Où est donc passé le vœu des pharmaciens d’œuvrer pour la santé ?

Ce qui me choque dans les propos de Jacky Maillet (président de l’Association nationale de la pharmacie vétérinaire d’officine), ce n’est pas tant que les pharmaciens souhaitent pouvoir vendre du médicament vétérinaire, puisque leur métier, c’est de vendre du médicament (et dans leur esprit, peu importe pour qui et pourquoi). Ce qui me dérange, c’est qu’ils se réjouissent de pouvoir vendre sans un avis médical. Où est donc passé le vœu de la profession d’œuvrer pour la santé (qu’elle soit animale ou humaine) ? Là, il s’agit tout simplement de faire du chiffre pour faire du chiffre.

Entre les pharmaciens qui vendent de l’amoxicilline à un lapin, ceux qui vendent des produits exonérés de liste I (je pense par exemple au Diflamix®nbsp;: phénylbutazone + triamcinolone en application locale pour les cas de prurit) et ceux qui renouvellent des ordonnances d’antibiotiques (pourtant non renouvelables) en vendant la boîte de 100 comprimés, nous sommes en droit de nous demander si cette profession n’a pas perdu son âme au profit de la vente à tout prix.

Si un pharmacien veut vendre des médicaments vétérinaires, pourquoi pas, mais dans ce cas-là, il me semble que plusieurs prérequis seraient nécessaires :

→ qu’il se forme : des optionnels en faculté de pharmacie sont accessibles sur la pharmacopée vétérinaire, qu’on lui apprenne que non, on ne met pas de la triamcinolone sur une pyodermite, même chez un chien ;

→ qu’il utilise des produits efficaces : ras-le-bol de devoir expliquer aux gens que le pharmacien leur a vendu un truc qui ne marche pas, notamment les vermifuges qui datent de 85, qui ne passent pas dans le sang, quand ils ne sont pas embryotoxiques ;

→ qu’il sache garder sa place, il n’est pas là pour émettre un diagnostic, mais pour délivrer un médicament, conseiller correc­tement le client qui lui achète le produit, relire l’ordonnance pour détecter une éventuelle erreur de posologie. Bref, être un acteur parmi les autres dans le parcours de soins, sans être à la fois médecin, vétérinaire, pharmacien, vendeur de kleenex et d’ensembles collier-laisse en promotion…