Pathologie digestive
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SANTÉ ANIMALE
Auteur(s) : SOPHIE LE DREAN-QUENEC’HDU
Découvrir autrement, grâce à la micronutrition et à la phytothérapie, la santé digestive des carnivores domestiques, tel était le thème de la réunion organisée par Wamine le 27 mars dernier à Rennes.
Pour situer les diverses situations cliniques, qui vont de l’inconfort digestif aux maladies inflammatoires chroniques, Bertrand Chollet, praticien dans le Morbihan, a rappelé les bases de la physiologie digestive en insistant sur les particularités du transit chez les carnivores et sur l’importance de leur flore commensale. Celle-ci est composée d’environ 1014 bactéries, issues de 800 à 1 000 espèces (c’est le microbiote, unique pour chaque individu et stable dans le temps). Dans un tube digestif non pathologique, les différentes souches, lactobacilles, eubactéries et bifidobactéries sont en état d’équilibre, avec des agents pathogènes comme les coliformes et les clostridies : cet état est qualifié d’eubiose. Lors d’agressions (alimentation, infection, traitement chimique), cet équilibre se rompt au profit des agents pathogènes : cet état est qualifié de dysbiose. Il entraîne une augmentation de l’inflammation au niveau des cellules épithéliales, une production d’interleukines avec, entre autres effets, une dislocation des protéines intercellulaires (jonctions serrées) qui aboutit à un syndrome d’hyperperméabilité et à des proliférations bactériennes anarchiques.
Pour gérer cet état de dysbiose, la micronutrition utilise des probiotiques et des prébiotiques. Les premiers sont des « micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont administrés de manière adéquate, produisent un effet bénéfique sur la santé de l’hôte ». Pour être efficaces, ils doivent répondre à certains critères : respecter les différents phylla, être en quantité suffisante, résister au pH intestinal, posséder de forts pouvoirs d’adhésion et de colonisation, être initiateurs d’interleukines anti-inflammatoires (IL10). Les seconds (inuline et fructo-oligosaccharides) favorisent la croissance des bactéries endogènes, particulièrement les bifidobactéries, mais ne sont pas encore d’un usage courant chez les carnivores, eu égard à leur sensibilité élevée aux fibres fermentescibles.
Pour gérer l’inflammation, Bertrand Chollet privilégie la phytothérapie. Les plantes contiennent des principes actifs communément appelés polyphénols. Ils confèrent au pissenlit, par exemple, dont la racine est employée, des propriétés cholagogues, cholérétiques et diurétiques auxquelles s’ajoute l’action prébiotique de l’inuline, utile lors d’inconfort digestif. La présence de potassium lui donne une place de choix dans la régularisation des fonctions hépatorénales ou la lutte contre l’obésité.
L’objectif est de mélanger plusieurs principes selon les cibles à atteindre, en volume équivalent, et d’administrer le mélange à raison de 1 ml pour 5 kg et par jour. L’intérêt du mélange est l’effet synergique des principes. La thérapie peut être constituée d’un traitement d’attaque de 15 jours à 1 mois, puis de cures mensuelles de 8 à 10 jours. Lors d’inflammation de haut grade accompagnée de douleur abdominale, la réglisse et la mélisse lui sont associées, dans une préparation magistrale administrée à la dose de 1 ml pour 5 kg, 1 à 4 fois par jour selon l’ancienneté et la gravité des lésions.
Pour illustrer son propos, Bertrand Chollet a ensuite exposé le cas d’un chien croisé de petit format qui présentait une gastrite chronique accompagnée d’épisodes d’entérite hémorragique. Une anamnèse plus complète a révélé une dysorexie et de l’halitose, de la toux, des troubles cutanés et musculo-squelettiques. Après une réévaluation de l’alimentation, une complémentation probiotique a été instaurée. Le traitement de fond a porté sur une préparation magistrale à base de cassis (anti-inflammatoire et protecteur cellulaire), de canneberge (antibactérien) et de mélisse (antispasmodique).
Pour conclure, notre confrère a rappelé que l’initiation à la phytothérapie est possible en consultant les monographies des plantes1, en commençant avec 5 ou 6 plantes. Les principes actifs de base se conservent plusieurs années, à condition de les maintenir à l’abri de la lumière. S’agissant d’une préparation extemporanée, une ordonnance est obligatoire, mais sans nécessairement détailler la composition du mélange, celle-ci devant être consignée dans un cahier.
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