Les confrères plutôt frileux vis-à-vis des chimiothérapies

La cancérologie vétérinaire était sous le feu des projecteurs en ce mois de mars, avec l’accueil, à Paris, du congrès mondial consacré à la discipline¹. L’occasion d’interroger nos confrères sur leur pratique en termes de chimiothérapie, le principal allié dans la lutte anticancéreuse. Les vétérinaires canins qui ont répondu à notre sondage en ligne se révèlent divisés sur ce type de traitement. En effet, plus de 40 % des vétonautes ne proposent pas de chimiothérapie à leurs clients (rien ne les y oblige, même si dans le cadre de l’obligation de moyens, elle devrait être évoquée dans le traitement de tumeurs pour lesquelles son efficacité est démontrée), tandis que près de 60 % en réalisent eux-mêmes ou réfèrent les animaux cancéreux. Parmi ceux qui la proposent, 28 % la mettent eux-mêmes en œuvre (22 % « parfois », 6 % « souvent »). La chimiothérapie serait-elle une affaire de spécialistes ? « Non ! », assurent des vétérinaires oncologues. Ces derniers estiment qu’elle est accessible à tout praticien et que les mesures qui l’encadrent sont faciles à mettre en place et relèvent du simple bon sens.

Une réglementation parfois perçue comme trop contraignante

Depuis 2009, le Code de la santé publique réglemente l’emploi des médicaments anti-cancéreux humains par les vétérinaires². L’usage des molécules CMR³ est dès lors conditionné par le respect de bonnes pratiques : hospitalisation a minima 24 heures, recueil et incinération des déchets, traçabilité des molécules, etc. Ces dernières, si elles ont le mérite d’avoir fait prendre conscience des risques liés à l’emploi des molécules CMR et de le sécuriser, peuvent être perçues comme trop contraignantes et rebuter, ce qui pourrait expliquer le pourcentage de sondés qui ne les utilisent pas.

Une discipline en plein essor

Il y a fort à parier que la cancérologie, un domaine de recherche particulièrement actif (concernant les thérapies ciblées, notamment), se développera en France dans les années à venir. D’autant que la demande des propriétaires est croissante. Certains confrères sont déjà passés à la vitesse supérieure en optant pour une activité exclusive dans cette discipline. L’ouverture du premier résidanat en la matière (à VetAgro Sup) et la mise en place de consultations dédiées dans de nombreuses structures de référés en sont les prémisses.

• 1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1487 du 16/3/2012, pages 14-15.

• 2 Article R.5141-112-3, paru au Journal officiel du 20/6/2009.

• 3 Cytotoxiques, mutagènes, reprotoxiques.