L’initiative de la saison de prévention fait débat parmi les vétérinaires

« Je reviens sur votre initiative de prévention et dis bravo, a déclaré un confrère en réponse à l’initiative – finalement non aboutie – du SNVEL¹ et de Hill’s de mettre en place un mois de prévention en France. Enfin une démarche de nos instances syndicales ou ordinales pour promouvoir notre profession auprès du grand public qui n’a rien à voir avec le côté “intellect”, bien éloigné des possesseurs d’animaux, observé lors du bicentenaire organisé l’an dernier et qui, néanmoins, s’est attribué bien des satisfecit alors que cette manifestation n’a rien apporté au vétérinaire libéral. Il modère : Bravo, donc, pour cette initiative mais qui, hélas, présente un énorme défaut. En effet, depuis quand devrais-je travailler gratuitement ? Vous nous proposez de réaliser gratuitement un “contrôle technique complet” de l’animal alors que nos bons clients ou nos clients habituels paient pour cette même démarche. Personnellement si, en tant que client régulier de n’importe quel prestataire de services, j’apprenais que celui-ci travaille gratuitement pour des inconnus dans un cadre promotionnel, je changerais de boutique. Comme je n’ai aucune envie d’exercer gratuitement, ni de perdre des clients, ni de faire vendre des produits Hill’s par l’animalerie voisine (alors que cette marque représente plus de 80 % de mes ventes d’aliments), je ne m’associerai pas à cette saison de prévention. En revanche, comme je souhaite être constructif, je propose de réaliser la même saison de prévention, mais en distribuant des bons (modalités à définir) à des propriétaires d’animaux non médicalisés. Le financement pourrait provenir de Hill’s ».

Cette initiative n’a, en effet, pas laissé nos confrères indifférents, comme en témoignent les nombreux échanges sur ce sujet. « Comment justifier des consultations gratuites ?, interroge un praticien. C’est tout sauf gratifiant pour la profession. La gratuité n’a jamais été valorisante. » « C’est mieux que rien », rétorque un autre. « Une initiative similaire menée en Belgique s’est révélée positive en faisant venir des clients qui ne franchissent jamais la porte d’une clinique », souligne une consœur. La Belgique et l’Italie, notamment, ont en effet déjà tenté l’essai. Aux États-Unis, le schéma est différent.

Enfin, dans son éditorial de la newsletter du SNVEL d’avril dernier, Pierre Buisson, son président, indique que « la décision de suspendre la campagne a déclenché beaucoup d’échanges entre les délégués sur les processus de décision du SNVEL et sur la légitimité de ceux-ci ». Dans un communiqué de presse, le syndicat informait « à regret » de la suspension du mois de la prévention. Une décision consécutive « à la demande de plusieurs représentants départementaux du syndicat s’exprimant pour leurs adhérents ». La campagne était initialement programmée en juin pour « promouvoir l’image de la profession et favoriser la médicalisation », poursuit le SNVEL. Dans sa dernière newsletter d’avril, le Conseil supérieur de l’Ordre répond, pour sa part, aux vétérinaires qui se sont rapprochés de lui concernant cette campagne au regard de la déontologie vétérinaire. « Le CSO tient à préciser qu’il n’avait été interrogé qu’officieusement sur le principe de l’opération et avait alors émis, en début d’année, des réserves. » L’Ordre est aujourd’hui officiellement interrogé et se prononcera lors de sa session de juin sur les aspects déontologiques généraux de telles campagnes de communication.

• 1 Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral.