Formation
NAC
Auteur(s) : JULIEN GOIN
Fonctions : praticien à Pornic (Loire-Atlantique).
– Les corps étrangers digestifs sont fréquents chez le furet.
– Les jouets à base de caoutchouc sont à proscrire.
– La palpation abdominale est facilement réalisée en raison de la morphologie allongée du furet.
– L’examen radiographique montre le plus souvent une dilatation aérique digestive marquée, toujours pathologique chez cet animal.
– Lors d’occlusion, le traitement est chirurgical, semblable à celui utilisé chez le chien et le chat.
– Le traitement de soutien via la fluidothérapie et l’alimentation assistée est important pour prévenir le risque de lipidose hépatique.
Une furette âgée de 2 ans est présentée en consultation pour une apathie apparue brutalement la veille.© Son poids est de 590 g. L’examen clinique révèle un amaigrissement (perte de 60 g), une déshydratation (persistance du pli de peau) et un abdomen dilaté et douloureux.
Le diagnostic clinique est un abdomen aigu. L’examen radiographique met en évidence une dilatation stomacale anormale, avec la présence d’un halo aérique (voir photos 1 et 2). En raison de l’évolution aiguë, une occlusion digestive par un corps étranger est suspectée.
Une laparotomie exploratrice est effectuée en urgence le jour même. La tranquillisation est réalisée via l’inhalation au masque d’un mélange d’oxygène et d’isoflurane à 2 %. L’animal est placé sur un tapis chauffant afin de limiter les risques d’hypothermie. Un cathéter jaune de 24 g est mis en place à la veine céphalique droite et l’animal est placé sous une perfusion mixte de NaCl à 0,9 % et de glucose à 5 % (voir photo 3). L’analgésie est assurée à l’aide de buprénorphine (0,02 mg/kg, par voie intraveineuse).
Une antibiothérapie est mise en place (céfalexine, 15 mg/kg, par voie intraveineuse).
L’induction de l’anesthésie est réalisée par l’injection de propofol (5 mg/kg, par voie intraveineuse), ce qui permet l’obtention d’une myorelaxation suffisante pour la mise en place d’une sonde d’intubation. L’entretien est assuré par l’inhalation d’un mélange d’oxygène et d’isoflurane à 3 %. L’animal est placé en décubitus dorsal, la région abdominale est tondue et préparée chirurgicalement (voir photo 4).
Une laparotomie médiane est réalisée en partie craniale de l’abdomen. L’estomac est immédiatement visualisé et extériorisé spontanément en raison de son importante dilatation (voir photo 5). Afin de faciliter l’exploration chirurgicale, de décompresser l’estomac et de rechercher la présence éventuelle d’un corps étranger stomacal, une gastrotomie d’une longueur de 1 cm est réalisée, et le contenu stomacal liquidien est directement évacué à l’aide d’un aspirateur chirurgical. La paroi stomacale est suturée par un premier surjet simple perforant, puis par un second surjet enfouissant et non perforant, à l’aide d’un monofil résorbable de petit diamètre (Monocryl 4-0(r), voir photo 6).
Le duodénum apparaît très inflammé et un corps étranger est visualisé dans sa partie terminale. Une entérotomie d’une longueur de 5 mm permet l’extraction d’un grain de maïs (voir photo 7). Le duodénum est suturé par 2 points simples non perforants à l’aide du même fil (voir photo 8).
Un lavage abdominal est réalisé à l’aide de sérum physiologique stérile tiédi. La paroi musculaire est refermée par des points résorbables en X et la peau par des points simples. Chez les petits mammifères (furet, lapin, rongeurs), il est également possible de réaliser un surjet intradermique, dont l’avantage est d’éviter que l’animal ne touche à ses sutures.
L’animal est laissé sous oxygène à 100 % et sur le tapis chauffant jusqu’à l’extubation spontanée. Il est ensuite transféré dans une cage d’hospitalisation et gardé en observation sous perfusion lente (NaCl 0,9 %, 50 ml/kg/j) pendant 48 heures.
Le traitement postopératoire comprend une antibiothérapie (céfalexine, 15 mg/kg 2 fois par jour, par voie intraveineuse pendant l’hospitalisation, puis per os) et une médication antalgique (buprénorphine, 0,02 mg/kg/8 heures pendant 48 heures par voie intra-veineuse ; puis méloxicam, 0,2 mg/kg 1 fois par jour, per os) pendant 10 jours.
Une réalimentation progressive est mise en place, à l’aide d’une formule hyperdigestible et énergétique (Fortol(r), 5 ml, 5 fois par jour pendant une semaine, avec réintroduction progressive des croquettes après 48 heures, voir photo 9). L’appétit, l’état général et la défécation sont normaux dès le lendemain de l’intervention. L’animal est ensuite rendu à ses propriétaires. Un contrôle avec le retrait des points est effectué 10 jours après l’opération.
Les corps étrangers digestifs sont fréquents chez le furet. Les jouets à base de caoutchouc sont à proscrire, car ils sont facilement déchiquetés et ingérés par l’animal. Mieux vaut privilégier d’autres sources d’amusement (balles de ping-pong, tuyaux en PVC, taies d’oreiller et tissus dans lesquels le furet pourra s’enfouir, etc.). Les trichobézoards existent également chez cette espèce.
Les signes cliniques peuvent être évocateurs en cas d’occlusion (abdomen aigu) ou frustes (apathie, anorexie, hypersalivation, fèces anormales, etc.). La palpation abdominale, et parfois celle du corps étranger, est facilement réalisée en raison de la morphologie allongée du furet.
L’examen radiographique montre le plus souvent une dilatation aérique digestive marquée, toujours pathologique chez cet animal. Un transit baryté ou une échographie peuvent être réalisés en cas de doute (voir photo 10).
Lors de corps étranger stomacal, le furet arrive parfois à l’évacuer naturellement en vomissant.
En cas d’occlusion stomacale ou le plus souvent intestinale, le traitement est chirurgical (gastrotomie, entérotomie) et semblable à celui pratiqué chez le chien et le chat. Le traitement de soutien par une fluidothérapie et une alimentation assistée est important pour prévenir le risque de lipidose hépatique.
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