un jour, à une autorisation pour l’espèce pintade (Le Boucher, 2003).
Toutefois, ces anticoccidiens ont des limites : ils peuvent notamment se heurter à des émergences plus ou moins rapides de résistances des coccidies. Il semble donc nécessaire, voire indispensable, de disposer de plusieurs produits afin d’effectuer des rotations dans leur utilisation, pour ralentir l’installation de ces résistances (Le Coz-Douin, 1992).
L’essai mené à l’Anses a consisté à tester l’efficacité des molécules employées actuellement dans le traitement de la coccidiose dans les élevages de pintades. Pour cela, une coccidiose a été induite expérimentalement avec un isolat du terrain (voir photos 1 et 2). Mais, auparavant, un préessai a été réalisé afin de déterminer la dose de coccidies à utiliser et d’évaluer la consommation d’eau journalière des oiseaux, en prévision des traitements à effectuer dans l’eau de boisson lors de l’essai.
Les résultats obtenus ne sont valables que dans les conditions de réalisation de cette étude, avec l’inoculum constitué des isolats d’Eimeria grenieri et d’Eimeria numidae préparés au laboratoire de parasitologie et utilisés à la dose de 100 000 oocystes par oiseau.
Dans le cadre de ce travail, les auteurs peuvent conclure qu’aucun produit n’est totalement efficace sur les isolats d’Eimeria qui constituent leur inoculum pour contrôler la coccidiose expérimentale.
Le toltrazuril et l’amprolium se sont révélés inefficaces pour contrôler la coccidiose.
La sulfadiméthoxine (Emericid(r)) a semblé la plus active sur les performances des pintadeaux, ainsi que sur l’excrétion oocystale, la dégradation des matières fécales et l’état de morbidité des oiseaux.
Des études complémentaires, avec d’autres isolats de coccidies d’origines diverses, seraient nécessaires pour évaluer de façon plus pertinente l’intérêt (ou non) des 3 produits testés et de confirmer celui de l’Emericid(r).
1 D’après une communication orale de Dalia Bouchene, le 6 juillet 2011 à l’ENVA, dans le cadre du CES de pathologie aviaire.
La France a toujours été un pays essentiellement agricole avec une importante industrie avicole. L’élevage de volailles est concentré dans certaines régions, la Bretagne regroupant les deux tiers de la production nationale. Le développement continu et la modernisation de l’agriculture dans cette région au cours des 40 dernières années ont permis de la classer comme la 1re région avicole de France et d’Europe.
La production et l’exportation des volailles jouent un rôle important dans l’économie française. En effet, la France est le 1er pays producteur de volailles dans l’Union européenne (en 2008) et le 4e au monde après les États-Unis, la Chine et le Brésil. Elle est également le 1er pays producteur mondial de pintades (voir photo 3).
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