Traitement et prévention de la photosensibilisation - La Semaine Vétérinaire n° 1495 du 11/05/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1495 du 11/05/2012

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/RUMINANTS

Auteur(s) : KARIM ADJOU*, ESTELLE GUNLDENFELS**

TRAITEMENT GÉNÉRAL

Le traitement de la photosensibilisation repose essentiellement sur des mesures indépendantes de son origine. En revanche, lors de photosensibilisation d’origine hépatique, des traitements plus spécifiques sont ajoutés.

Dans tous les cas, il est nécessaire de soustraire les animaux de la lumière. Cette mesure évite l’aggravation des symptômes cutanés et permet le début du processus de guérison des lésions. Le mieux est de laisser les bêtes attein­tes à l’étable ou, au moins, de limi­ter le temps d’exposition : il convient d’envisager le pâturage de nuit ou d’utiliser la pâture la plus abritée.

L’administration par voie parentérale d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (méloxicam, flunixine), voire de corticoïdes (déxaméthasone), limite le phénomène inflammatoire, la douleur et le prurit lié à d’éventuelles infections secondaires. Pour limiter le prurit, l’utilisation d’antihistaminiques est envisageable. Cependant, leur intérêt est controversé.

Un contrôle des infections bac­tériennes secondaires et des myases est recommandé. La mise en place d’une couverture antibiotique à visée cutanée et un traitement insecticide des animaux s’ajoutent au traitement anti-inflammatoire.

Si les lésions cutanées sont fortement nécrotiques, un débridement chirurgical peut se révéler utile. De même, une fluidothérapie sera envisagée selon l’état de l’animal. Si l’atteinte de la tête et de la zone buccale est importante, il est possible que celui-ci présente des difficultés à s’abreuver et à s’alimenter. La correction de la déshydratation s’effectue grâce à un soluté d’électrolytes, en y associant, éventuellement, un soluté glucosé lors de baisse de la prise alimentaire. Lorsque la photosensibilisation est d’origine congénitale, il n’existe pas de traitement spécifique. Il est recommandé d’élever les animaux atteints en bâtiment et de les écarter de la reproduction.

CAS PARTICULIERS

Origine alimentaire

Si la photosensibilisation est liée à l’ingestion de végétaux, il est nécessaire d’inspecter les pâtures et les fourrages pour identifier ceux qui sont contaminés et les retirer de l’alimentation. Lorsque la plante est trouvée sur les pâtures, il est préférable d’empêcher l’accès aux animaux à cette zone (clôtures, etc.).

Origine hépatique

Lors de photosensibilisation d’origine hépatique, un traitement de soutien de la fonction hépatique et biliaire est recommandé : cholérétique, hépatoprotecteur (choline, méthionine), vitamine B.

L’administration par voie orale de charbons actifs (5 gdilués dans 20 l de soluté électrolytique) permet de diminuer l’absorption digestive des hépatotoxines présentes, notamment lors d’ingestion de lantana. Lors d’absorption récente, l’administration de laxatifs doux semble faciliter une élimination plus rapide. Cependant, il est en général difficile d’évaluer le moment de l’ingestion de la plante toxique par rapport à l’apparition des signes cliniques.

Dans le cas particulier d’une photosensibilisation secondaire à une leptospirose, la mise en place d’un traitement antibiotique spécifique est essentielle. Des échecs du traitement sont susceptibles d’être observés lors de l’utilisation de dihydrostreptomycine aux doses recommandées de 10 à 15 mg/kg de poids vif par jour. Des quantités augmentées, entre 20 et 40 mg/kg de poids vif par jour pendant 2 à 5 jours, seraient nécessaires (selon l’état de l’animal et le rapport coût/bénéfice d’un traitement).

PRÉVENTION

L’étiologie variée de la photosensibilisation rend la prévention impossible si une origine précise n’est pas déterminée.

→ Les mesures préventives en cas de photosensibilisation d’origine congénitale ont pour but de limiter la propagation de l’affection au sein de la race ou de l’élevage. Les animaux atteints sont à écarter de la reproduction. Dans le cas de la porphyrie érythropoïétique congénitale bovine, un dépistage des taureaux d’insémination existe (suivi des taux d’uroporphyrinogène I et de coproporphyrinogène I dans l’urine et les fèces).

→ Si la photosensibilisation (primaire ou hépatique) est liée à l’ingestion d’une plante, les mesures visent à empêcher un accès à celle-ci. Lors de contamination d’un constituant de la ration alimentaire, il est préférable de le retirer. L’inspection des pâtures (et des chemins d’accès) permet de déterminer les “zones à risque”, où la ou les plantes photosensibilisantes poussent. L’accès à ces périmètres est ensuite interdit aux animaux (soit un changement complet de pâture, la mise en place d’une clôture supplémentaire). Il est intéressant de fournir aux bêtes un fourrage supplémentaire lorsque la quantité disponible devient plus faible : cela limite le risque d’ingestion de plantes photosensibilisantes, qui ne sont pas appétentes.

→ L’utilisation de sulfate de cuivre combiné avec des herbicides dans les plans d’eau permet la prévention de la photosensibilisation liée aux algues Microcytis. Cependant, il est généralement plus simple d’utiliser des points d’eau alternatifs lorsque les conditions climatiques font remonter les algues de l’un d’entre eux.

Retrouvez la bibliographie de cet article sur le site WK-Vet.fr http://www.wk-vet.fr/mybdd/ visu=164&article=164_3898

LA PRÉVENTION DE L’ECZÉMA FACIAL

Elle comporte 4 grands axes : la gestion des pâtures, la sélection génétique, l’administration préventive de zinc et l’utilisation de fongicide sur les pâtures.

→ Pour prévenir et évaluer le développement de Pithomyces chartarum, des systèmes d’alertes ont été mis en place en Australie et en Nouvelle- Zélande. Ils associent la surveillance des conditions météorologiques et le comptage des spores sur des parcelles témoins. Le comptage préventif simple est aussi fréquemment utilisé. Cette surveillance météorologique est également utilisée dans le pays basque français.

→ L’épandage d’antifongique, tel que le thiabendazole, peut être utilisé pour limiter le développement des spores fongiques. Cependant, cette mesure est peu employée en raison de son important coût économique. Le plus intéressant est de l’utiliser combinée à un comptage des spores pour limiter le nombre de parcelles.

Des essais de lutte biologique, avec des souches atoxinogènes, ont permis de diminuer les teneurs en toxines des parcelles traitées.

→ L’observation met en évidence de grandes variations individuelles de sensibilité des animaux exposés aux sporidesmines : certains semblent résistants. Cette résistance est mise en évidence par un suivi du taux de gamma-GT après l’administration de sporidesmines. Des recherches sont en cours pour déterminer la région chromosomale impliquée. Ceci permettrait de développer un test précoce et non invasif et, ainsi, de sélectionner à l’échelle d’un troupeau les animaux les plus résistants.

→ L’administration prophylactique de zinc aux animaux apparaît efficace même si le mécanisme d’action n’est pas bien identifié. De fortes doses, administrées per os ou par voie parentérale avant l’introduction sur des parcelles à risque, permettent de diminuer de façon significative l’importance des lésions hépatiques, et les signes cliniques cutanés. Pour être efficace, l’administration de zinc est journalière, ce qui est problématique dans le cas d’animaux qui restent à l’extérieur pendant une longue période. Le degré de protection est dose-dépendant, avec une dose optimale chez les ovins de 20 mg/kg/j.

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