Hommage à Alain Chauzy (L 72)

En ces premiers jours de printemps où tout renaît à la vie, où “la Belle Bourgogne” se recolore, notre ami Alain nous a quittés. Nous l’avons accompagné dans la sobriété majestueuse de l’abbaye de Tournus, au milieu des siens, dont l’immense chagrin rendait notre compassion bien dérisoire.

Sur le parvis, chaque petit cercle de l’assistance nous renvoyait aux nombreuses facettes d’une personnalité à la vie pleine et riche, donc injustement trop courte.

La présence de nombreux confrères, bourguignons en particulier, nous rappelait l’engagement rigoureux d’Alain au sein d’une profession qu’il aimait viscéralement “à l’ancienne”, sans séparation entre vie professionnelle et personnelle : une existence où le métier et la vie en société étaient totalement imbriqués, ce qui donnait, grâce à sa personnalité, une image très valorisée de notre profession.

Ses fonctions furent multiples :

→ au GTV Bourgogne (puis à la commission équine nationale) ;

→ au Conseil de l’Ordre ;

→ dans les sociétés savantes, culturelles de Semur-en-Auxois ;

→ dans les assemblées d’éleveurs (“ses” éleveurs) ;

→ dans les associations de chasse ;

→ parmi les artistes forgerons, couteliers d’art, etc.

Sa modestie le mettait toujours un peu en retrait par rapport à ces diverses activités. Mais si la morale, professionnelle en particulier, était en jeu, il n’y avait pas d’accommodement possible.

Il n’est donc pas étonnant que parmi l’assistance, dans la peine exprimée, il y eut une grande part de reconnaissance. De nombreux clients de “tous calibres” étaient présents. Les chasseurs de “tout poil” (surtout de sanglier) étaient là. Alain représentait l’image respectée du chasseur “éthique” sans que la convivialité nécessaire à cette passion en pâtisse.

Un petit cercle de Lyon 1972 nous a renvoyés aux souvenirs heureux : prépa à Fontainebleau, 4 années aux Escorcheries Vaisoises, premiers “exploits” d’ALD en clientèle, patrons exigeants et formateurs (hommage aux docteurs Bernat et Lenoir), adoption par l’Auxois malgré le retour aux sources en Tournugeois.

Ainsi la maladie, dans toute son injustice, a empêché Alain d’assumer ses talents, ses passions, ses curiosités multiples à l’heure où la retraite aurait dû représenter la liberté de tout envisager sereinement, loin des contraintes de la vie professionnelle. Au contraire de cela : 2 années de lutte, de souffrance, assumées dans le courage et la dignité, parfois l’humour pour préserver sa famille et ses amis. Nous sommes donc orphelins d’un confrère, d’un ami, d’un copain, d’un compagnon de chasse, de forge, de lecture, de voyages.

Alain, toutes ces qualités décrites maladroitement rejaillissent sur tes proches. Monique, Julien et Bénédicte, les petites Charlotte et Lilou, prolongez notre amitié qui nous sera indispensable.